Lettre de Benoît XVI aux prêtres : « Laissez-vous conquérir par le Christ »

Une année sacerdotale pour « regarder l’avenir avec confiance »

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ROME, Jeudi 18 juin 2009 (ZENIT.org) – « La foi dans le divin Maître nous donne la force de regarder l’avenir avec confiance. Chers prêtres, le Christ compte sur vous. A l’exemple du Saint Curé d’Ars, laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconciliation et de paix ! », conclut Benoît XVI au terme d’une lettre passionnante aux prêtres, écrite à l’occasion de l’ouverture de l’année sacerdotale, demain, vendredi 19 juin, à Saint-Pierre de Rome, lors des secondes vêpres de la solennité du Sacré-Coeur.

Le pape marque ainsi le 150e anniversaire de la « naissance au ciel » du curé d’Ars. Il s’adresse à plus de 400.000 prêtres catholiques.

Le Coeur du Christ et le sacerdoce

Mais Benoît XVI lui-même explique le sens de l’année sacerdotale en soulignant sa dimension universelle, au-delà des frontières visibles de l’Eglise et son lien avec le Coeur du Christ, puisque c’est aussi demain la solennité du Sacré Coeur et la Journée mondiale pour la sanctification des prêtres, instituée par Jean-Paul II en 1995: « L’Année sacerdotale (…) veut contribuer à promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui. Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus, avait coutume de dire le Saint Curé d’Ars. Cette expression touchante nous permet avant tout d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont les prêtres non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour l’humanité elle-même ».

L’immensité du don, la générosité de la réponse

Benoît XVI souligne l’immensité du don et la réponse généreuse des prêtres « qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ, s’efforçant de lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs sentiments et le style de toute leur existence ».

Le pape évoque entre autres « le souvenir du premier curé » auprès de qui il a exercé son « ministère de jeune prêtre » en disant : « Il m’a laissé l’exemple d’un dévouement sans faille à son service pastoral, au point de trouver la mort alors qu’il allait porter le viatique à un malade grave ».

Le pape évoque aussi « les innombrables situations de souffrance dans lesquelles sont plongés bien des prêtres », « parfois même persécutés jusqu’au témoignage suprême du sang ».

A propos des abus cités par la presse italienne, le pape fait observer aussi la grandeur du don : «  Ce qui, dans de tels cas peut être surtout profitable pour l’Église, ce n’est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d’amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients ».

Le prêtre et les laïcs

C’est pour cela qu’il a choisi de prendre en exemple saint Jean-Marie Vianney dont il dit : « Le Curé d’Ars était très humble, mais il avait conscience, comme prêtre, d’être un don immense pour son peuple ».

Le pape n’oublie pas pour autant les laïcs. Il souligne en citant ensuite Vatican II : « Son exemple me pousse à évoquer les espaces de collaboration que l’on doit ouvrir toujours davantage aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment l’unique peuple sacerdotal et au milieu desquels, en raison du sacerdoce ministériel, ils se trouvent  » pour les conduire tous à l’unité dans l’amour s’aimant les uns les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards entre eux ».

La catéchèse en actes

Mais Benoît XVI souligne la force de l’exemple : « Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie. On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier, leur expliquait le Curé. On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle. On lui ouvre son cœur, on se complaît en sa présence. C’est la meilleure prière, celle-là. Il les exhortait: Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui. C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin! »

« Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la messe », ajoute Benoît XVI. A propos de la confession sacramentelle, le pape fait observer ceci : «  Du saint Curé d’Ars, nous pouvons apprendre, nous prêtres, non seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de la pénitence au point de nous inciter à le remettre au centre de nos préoccupations pastorales, mais aussi une méthode pour le dialogue de salut qui doit s’établir en lui. Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui l’encouragement à se plonger dans le torrent de la divine miséricorde qui emporte tout dans son élan ».

Les conseils évangéliques

A propos des conseils évangélique, le pape souligne qu’il sut les « vivre » selon « des modalités adaptées à sa condition de prêtre » : « Sa pauvreté, en effet, ne fut pas celle d’un religieux ou d’un moine, mais celle qui est demandée à un prêtre (…). Sa chasteté était aussi celle qui était demandée à un prêtre pour son ministère. On peut dire qu’il s’agissait de la chasteté nécessaire à celui qui doit habituellement toucher l’Eucharistie et qui habituellement la contemple avec toute l’ardeur du cœur et qui, avec la même ferveur, la donne à ses fidèles. On disait de lui que la chasteté brillait dans son regard, et les fidèles s’en rendaient compte quand il se tournait vers le tabernacle avec le regard d’un amoureux. De même, l’obéissance de saint Jean-Marie Vianney fut entièrement incarnée dans son adhésion à toutes les souffrances liées aux exigences quotidiennes du ministère ».

Les nouvelles réalités dans l’Eglise

Centrée sur le ministère sacerdotal, la lettre de Benoît XVI est aussi attentive à la relation du prêtre avec les nouvelles réalités dans l’Eglise. « Dans ce contexte d’une spiritualité nourrie par la pratique des conseils évangéliques, je tiens à adresser aux prêtres, en cette Année qui leur est consacrée, une invitation cordiale, celle de savoir accueillir le nouveau printemps que l’Esprit suscite de nos jours dans l’Eglise, en particulier grâce aux mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés », écrit Benoît XVI.

Le pape évoque le ministère de l’annonce de l’Evangile en mentionnant l’année Saint-PaUl : «  L’Année paulinienne qui arrive à sa fin nous invite à considérer encore la figure de l’Apôtre des Gentils dans laquelle brille à nos yeux un modèle splendide de prêtre complètement donné à son ministère ».

Le jubilé du saint curé et Lourdes

Mais le pape évoque aussi le jubilé de Lourdes et l’amour du curé d’Ars pour l’Immaculée : « La célébration du 150 anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney (1859) vient immédiatement après les célébrations achevées il y a peu du 150 anniversaire des apparitions de Lourdes (1858) (…). En vérité, l’existence du saint prêtre dont nous célébrons la mémoire, était à l’avance une vivante illustration des grandes vérités surnaturelles enseignées à la voyante de Massabielle. Il avait lui-même pour
l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge une très vive dévotion, lui qui, en 1836, avait consacré sa paroisse à Marie conçue sans péché et devait accueillir avec tant de foi et de joie la définition dogmatique de 1854. Le Saint Curé rappelait toujours à ses fidèles que Jésus-Christ, après nous avoir donné tout ce qu’il pouvait nous donner, veut encore nous faire héritiers de ce qu’il y a de plus précieux, c’est-à-dire sa Sainte Mère ».

Benoît XVI conclut en confiant l’Année sacerdotale à la Vierge Marie.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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