ROME, Mardi 17 mars 2009 (ZENIT.org) – Non seulement Benoît XVI avait annoncé son voyage au Cameroun en concluant le synode sur la parole de Dieu mais il avait souligné le lien entre son voyage et le voyage de Jean-Paul II qui a promulgué, à Yaoundé, le 15 septembre 1995 son exhortation apostolique post-synodale sur l’Eglise en Afrique. Soulignant les défis de l’Afrique, le pape dénonce les esclavages modernes et relève aussi les réponses de l’Eglise.
Dès son arrivée à l’aéroport de Yaoundé, Benoît XVI a inscrit son voyage dans le sillage de celui de Jean-Paul II : « C’est ici, à Yaoundé, qu’en 1995 mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, a promulgué l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, fruit de la Première Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, qui s’était tenue à Rome l’année précédente. Vous avez d’ailleurs voulu célébrer solennellement le dixième anniversaire de ce moment historique dans cette ville même il y a peu ».
Jean-Paul II avait voulu ce premier synode continental pour guider l’Eglise en Afrique vers l’an 2000. Benoît XVI, qui a confirmé la volonté de Jean-Paul II de convoquer une seconde assemblée pour l’Afrique, veut l’aider à répandre l’espérance en ce début de IIIe millénaire.
« Et maintenant, a ajouté le pape, en anglais, je viens moi-même pour remettre l’Instrumentum laboris de la Deuxième Assemblée spéciale, qui se tiendra à Rome en octobre prochain. Les Pères du Synode réfléchiront ensemble sur le thème : ‘L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix : « Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14)’. A presque dix ans de l’entrée dans le nouveau millénaire, ce moment de grâce est un appel pour l’ensemble des Évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses ainsi que des fidèles laïcs de ce continent, à se consacrer avec un élan nouveau à la mission de l’Église : apporter l’espérance au cœur des peuples de l’Afrique et des peuples du monde entier ».
Une espérance dont le continent a besoin, car Benoît XVI n’a pas caché les défis que le continent doit affronter : « Même au sein de grandes souffrances, le message chrétien est toujours porteur d’espérance », a-t-il affirmé en citant l’exemple de l’esclave soudanaise devenue libre et canonisée en l’an 2000.
« La vie de sainte Joséphine Bakhita, a souligné le pape, nous montre de manière lumineuse la transformation que la rencontre avec le Dieu vivant peut apporter à une situation d’injustice et de grande épreuve ».
Il citait ces défis à affronter avec résolution : « Devant la souffrance ou la violence, devant la pauvreté ou la faim, devant la corruption ou l’abus de pouvoir, un chrétien ne peut jamais garder le silence. Le message de salut de l’Évangile doit être proclamé de manière forte et claire, afin que la lumière du Christ puisse briller dans les ténèbres où les gens sont plongés ».
Le pape a notamment mentionné les victimes des conflits : « Ici, en Afrique, tout comme en de si nombreuses régions du monde, des foules innombrables d’hommes et de femmes attendent de recevoir une parole d’espérance et de réconfort. Des conflits régionaux laissent des milliers d’orphelins et de veuves, de sans abri et de démunis ».
Benoît XVI n’a pas manqué non plus de mentionné l’esclavage ancien et moderne : « Sur un continent qui, par le passé, a vu tant de ses enfants cruellement déracinés et vendus par delà les mers pour devenir des esclaves, aujourd’hui le trafic des êtres humains, en particulier de femmes et d’enfants sans défense, est devenu une forme nouvelle d’esclavage ».
La crise économique et la flambée des prix alimentaires a aussi retenu l’attention de Benoît XVI qui en a fait un passage de son encyclique sociale annoncée – non officiellement – pour avril: « Alors que nous connaissons en ce moment une insuffisance de la production alimentaire, des troubles financiers, et des perturbations liées au changement climatique, l’Afrique souffre de façon disproportionnée : de plus en plus d’habitants s’enfoncent dans la pauvreté, victimes de la faim et des maladies ».
Benoît XVI souligne dans ce contexte le rôle de l’Eglise : « Ils crient leur besoin de réconciliation, de justice et de paix, et c’est ce que l’Église leur offre. Non pas de nouvelles formes d’oppression économique ou politique, mais la glorieuse liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8, 21). Non pas l’imposition de modèles culturels qui ignorent les droits de l’enfant à naître, mais l’eau pure et vivifiante de l’Évangile de la vie. Non pas les amères rivalités interethniques ou interreligieuses, mais le bon droit, la paix et la joie du Royaume de Dieu, si bien décrit par le Pape Paul VI comme civilisation de l’amour (cf. Regina Coeli du dimanche de Pentecôte 1970) ».
Le dernier mot du discours de Benoît XVI a été, en français : « Merci ». Il a exprimé ces vœux pour l’Afrique tout entière : « Venant parmi vous aujourd’hui, je prie pour que l’Église, ici et dans toute l’Afrique, puisse continuer à croître en sainteté, dans le service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Je prie pour que les travaux de la Deuxième Assemblée spéciale du Synode des Évêques fassent briller d’une vive flamme les dons que l’Esprit a répandus sur l’Église en Afrique. Je prie pour chacun d’entre vous, pour vos familles et ceux qui vous sont proches, et je vous demande de vous unir à ma prière pour tous les peuples de ce vaste continent. Que Dieu bénisse le Cameroun ! Et que Dieu bénisse l’Afrique ! »
Anita S. Bourdin