ROME, Dimanche 26 juillet 2009 (ZENIT.org) – Vendredi dernier a eu lieu la première célébration commune du pèlerinage des étudiants français en Terre Sainte : une liturgie de la Parole célébrée sur les bords du lac de Tibériade, au coucher du soleil, avec une catéchèse du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.
La seconde étape pour les étudiants dans leur cheminement du désert à Jérusalem leur proposait en effet de s’arrêter au bord du Lac de Tibériade, pour réfléchir autour du thème : « venez à moi, vous tous qui avez soif ». En accueillant les étudiants, le cardinal Barbarin les a invités à prier en communion avec leurs frères pèlerins malades. En effet, une petite épidémie de salmonelles a frappé le groupe des pèlerins, mais elle est désormais sous contrôle.
Puis le cardinal a évoqué le lieu particulier où se déroulait la célébration (le lac de Tibériade), rappelant que le Christ et les premiers disciples avaient vécu ici. C’est d’ailleurs ces évocations qui ont illustré les premiers tableaux d’un récit évangélique mis en scène. Jésus Christ arrivant au bord du lac, rencontrant Pierre, mais aussi la samaritaine, Zachée, l’aveugle de Jéricho, sont autant de figures et de scènes bibliques qui ont introduit la lecture du texte de la pêche miraculeuse (Lc 5,1-11). A la fin de cette lecture, un temps de médiation guidée a été proposé, pour permettre d’intérioriser cette parole.
Face à la rive ouest du lac, où la ville de Tibériade et d’autres lieux étaient visibles, c’est l’évangile des Béatitudes (Mt 5,1-11) qui a été proclamé aux jeunes rassemblés sur la plage. Le cardinal Barbarin a alors donné une catéchèse sur ce thème, indiquant que ce texte était « l’auto-portrait de Jésus », ou encore « le trésor de l’évangile ». Il a commencé par poser la question de la clé pour comprendre tout l’évangile, « tout ce qui s’est passé au bord de ce lac, (…) tout ce qu’il [Jésus] a fait par ici ». Cette clé, c’est, selon lui, les Béatitudes, qui sont comme « la perle que l’on trouve dans le champ de l’évangile ». En effet, selon le prélat, « Jésus explique lui-même ce qu’il fait » tout au long de l’évangile. Et dans la foulée, il a invité les jeunes à apprendre les béatitudes par coeur.
Le cardinal Barbarin a mis les béatitudes en parallèle avec les sept dernières paroles du Christ, telles que les rapporte l’évangile de St Jean, invitant là encore les jeunes à se les approprier. Pour le primat des Gaules, les béatitudes sont « le porche d’entrée dans l’Evangile » tandis que les sept dernières paroles du Christ sont « le porche d’entrée dans le royaume ». Et de citer l’exemple de Jésus en croix, qui parle au bon larron et ne le considère pas en condamné à mort, comme le font les hommes, mais qui voit Dieu lui ouvrir les portes du Royaume ; ce qui, selon l’évêque de Lyon, rappelle la sixième béatitude : « Heureux les coeurs purs, il verront Dieu ».
Dans une seconde partie de sa catéchèse, le cardinal a décrit les béatitudes comme un « phare extraordinaire » de toute la Révélation. « Avec les béatitudes, puisque ça vient de Jésus qui est le coeur de la Révélation, vous avez une porte d’entrée dans toute la bible » a-t-il expliqué. Elles « décrivent le visage de Jésus », aidant à comprendre pourquoi il agit, ce qu’il fait. Jésus est celui qui applique toutes les béatitudes : avec la femme adultère, il est miséricordieux,… Partant dans une véritable exhortation, il a élargi le contexte : Pierre, qui renie Jésus et pleure en se rendant compte de son péché est, selon le cardinal Barbarin, un vrai coeur pur. Et le cardinal a élargi encore le champ d’application aux saints : saint François d’Assise était un vrai pauvre, Mère Térésa miséricordieuse, et en sainte Thérèse de l’enfant Jésus, dont il disait affectueusement qu’elle était « un peu folle celle là » parce qu’elle « voulait être tout », on trouve la 4ème béatitude, car elle est « affamée et assoiffée de la justice pour le monde entier ». Aujourd’hui encore, selon l’archevêque de Lyon, « les béatitudes éclairent la vie de l’Eglise », car elles sont vécues par de nombreux témoins.
Dans une dernière partie de sa catéchèse, le cardinal a voulu s’inspirer de la manière orientale de recevoir le texte d’évangile qu’il venait de commenter. Les orthodoxes chantent en effet le refrain « dans ton royaume, souviens toi de nous » entre les béatitudes, ce qui est, selon le cardinal Barbarin, « la bonne manière, la bonne attitude pour comprendre les béatitudes », car ainsi on se met « à la place du criminel ». Cette « attitude spirituelle » provoque le cadeau de Dieu qui nous offre sa grâce. « Essayez d’avoir assez de science pour savoir quelle est la grâce qui vous a été faite. Une découverte qui se fait dans le silence pour le cardinal Barbarin, et une découverte qui engage car elle implique pour les chrétiens de partager cette grâce : « votre grâce, c’est votre mission (…) c’est dans les béatitudes qu’on trouve sa vocation », a-t-il conclu.
Après les prières universelles, les prénoms des participants ont été scandés, comme en une longue litanie, et durant ce temps les pèlerins étaient invités à aller voir l’un des évêques présents pour se voir remettre une image représentant le Christ en Gloire avec le texte « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! ». Pour les jeunes présents, comme le déclare Christelle, c’était un temps d’émotion intense : « on sent depuis le début de la célébration que l’Esprit Saint est là… Nous sommes tous émus, chacun à notre façon, et en entendant notre prénom, nous sentons encore plus l’Esprit Saint en nous ». Franck déclare quant à lui ressentir « un appel », et il poursuit en disant : « je ne savais pas que j’allais vivre ça en venant en Terre Sainte… Je suis fier d’être catholique ».
C’est avec le chant thème du pèlerinage, « Allons à la source, Jésus nous appelle » que la célébration s’est achevée. « C’est une belle célébration, j’ai aimé les chants et l’ambiance. Le cardinal m’a fait réfléchir sur le fait qu’il fallait qu’on s’approprie ce texte, qu’il fallait qu’on choisisse une béatitude pour nous même », déclarait Sixtine, étudiante en école de commerce dans la région parisienne, à l’issue de cette veillée de prière. Une liturgie qui s’est conclue par le partage d’un dîner festif entre les pèlerins, mais qui laissera des traces chez les jeunes, comme Claire, jeune étudiante de 18 ans, qui se déclare « surprise, parce que les béatitudes, j’en avais très peu entendu parler, et apparemment c’est le fondement de la foi, ce qui peut permettre de comprendre et de répondre à beaucoup de nos questions, donc à partir d’aujourd’hui je vais m’y pencher sérieusement pour essayer de percer quelques mystères auxquels je n’ai pas encore de réponse ».
Stéphane Lemessin