ROME, Dimanche 11 janvier 2009 (ZENIT.org) – Un décret de la pénitencerie apostolique indique que Benoît XVI accorde une « indulgence plénière » à l’occasion de la Rencontre des familles à Mexico (13-18 janvier), c’est à dire non seulement la rémission des péchés (fruit du sacrement de la réconciliation) mais aussi la remise de la peine des conséquences des péchés.
En effet, la rémission des péchés est accordée par la confession sacramentelle. L’indulgence plénière – qui suppose la confession et la communion sacramentelles, et la prière aux intentions du pape, et le détachement du péché – efface aussi les « peines temporelles » restant à satisfaire par les baptisés comme conséquences des péchés pourtant pardonnés.
Le décret, en date du 28 décembre 2008, est signé au nom du pape par le cardinal James Francis Stafford, préfet de la « grande pénitencerie apostolique », c’est-à-dire le tribunal du Vatican chargé des affaires touchant au « for intérieur », c’est-à-dire à la conscience.
Une indulgence à qui s’unit à la rencontre
Cette indulgence peut être appliquée non seulement aux participants de la rencontre de Mexico, mais à tous les baptisés qui s’uniront par la prière à cet événement ecclésial, prieront en famille le « Notre Père », le Credo, et d’autres prières particulièrement au moment de la transmission télévisée ou radiophonique des paroles et des messages de Benoît XVI.
Le décret de la pénitencerie rappelle que la famille est « instituée par Dieu lui-même » et doit exercer continuellement « la tâche particulière d’instruire les nouvelles générations au bien naturel et surnaturel de façon à les soutenir et les aider à former des personnalités en harmonie avec les valeurs et aptes à façonner leur vie à l’exemple du Christ ».
Pour ce qui est de l’Eglise et de l’Etat le décret souhaite leur « collaboration » pour conduire aux mêmes objectifs, avec les écoles, les paroisses, les groupes ecclésiaux « chacun selon le rôle qui lui est propre ».
On peut en savoir plus sur le sens théologique et spirituel de l’indulgence, en se référant au Code de droit canon de 1983 (du Titre IV, sur le sacrement de pénitence, ch. IV).
Un effet de la communion des saints
En effet, le « canon » (article) 992 définit l’indulgence comme : « La rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l’action de l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints ».
Une définition donnée par Paul VI dans sa constitution apostolique « Indulgentiarum doctrina » (norme 1) et reprise par le Catéchisme de l’Église catholique de 1992 (§ 1471-1479) : l’Église réaffirme son droit à octroyer les indulgences, « en vertu du pouvoir de lier et de délier qui lui a été accordé par le Christ Jésus » (§ 1478).
Elle précise que l’indulgence libère seulement de la « peine temporelle » du péché et non de la « peine éternelle » – c’est-à-dire de la privation de la « vie éternelle », de la communion avec Dieu. Elle rappelle que l’indulgence est accordée au pécheur non pas en vertu de ses pénitences seules, mais de la communion des saints.
Réparer un désordre
En d’autres termes, tout péché contre Dieu, l’être humain ou la création entraîne un désordre – physique, moral ou spirituel – qui nécessite en toute justice (en cette vie ou dans l’autre) une forme de « réparation ».
C’est ce que l’Église appelle la « peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée ». Cette « peine temporelle » est remise par les actes de réparation, les actes de charité, l’aumône, la prière, les sacrifices et le jeûne.
L’indulgence est « partielle » ou « plénière », « selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le péché », dit encore Paul VI (norme 2).
Et « tout fidèle peut gagner des indulgences pour soi-même ou les appliquer aux défunts », dit encore le Droit canon (can. 994).
Les dispositions intérieures
Jean-Paul II, qui avait attaché aussi une indulgence au Grand Jubilé de l’an 2000 avait insisté sur les dispositions intérieures des baptisés lors de cette démarche pénitentielle.
Dans la bulle d’indiction du Jubilé de l’Incarnation « Incarnationis Mysterium », du 29 novembre 1998 (n. 9), il avait indiqué, à propos des « mérites du Christ et des saints » – dont parle le Droit canon, que le Christ et les saints ont accumulé des mérites « supplémentaires » – car le Christ est le seul Rédempteur – dans laquelle puise l’Eglise.
Il évoquait un « merveilleux échange de biens spirituels » : « la sainteté de l’un apporte aux autres un bénéfice bien supérieur au dommage que le péché de l’un a pu causer aux autres ».
Benoît XVI avait déjà accordé une indulgence plénière pour la participation à la JMJ de Cologne en 2005, à la Ve rencontre des Familles à Valence, en juillet 2006. Il en a aussi accordé une pour le Jubilé de Lourdes et pour l’année Saint-Paul.
Anita S. Bourdin