ROME, Vendredi 13 mars 2009 (ZENIT.org) – L’évêque de Jaffna, Mgr Thomas Savundaranayagam, dans le nord du Sri Lanka, a écrit au président Mahinda Rajapaksa, pour l’avertir que plus de 100.000 personnes risquent «l’extermination totale » à moins que ne soit organisée leur évacuation de la zone, théâtre des affrontements entre l’armée gouvernementale et les rebelles du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).
Convaincu que le gouvernement et les forces rebelles se préparent à « la bataille finale », l’évêque de Jaffna demande au président sri lankais la possibilité de fournir des aides aux habitants piégés dans la zone de conflit, une petite bande de terre de la région de Puthukudiyiruppu, au nord-est du pays.
L’évêque a envoyé une copie de sa lettre à l’association caritative internationale Aide à l’Eglise en détresse (AED) qui, dans un communiqué parvenu à ZENIT, fait part de la grande préoccupation du prélat pour la population bloquée dans la zone dite « de sécurité ».
Mgr Thomas Savundaranayagam écrit que « l’armée du Sri Lanka et le LTTE sont prêts à engager la bataille finale » et que les civils se trouvant dans la zone franche risquent d’« être totalement anéantis ».
« Vu le caractère extrêmement dangereux de la situation, nous demandons une action rapide et sérieuse pour faire face aux nécessités fondamentales pouvant garantir la sécurité des civils ».
Le texte, envoyé également en copie au leader politique du LTTE, Balasingham Nadesan, demande aux parties de coopérer pour préparer un plan d’évacuation par voie de terre ou par voie maritime vers une zone de sécurité dans les districts de Kilinochchi et Mulaithivu.
Tout en déplorant que les forces gouvernementales aient jusqu’ici ignoré ses « demandes répétées d’ouvrir un couloir de sécurité » permettant aux civils de quitter la zone, l’évêque écrit que l’Armée a continué « d’utiliser des armes lourdes comme l’artillerie et les mortiers ».
Mgr Savundaranayagam propose un plan d’urgence en cinq points à mettre en œuvre au plus vite, en accord avec les deux parties en conflit et en collaboration avec les observateurs des Nations unies. Il demande également un cessez-le-feu qui permette aux représentants de l’ONU d’enquêter sur la situation de la région et d’établir un rapport.
L’évêque demande également le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), soulignant que la population prise au piège dans la zone franche fait face à une grave crise humanitaire.
Il y a moins de deux mois, l’évêque s’était rendu incognito dans la région avec des aides alimentaires financées par l’AED (cf. ZENIT, 20 janvier 2009).
Le conflit entre forces gouvernementales et les Tigres du LTTE a éclaté en 1983. En 2002, un cessez-le-feu a été négocié, faisant espérer en une paix durable, mais en janvier 2008, le gouvernement a annoncé son retrait de la trêve après une escalade de la violence commencée en 2006.
La guerre au Sri Lanka a fait au moins 70.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.
Les Tigres du LTTE qui luttent pour une patrie séparée, ont été repoussés par l’armée jusque dans le nord du pays à la fin de l’année 2008, se retrouvant au bord de la défaite totale après la conquête, au début du mois de janvier dernier, de Kilinochchi, leur quartier général administratif.