ROME, Jeudi 6 novembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral discours prononcé par Mgr Agostino Marchetto, secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, au IIe Forum mondial sur les migrations et le développement, à Manille, le 29 octobre 2008.
Deuxième forum mondial sur les migrations
et le développement
(Manille, 29 octobre 2008)
S.Exc. Mgr Agostino Marchetto
Secrétaire du Conseil Pontifical pour la Pastorale
des Migrants et des Personnes en Déplacement (Saint-Siège)
Monsieur le Président,
Au nom du Saint-Siège, je voudrais renouveler mes félicitations pour cette occasion qui nous est offerte de réfléchir ensemble sur les migrations et le développement.
De même, je désire exprimer aux organisateurs de ce deuxième Forum la reconnaissance du Saint-Siège pour avoir inscrit à l’ordre du jour un débat sur la relation entre les migrations internationales, le développement et les droits humains. Cette démarche constitue la reconnaissance visible que le respect des droits humains des migrants est essentiel si l’on veut que l’humanité bénéficie pleinement des migrations internationales. Il est vrai non seulement pour les personnes qui émigrent, mais également pour les pays qui les envoient ou les accueillent.
Cela signifie également que tous les migrants, quel que soit leur statut, ont le droit de jouir des droits humains et qu’une attention particulière doit être portée afin d’éviter les discriminations et de protéger les migrants les plus vulnérables, tels que les femmes, les mineurs non accompagnés, les personnes âgées et les handicapés.
Il existe déjà des traités qui contiennent un profond engagement en vue de protéger les réfugiés, les personnes privées de nationalité, les travailleurs immigrés ainsi que les membres de leurs familles, et les personnes victimes du contrebande et du trafic de personnes. Il s’agit de mesures multilatérales fondamentales visant à assurer le respect des droits et des libertés fondamentales des migrants, qui sont autant de facteurs – et c’est là l’un des objectifs de notre Forum – liés au développement. En effet, comment les migrants, hommes ou femmes, peuvent-ils contribuer de la meilleure façon possible au véritable développement si leur situation n’est pas humaine ?
A cet égard, je voudrais rappeler les paroles du Pape Benoît XVI lors du discours qu’il a prononcé aux Nations Unies le 18 avril de cette année. Il a dit : «l’avenir sera construit sur les droits humains ». Nous parlons ici d’un noyau fondamental de valeurs, et donc de droits, mais également de devoirs et de responsabilités, y compris le besoin de promouvoir la dignité humaine et la justice, sans imposer de relativisme culturel ni d’impérialisme culturel, et dans la pleine reconnaissance des principes de subsidiarité et de solidarité. L’application concrète de ces valeurs représente un facteur essentiel pour assurer le succès des politiques gouvernementales dans ce domaine.
Au cours des dernières décennies, le Saint-Siège a entrepris et promu une vaste défense de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme dans son intégrité et indivisibilité, conçue comme correspondant au Droit naturel.
Je profite de cette occasion pour répéter que toute forme de migration temporaire et circulaire ne devrait jamais servir de prétexte pour éviter le plein respect des droits des migrants, et de façon spécifique, leur droit à la réunification familiale, leur droit à la reconnaissance de leur contribution au développement, tant à travers leur travail et qu’à travers les économies qu’ils envoient dans leurs pays. Toute défaillance dans ce domaine indiquerait un manque de politiques d’intégration et de coopération dans les pays d’accueil, ainsi que de politiques de développement national dans les pays d’origine.
Le développement est un mot clé dans nos rencontres, mais nous voyons souvent également la pauvreté qui se cache derrière. La discrimination, la violence, les restrictions des libertés personnelles et collectives, sont des réalités qui sont communes tant aux migrations qu’à la pauvreté. Toutes deux sont liées, entre autres aspects, dans la formation de groupes fermés, qui empêchent la rencontre et le dialogue, et privent les personnes de l’enrichissement et de l’échange réciproques, de l’intégration et de la réciprocité, de la compréhension et du bénéfice commun.
Les gouvernements devraient continuer de créer les conditions pour que les migrations ne soient jamais la seule option qui reste aux personnes afin de trouver un travail et de mener une vie sûre et digne. Davantage d’occasions de travail devraient être créées dans le pays d’origine et toutes les politiques de migrations qui minent les fondements de la société, en particulier la famille, qui constitue sa cellule de base, devraient être évitées. Les avantages potentiels de l’émigration sont mis en échec par les problèmes qui apparaissent particulièrement dans les familles exposées au risque de la désintégration. Dans cette situation, ceux qui souffrent le plus sont les enfants qui grandissent souvent sans parents et sont obligés d’assumer le poids de lourdes responsabilités.
Dans les pays d’accueil, la réunification des familles représente le meilleur moyen de promouvoir l’intégration des immigrés et d’éliminer de nombreux problèmes, en particulier ceux liés à la sécurité et à l’ordre public.
Les migrants ne sont pas seulement un problème, mais un don pour nos sociétés. Ils nous aident dans notre travail, nous obligent à ouvrir nos esprits, nos économies et nos politiques, et nous encouragent dans la recherche de nouveaux modèles. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons remporter ce défi et ouvrir notre monde actuel à l’avenir dont nous voulons tous jouir.
Merci, Monsieur le Président