ROME, Vendredi 3 juillet 2009 (ZENIT.org) – Les évêques catholiques du Canada demandent aux leaders du G8 de protéger les pauvres et de venir en aide aux pays en voie de développement, dans ce message du 25 juin dernier adressé au premier ministre de leur pays, M. Harper.
Le Très honorable Stephen Harper
Premier Ministre du Canada
80, rue Wellington
Ottawa, ON
K1A 0A2
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Cher Monsieur le premier ministre,
En ce temps de crise financière et économique mondiale, nous vous adressons cette lettre au nom des Conférences des évêques catholiques des pays membres du G8 pour vous exhorter à prendre des mesures concertées, lors du prochain Sommet du G8 en Italie, en vue de protéger les personnes victimes de la pauvreté et d’aider les pays en voie de développement.
Ainsi que notre Saint-Père le Pape Benoît XVI l’a écrit à M. le premier ministre Gordon Brown, à la veille de la réunion du G20 que le Premier Ministre recevait : « La crise actuelle fait peser sur les pays les moins développés, particulièrement en Afrique, le spectre de l’annulation ou de la réduction drastique des programmes d’assistance. L’aide au développement, incluant des conditions commerciales et financières favorables aux pays les moins développés et l’annulation de la dette extérieure des pays les plus pauvres et les plus endettés, n’a pas été la cause de la crise. La plus élémentaire justice exige qu’elle n’en soit pas la victime ».
Notre tradition morale fait un devoir à l’Église de protéger la vie et la dignité de chacun, particulièrement celle des membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la famille humaine. Dans les visages des pauvres, l’Église catholique voit le Visage du Christ que nous servons dans tous les pays à travers le monde.
L’ironie du sort veut que ce soient les pauvres qui ont en fait le moins contribué à la crise économique à laquelle notre monde est confronté qui voient leurs vies et leurs moyens de subsistance risquer de subir les plus graves dommages, parce que, marginalisés, ils doivent lutter dans une pauvreté écrasante. À la lumière de ces éléments les Pays membres du G8 devraient assumer leurs responsabilités et promouvoir un dialogue avec les autres économies riches afin de faire en sorte que soient évitées d’autres crises économiques. Ils devraient par ailleurs remplir leur engagement d’augmenter l’aide publique au développement afin de réduire la pauvreté dans le monde et d’atteindre ainsi les objectifs du Millénaire pour le développement, spécialement dans les pays africains. Cela requiert un approfondissement des partenariats avec les pays en voie de développement afin que leurs peuples puissent devenir des agents actifs de leur propre développement en participant aux réformes politiques, gouvernementales, économiques et sociales qui servent le bien commun. Il est dès lors extrêmement important de travailler au maintien de la paix pour que les conflits armés ne continuent pas à spolier les pays des ressources nécessaires à leur développement.
De la même manière, les pays et peuples les plus pauvres qui ont le moins contribué aux activités humaines à l’origine des changements climatiques mondiaux sont ceux qui risquent le plus d’en subir les conséquences nuisibles. En tant que pasteurs et enseignants catholiques, nous nous sentons particulièrement concernés par l’impact des changements climatiques sur les pauvres. Des accords devraient être conclus sur des engagements concrets et des mécanismes être créés en vue d’une part d’atténuer les changements climatiques en cours pour aider les pauvres et les nations en voie de développement à s’adapter à leurs effets, et d’autre part d’adopter les technologies permettant un développement durable. Protéger les pauvres et protéger la planète ne sont pas des objectifs conflictuels, ce sont des priorités morales pour tous les peuples vivant dans ce monde.
Le Sommet du G8 se déroule dans le contexte d’une crise économique mondiale, mais ses décisions doivent pouvoir apporter une lumière d’espoir à notre monde. En vous interrogeant d’abord sur la manière dont, par une politique résolue, vous allez pouvoir aider les plus pauvres et les personnes vulnérables, vous pouvez vraiment servir le bien commun. La santé de la famille humaine ne peut s’évaluer qu’en fonction de celle des plus pauvres d’entre nous.
Nous prierons pour que, dans ces temps de crise que nous traversons, vos travaux se déroulent dans un esprit de dialogue qui vous permette de prendre les mesures nécessaires afin de réduire la pauvreté et de combattre les changements climatiques.
En vous remerciant, Monsieur le Premier Ministre, de la considération que vous porterez à la présente demande, nous vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments distingués.
Mgr V. James Weisgerber
archevêque de Winnipeg
président de la Conférence des évêques catholiques du Canada