ROME, Mercredi 21 janvier 2009 (ZENIT.org) – Un évêque du nord du Sri Lanka, de retour d’une action humanitaire secrète visant à aider la population dans la zone de conflit, a demandé au président du pays de faire cesser les bombardements contre les civils.
Après s’être vu refuser l’accès au district nord de Vanni, théâtre d’affrontements entre troupes gouvernementales et rebelles, l’évêque de Jaffna, Mgr Thomas Savundaranayagam, s’est rendu sur place en incognito pour évaluer personnellement la situation des habitants et prendre note de leurs besoins.
Durant sa visite, effectuée le mois dernier, l’évêque a distribué les aides d’urgence que lui avait remises pour eux l’œuvre internationale Aide à l’Eglise en Détresse (AED), qui soutient les chrétiens persécutés et les nécessiteux. Sa visite coïncidait avec la reprise des hostilités après que les forces gouvernementales, basées à Colombo, eurent pris le contrôle de Vanni et conquis les villes de Kilinochi et Parantan.
Dans un message à l’AED, visant à rendre compte du résultat de la distribution des aides, Mgr Savundaranayagam souligne que les foules de personnes déplacées, ayant dû fuir les villages, car prises entre les feux de l’armée et des rebelles du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul, souffraient d’un grave manque de ressources.
Il signale également que les prêtres et les religieuses de Vanni vivent avec les laïcs dans de petites cabanes et que le clergé distribue les aides de l’AED, faisant tout ce qu’il est humainement possible pour assister la population.
Après ce voyage, l’évêque a lancé un appel urgent au président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, lui demandant d’assurer la protection des civils et d’arrêter d’attaquer à coups de mortiers les églises et temples, où les civils ont l’habitude de se réfugier quand ils se sentent en danger.
Mgr Thomas Savundaranayagam souligne par ailleurs au gouvernement qu’il est en son devoir d’ouvrir un couloir humanitaire sûr pour faciliter la sortie des civils obligés de fuir les endroits où ils sont la cible d’attaques.
Il critique en même temps les rebelles qui ne facilitent pas la sortie des civils.
Dans un entretien accordé à l’AED, le 13 janvier dernier, l’évêque de Jaffna avait fait savoir que malgré ses appels, le gouvernement n’avait pas interrompu les bombardements. Déplorant l’augmentation constante du nombre de civils morts, due aux bombardements aveugles, il avait alors expliqué qu’« il était difficile de faire la différence entre les civils et les rebelles à 20.000 pieds d’altitude ».
Les habitants se sont réfugiés le long de la route qui relie Parantan à Mullaittivu (A35), se concentrant principalement entre Dharmapuram et Puthukudiyiruppu.
Mgr Savundaranayagam souligne que le gouvernement a envoyé des vivres et des médicaments pour les civils par le biais de la Croix Rouge, précisant également que beaucoup d’hôpitaux ont été déplacés et que l’assistance médicale a lieu en des lieux précaires.
Très critique à l’égard du conflit armé, l’évêque estime qu’ « une solution militaire n’apportera jamais une solution durable au problème ».
En 2006, le gouvernement a mis fin à la trêve signée en 2002, promettant une victoire qui mettrait un point final à un conflit qui dure depuis 26 ans et qui a coûté la vie à au moins 70.000 personnes.
A la fin de l’année dernière, la tentative des Tigres de l’Eelam Tamoul de se constituer un propre territoire s’est vu menacée quand l’armée les a obligés à se replier dans l’extrême nord du pays.
Traduction française : Isabelle Cousturié