Encyclique : « Fraternité, développement économique et société civile »

Chapitre 3 de « Caritas in veritate », « l’expérience du don »

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ROME, Mardi 7 juillet 2009 (ZENIT.org) – « Fraternité, développement économique et société civile »  : dans le chapitre 3 de l’encyclique « Caritas in veritate », présentée ce mardi à la presse, Benoît XVI repart d’un élément au coeur de Vatican II : le don. « L’amour dans la vérité place l’homme devant l’étonnante expérience du don », fait observer le pape, et l’applique au domaine du marché.

La logique du don n’exclut pas la justice

Pour le pape, cette expérience est l’antidote à une vision « utilitariste » de l’existence. Il réfute l’argument de « l’autonomie » absolue de l’économie par rapport aux autres dimensions de l’homme.

Pour Benoît XVI en effet, « la logique du don n’exclut pas la justice » et ne se « juxtapose pas à elle ». Mais, « si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, il doit prendre en considération le principe de gratuité comme expression de fraternité » (§ 34).

Précisant de quelle justice on parle, le pape fait observer deux choses. D’une part, il constate que « le marché est soumis aux principes de la justice dite commutative, qui règle justement les rapports du donner et du recevoir entre sujets égaux ». Mais l’Église met aussi en évidence « l’importance de la justice distributive et de la justice sociale pour l’économie de marché elle-même ». Pour Benoît XVI en effet, « Les pauvres ne sont pas à considérer comme un « fardeau », mais au contraire comme une ressource » (§ 35).

Recherche du bien commun

Ainsi, pour résoudre les problèmes sociaux, l’activité économique ne peut procéder par « la simple extension de la logique marchande », mais elle doit « viser la recherche du bien commun ». Le pape refuse l’opposition entre « marché » et progrès social : « l’agir économique ne doit pas être considéré comme antisocial » et en même temps « le marché n’est pas de soi, et ne doit donc pas devenir, le lieu de la domination du fort sur le faible ».

Il est certes un « instrument », mais le pape en appelle à la dimension éthique : « ce n’est pas l’instrument qui doit être mis en cause mais l’homme, sa conscience morale et sa responsabilité personnelle et sociale ». Benoît XVI rappelle les valeurs de « transparence », « honnêteté », « responsabilité » mais il va jusqu’à l’exigence de « la fraternité », grâce au don : « Dans les relations marchandes le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale » (§ 36).

Le pape souligne que l’exigence de justice est à faire respecter à tous les niveaux du cycle économique, et qu’il faut des « lois justes » et des « formes de redistribution guidées par la politique » et à la fois des œuvres « marquées par l’esprit du don » (§ 37).

Démocratie économique

Plus encore, Benoît XVI voit dans ces principes l’exigence d’une « démocratie économique »  : « L’activité économique ne peut faire abstraction de la gratuité, qui répand et alimente la solidarité et la responsabilité pour la justice et pour le bien commun ». Invitant à une « hybridation des comportements ‘entreprise, le pape souligne qu’il faut « donner forme et organisation aux activités économiques qui, sans nier le profit, entendent aller au-delà de la logique de l’échange des équivalents et du profit comme but en soi » (§ 38).

Le pape applique ce principe à la mondialisation en disant que « vaincre le sous-développement demande d’agir non seulement en vue de l’amélioration des transactions fondées sur l’échange et des prestations sociales, mais surtout sur l’ouverture progressive, dans un contexte mondial, à des formes d’activité économique caractérisées par une part de gratuité et de communion ». Et d’insister : « le marché que la politique ont besoin de personnes ouvertes au don réciproque » (§ 39).

Le pape mentionne les changements apportés par la crise aux différents types d’entreprise et rappelle l’interdépendance des acteurs de l’entreprise  : « la gestion de l’entreprise ne peut pas tenir compte des intérêts de ses seuls propriétaires, mais aussi de ceux de toutes les autres catégories de sujets qui contribuent à la vie de l’entreprise : les travailleurs, les clients, les fournisseurs des divers éléments de la production, les communautés humaines qui en dépendent » (§ 40).

Sans condamner pour eux-mêmes les investissements à l’étranger (« il n’y a pas de raison de nier qu’un certain capital, s’il est investi à l’étranger plutôt que dans sa patrie, puisse faire du bien »), ni as délocalisation (elle « comporte des investissements » et « offre de la formation, elle peut être bénéfique aux populations des pays d’accueil »), le pape évoque là aussi le critère moral : il n’est « pas licite de délocaliser seulement pour jouir de faveurs particulières ou, pire, pour exploiter la société locale sans lui apporter une véritable contribution à la mise en place d’un système productif et social solide, facteur incontournable d’un développement stable » (§ 40).

Gérer la mondialisation

Benoît XVI insiste sur le rapport entre la bonne gestion de la mondialisation et la démocratie et il préconise « l’articulation de l’autorité politique au niveau local, national et international » comme une des « voies maîtresses » pour « parvenir à orienter la mondialisation économique » et ainsi « éviter qu’elle ne mine dans les faits les fondements de la démocratie ». (§ 41)

Ainsi, le pape réfute une vision « fataliste » de la mondialisation. Plus ancore, le pape affirme que la « diffusion du bien-être à l’échelle mondiale » ne doit pas être « freinée par des projets égoïstes, protectionnistes ou dictés par des intérêts particuliers » et que c’est « l’implication des pays émergents ou en voie de développement » qui permet aujourd’hui « de mieux gérer la crise ». Il propose ainsi d’orienter » la mondialisation « en termes de relationnalité, de communion et de partage » (§ 42).

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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