ROME, Mardi 31 mars 2009 (ZENIT.org) – L’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, Mgr Silvano Tomasi, constate que la communauté chrétienne est en en ce moment la communauté la plus discriminée au monde et explique les raisons de l’opposition du Saint-Siège à la résolution des Nations unies sur la diffamation des religions.
A Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté, par un vote de 23 contre 11 et 13 abstentions, une résolution présentée par le Pakistan au nom des pays de l’Organisation de la Conférence islamique se déclarant « profondément préoccupés » par la diffamation fréquente des religions, mais où seul l’islam est indiquée comme étant attaquée.
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès des institutions de l’ONU à Genève s’est exprimé le 27 mars sur Radio Vatican.
Contre cette résolution, le Saint-Siège souligne que la liberté d’expression est strictement liée à la liberté religieuse.
« Si on commence à ouvrir la porte à un concept de diffamation qui s’applique aux idées », l’Etat risque en quelque sorte « de décider quand une religion est diffamée ou non, et cela touche finalement la liberté religieuse », a estimé Mgr Tomasi.
« Par exemple, la reconnaissance juridique de ce concept abstrait de diffamation de la religion peut être utilisé pour justifier des lois contre le blasphème qui, nous le savons bien, sont utilisées dans certains Etats pour attaquer des minorités religieuses, même de manière violente », a-t-il ajouté.
Pour Mgr Tomasi, « le défi est celui d’arriver à trouver un équilibre sain, qui combine la liberté avec le respect des sentiments des autres, et la route pour arriver à cet objectif est celle d’accepter les principes fondamentaux de liberté, qui sont inscrits dans les traités internationaux ».
Le haut prélat a aussi évoqué l’augmentation de l’intolérance religieuse dans le monde, en particulier contre les minorités chrétiennes. « Si nous regardons la situation mondiale nous voyons que, de fait, les chrétiens – comme plusieurs sources le précisent – sont le groupe religieux le plus discriminé ; on peut en effet parler de plus de 200 millions de chrétiens, d’une confession ou d’une autre, qui se trouvent en situation de difficulté, parce qu’il y a des structures légales ou des cultures publiques qui portent, en quelque sorte, à une certaine discrimination vis-à-vis d’eux ».
« C’est une donnée dont on ne parle pas beaucoup, mais qui est pourtant réelle, surtout si nous pensons aux violences qui sont arrivées ces derniers mois dans différents contextes politiques et sociaux ».
Mgr Tomasi a enfin estimé qu’il y a « des situations particulières qui portent à une certaine marginalisation de ceux qui croient vraiment et vivent leur foi chrétienne ». « Il y a des situations – même des déclarations parlementaires publiques – qui attaquent cela ou un aspect de la croyance chrétienne, et cela tend à reléguer les chrétiens aux marges de la société et à retirer la contribution de leurs valeurs à la société », a-t-il ajouté.