ROME, Lundi 29 juin 2009 (ZENIT.org) – « La Charité dans la vérité », « Caritas in veritate » : Benoît XVI confirme le titre de sa troisième encyclique sociale, et annonce sa « prochaine » publication, avec une réflexion sur les conditions d’un « développement intégral » et un « progrès durable ». On peut parler d’une encyclique « engagée » : le pape vise en effet « l’engagement » des baptisés dans ces domaines.
Le pape a ainsi donné lui-même les clefs de lecture du document à l’issue de la prière de l’angélus, ce 29 juin, place Saint-Pierre. L’encyclique pourrait être présentée par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix lundi 6 ou mardi 7 juillet : une date stratégique, à la veille du sommet internationale du G 8 qui se tiendra du 8 au 10 juillet 2009 sous présidence italienne à L’Aquila, la cité dévastée par le séisme du 6 avril dernier.
« La publication de ma troisième encyclique est désormais proche : elle a pour titre Caritas in veritate » , a annoncé le pape en italien.
Voici l’aperçu que Benoît XVI en donne : « En reprenant les thématiques sociales contenues dans « Populorum progressio », écrite par le serviteur de Dieu Paul VI en 1967, ce document – qui porte la date d’aujourd’hui, 29 juin, solennité des saints apôtres Pierre et Paul – entend approfondir certains aspects du développement intégral de notre époque, à la lumière de la charité dans la vérité ».
Ces derniers jours en effet, Benoît XVI a abordé à plusieurs reprises cette thématique de la « charité dans la vérité » ou l’inverse également, comme lors des vêpres de dimanche soir, 28 juin. Le pape soulignait le rapport dynamique entre cœur et raison: « Nous avons besoin d’une raison éclairée par le cœur pour apprendre à agir selon la vérité dans la charité », a-t-il déclaré.
A l’angélus, le pape a conclu sur l’idée de « progrès durable » en disant : « Je confie à votre prière cette nouvelle contribution que l’Eglise offre à l’humanité dans son engagement pour un progrès durable, dans le plein respect de la dignité humaine et des réelles exigences de tous ».
L’encyclique proposera donc aussi une anthropologie rappelant les exigences du respect de la dignité humaine, de l’homme et de la femme.
Benoît XVI a donc signé aujourd’hui son encyclique, qui porte le titre évoqué naguère par le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone (cf. Zenit du 24 décembre 2008) et en la date annoncée par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix (cf. entre autres Zenit du 11 décembre 2008 et du 14 juin 2009).
Cette encyclique est la troisième de Benoît XVI après les deux premières encycliques sur la charité évangélique, « Deus Caritas Est », et sur l’espérance chrétienne, « Spe Salvi ».
C’est la première encyclique sociale du pontificat, publiée 18 ans après la dernière encyclique sociale de Jean-Paul II, « Centesimus annus », de 1991, c’est-à-dire, comme l’indique le titre, un siècle après l’encyclique de Léon XIII « Rerum Novarum ».
Mais Benoît XVI renvoie à « Populorum Progressio », et reprend dans son allocution de l’angélus ce concept de « progrès » humain authentique dont il a parlé hier à propos de Paul (cf. Zenit du 28 juin 2009).
Déjà, en novembre 2007, à l’occasion d’un congrès promu par le conseil pontifical Justice et Paix autour du 40e anniversaire de l’encyclique de Paul VI, « Populorum progressio », Benoît XVI avait souhaité un « nouvel ordre mondial » pour éliminer la pauvreté.
A plusieurs reprises, le pape a dénoncé le scandale de la faim dans le monde (qui touche un milliard de personnes) et souligné que capitalisme et distribution équitable des richesses ne sont pas « contradictoires », mais que la recherche du profit ne doit pas se faire « sans contrôle ».
Les thèmes abordés par l’encyclique toucheront donc à la fois la mondialisation, la sauvegarde de l’environnement, le développement durable, la finance durable, et les implications économiques et sociales d’un examen de conscience pour revenir à une éthique de la finance et de l’économie, au service de la personne humaine, selon une anthropologie respectueuse de l’identité de l’homme et de la femme.
La publication de l’encyclique a été plusieurs fois reportée, parce que la crise impliquait une réflexion approfondie devant cette réalité nouvelle, et pour des raisons de traduction.
Le cardinal Bertone avait indiqué : « Le pape ne veut pas répéter des lieux communs de la doctrine sociale de l’Eglise, mais veut apporter quelques éléments originaux, conformément aux défis de l’époque ».
Anita S. Bourdin