ROME, Jeudi 22 janvier 2009 (ZENIT.org) – La sous-commission parlementaire espagnole sur l’avortement, chargée d’étudier une nouvelle loi prévoyant la possibilité d’élargir le recours à l’avortement est sur le point d’achever ses travaux. Une question qui avait été mise de côté par le parti du gouvernement pour en débattre après les élections et qui semblerait désormais sur le point d’aboutir.
Le Parti socialiste espagnol (PSOE), comme promis dans son programme électoral, après l’immense scandale de la fermeture de plusieurs cliniques pratiquant des avortements à des stades de grossesse avancés et l’arrestation des responsables, a soumis la question d’une éventuelle réforme de la loi à un nouveau débat social.
Depuis 1985, l’avortement est dépénalisé en Espagne dans trois types de cas: malformation du fœtus, viol, et lorsqu’il y a danger pour la santé ‘physique ou psychique’ de la mère.
Ainsi, en 20 ans, des avortements ont été pratiqués au motif du « risque psychologique » encouru par la mère, pour des raisons économiques ou créant des difficultés à la mère, et très souvent en raison d’un échec du rapport de couple ou parce que le père ne voulait pas prendre ses responsabilités.
Le débat social souhaité n’a pas eu lieu, alors que les travaux d’une sous-commission de la Chambre des députés ont suivi leurs cours, comme le souligne le PSOE sur sa page web. La sous-commission a écouté des experts, proposés par divers groupes politiques représentés à la Chambre. Parmi eux, Conrado Giménez Agrela, le fondateur de la Fondation Marraine, qui aide les mères en difficultés durant leur grossesse.
Après les arrestations et la fermeture des cliniques pratiquant des avortements illégaux, l’Espagne est devenue pour les médias « le paradis de l’avortement », où les femmes originaires de pays dotés de lois plus restrictives, ont payé de lourdes sommes pour effectuer un avortement.
Selon les promoteurs de la nouvelle loi, le texte devrait reconnaître l’avortement comme « un droit » qui « n’oblige personne ». Le parti gouvernemental défend non seulement la nécessité d’une nouvelle loi, mais également la garantie aux femmes d’avoir accès gratuitement à l’interruption de grossesse sur tout le territoire espagnol.
Concernant l’éventualité d’un débat public sur la question, et qui en réalité n’a pas eu lieu, les membres du PSOE ne sont pas tous d’accord quant à l’opportunité politique de la mesure envisagée: si les femmes souhaitent un débat public, les hommes quant à eux craignent un nouveau motif de friction à un moment où les relations Eglise-Etat ont déjà connu des oppositions importantes. La question de l’avortement en serait un de plus.
La première vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, a fait savoir que « la réforme de la loi ne figurait pas dans l’agenda politique du gouvernement », estimant que cette loi avait jusqu’ici bien fonctionné et que « ce débat n’existe donc pas ».
Pour sa part, la Fondation Tommaso Moro, a précisé dans des propos recueillis par ZENIT, qu’avec la loi en préparation les médecins ne pourront exercer leur plein droit à l’objection de conscience. La nouvelle règle, relève-t-il, « nie non seulement le droit à la vie du plus faible, l’enfant qui doit naître, mais le médecin qui refuse de pratiquer un avortement devra obligatoirement indiquer un autre centre ». Selon l’organisation, « la loi pourrait être présentée dans environ deux mois » .
Le Forum pour la famille dénonce quant à lui un décret qui « prétend blinder les cliniques pratiquant des avortements pour éviter que les fraudes massive à la loi actuelle puissent être repérées et constatées, sanctionnant ainsi de fait l’avortement libre ».
Le Forum déplore que le texte « annoncé par l’exécutif, après l’enquête judiciaire ouverte dans certaines cliniques pratiquant des avortements, s’expose à une ‘injustifiable disparité de traitement’ ». Il estime que le projet « ne justifie en rien la raison pour laquelle la vie privée des femmes qui ont recourt à l’avortement doit être défendue différemment au niveau constitutionnel et juridique, que celle dont jouissent les autres usagers des services de santé ».
L’association « Unis pour la Vie » demande au responsable de l’opposition, Mariano Rajoy, de faire preuve de cohérence face au problème de l’avortement, rappelant que, dans certaines déclarations sur les antennes de la chaîne COPE, il avait qualifié d’inconstitutionnelle l’éventuelle approbation d’une loi sur les termes temporels de celui-ci. Le leader populaire a ajouté qu’ « il n’y a rien de plus progressiste que de défendre la personne la plus sans défense de toutes, celle qui n‘est pas encore né » .
« Unis pour la Vie » demande maintenant à Mariano Rajoy de remédier à la pratique de l’avortement dans toutes les communautés autonomes gouvernées par son parti. L’association propose au Parti populaire d’appliquer son projet d’adoption visant à protéger la vie du mineur en gestation et répondre aux milliers de couples candidats à l’adoption nationale.
Propos recueillis par Nieves San Martín