ROME, Mercredi 15 juillet 2009 (ZENIT.org) – La libération de l’Italien Eugenio Vagni, membre de la Croix-Rouge retenu en otage aux Philippines depuis janvier, doit être saisie comme une chance pour un nouveau départ, affirment les évêques catholiques du pays. « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris, fait le point.
Dans l’histoire des relations troublées entre la minorité musulmane et la majorité catholique du sud philippin, la libération, le 12 juillet dernier, du dernier otage de la Croix-Rouge encore aux mains du groupe Abu Sayyaf doit être saisie comme une chance pour un nouveau départ, ont affirmé les évêques catholiques des Philippines. Les Philippins « ne doivent pas considérer que la violence, les meurtres, les enlèvements et autres crimes sont des choses normales dans notre société ». La violence doit être dénoncée, mais chacun doit prier pour ceux qui se livrent à des actes de violences ; le pardon, la parole et les négociations sont les seules voies possibles pour régler les problèmes de manière pacifique, écrivent les évêques.
Réunis en assemblée plénière à Manille les 11 et 12 juillet, les 95 évêques catholiques ont salué la libération d’Eugenio Vagni, membre italien de la Croix-Rouge, pour appeler « les habitants de Mindanao à désormais travailler ensemble afin que la paix et le progrès gagnent la région ». Selon Mgr Romulo Valles, archevêque de Zamboanga, un diocèse situé au nord-est de Jolo, lieu de la prise d’otages, la fin de ce nouvel épisode de prise d’otages doit être saisie comme une opportunité afin que « tous, nous travaillions plus intensément à la paix et à la stabilité dans la région ». Il ne peut y avoir aucun développement à Mindanao si les enlèvements et le banditisme continuent à sévir, a-t-il ajouté. Sur le site Internet de la Conférence épiscopale, Mgr Valles met en garde : au cas où les kidnappings continuent, « nous sommes tous perdants ».
Eugenio Vagni, 62 ans, fait partie du groupe de trois employés du Comité international de la Croix-Rouge enlevé le 15 janvier dernier, peu après avoir visité un projet mené à la prison provinciale de Patikul, localité de l’île de Jolo, dans l’archipel des Sulu. Ingénieur en gestion de l’eau, Eugenio Vagni a été libéré par ses ravisseurs le 12 juillet, « abandonné sur un chemin et recueilli par une patrouille des forces armées » philippines. « Il était à peine capable de parler », a précisé un porte-parole de la Marine philippine, qui a ajouté que la vice-gouverneur de la province de Sulu, Lady Ann Sahidulla, a joué un rôle central dans la libération de l’otage. Après 178 jours de captivité, Eugenio Vagni est toutefois en bonne santé et, dès le 14 juillet, il était à Manille où il a été reçu au palais présidentiel par Gloria Arroyo. « A tous les Philippins qui ont prié pour moi, je dis qu’ils sont présents dans mon cœur », a-t-il déclaré.
L’ingénieur italien a retrouvé la liberté quelque deux mois après ses deux autres compagnons de détention, la Philippine Mary Jean Lacaba, libérée le 2 avril dernier, et le Suisse Andreas Notter, libéré le 18 avril (1). Selon l’armée philippine, aucune rançon n’a été versée pour leur libération. Ann Sahidulla a simplement précisé que la récente interpellation des épouses d’Albader Parad, un des dirigeants du groupe Abu Sayyaf, avait sans doute aidé pour la libération d’Eugenio Vagni. Ces femmes ont été interpellées le 7 juillet dernier, en compagnie de quatre membres d’Abu Sayyaf, pour une infraction relative à l’immatriculation de leurs motocyclettes. Placées en détention, les femmes ont contacté leur mari et plaidé pour la libération d’Eugenio Vagni. Selon Ann Sahidulla, les ravisseurs de l’otage italien lui ont seulement demandé « de l’argent pour s’acheter des cigarettes ». La vice-gouverneur a précisé qu’elle leur avait fait parvenir 50 000 pesos (750 euros) « sortis de [sa] poche, comme un geste de bonne volonté ».
Interviewé à la télévision, le sénateur Richard Gordon, président de la Croix-Rouge philippine, a déclaré qu’Abu Sayyaf n’avait à aucun moment demandé de rançon en échange de la libération des trois otages de la Croix-Rouge. Selon lui, ce groupe, qui évolue à la lisière de l’islamisme et du grand banditisme, cherchait uniquement à attirer l’attention des médias sur les besoins des habitants de l’archipel des Sulu, une région, selon Abu Sayyaf, négligée par les pouvoirs publics philippins.
(1) Voir EDA 504, 505
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