ROME, Dimanche 26 octobre 2008 (ZENIT.org) – Le synode propose que le ministère, non « ordonné » du lectorat, que les dispositions post-conciliaires de Paul VI ont ouvert aux hommes soit aussi ouvert aux femmes. Il s’agit d’un ministère « institué » et non pas « ordonné ».
En effet, ont constaté les membres du synode, même dans les célébrations pontificales, les femmes proclament la parole de Dieu, pour les premières et secondes lectures de la messe, et le psaume. La proclamation liturgique de l’Evangile est réservé aux ministères ordonnés : aux diacres, aux prêtres, aux évêques.
Lors de la célébration de clôture du synode, ce dimanche, en la basilique Saint-Pierre, la première lecture, en français, a de fait été confiée à sœur Euphrasie Beya, présidente de l’Union des Supérieures majeures (U.SU.MA.), de la République démocratique du Congo. Lors de son intervention au synode, mardi dernier, 21 octobre, elle avait donné la parole aux mamans africaines (cf. Zenit du 21 octobre 2008).
Rappelons que dans l’Eglise catholique, les ministères de l’acolytat et du lectorat ne sont pas des ministères « ordonnés », contrairement au diaconat, au presbytérat et à l’épiscopat, mais des ministères dits « institués », que reçoivent notamment les candidats aux sacerdoce.
Déjà, dans l’Eglise catholique, et c’est particulièrement courant en Italie, les femmes peuvent être instituées « ministres extraordinaires » de l’Eucharistie, pour porter la communion aux malades, avec un mandat officiel, après une formation liturgique, théologique et pastorale adéquate.
L’idée a donc fait son chemin d’ouvrir le ministère du lectorat aussi aux femmes, avec à la clef une formation liturgique, théologique et pastorale adéquate.
Au cours du synode, l’idée d’un ministère extraordinaire de la Parole, pour hommes et femmes, a été exprimée par un groupe linguistique français dont l’archevêque d’Albi, Mgr Pierre-Marie Carré, bibliste, était le rapporteur (cf. Zenit du 17 octobre 2008).
La 7e proposition du groupe disait : « On pourrait reconnaître – instituer – des ministres extraordinaires de la Parole. Ces ministres – catéchistes, lecteurs, animateurs de communautés de base, hommes et femmes – seraient spécialement préparés pour cette mission et délégués officiellement par l’évêque ».
La 20e proposition concernait spécifiquement les femmes : « On souhaite que les femmes, et spécialement les mères de famille, aient une formation appropriée à cette condition de « passeur » de la Parole ».
Les deux idées ont fait leur chemin. Mais, pourquoi un ministère extraordinaire puisque le lectorat existe déjà ? La proposition 17 du synode rassemble donc ces deux idées, sous le titre : « Le ministère de la Parole et les femmes ».
« Les pères synodaux reconnaissent et encouragent le service des laïcs dans la transmission de la foi », affirme d’emblée la proposition, avant d’ajouter : « Les femmes, en particulier, ont sur ce point un rôle indispensable surtout dans la famille et dans la catéchèse. En effet, elles savent susciter l’écoute de la Parole, la relation personnelle avec Dieu, et communiquer le sens du pardon et du partage évangélique ».
Le synode conclut : « On souhaite que le ministère du lectorat soit ouvert aussi aux femmes, de façon à ce que, dans la communauté chrétienne, on reconnaisse leur rôle d’annonciatrice de la Parole ».
Dans son motu proprio « Ministeria Quaedam », du 15 août 1972, Paul VI a réformé ce qu’on appelait alors les « ordres mineurs » pour ne conserver que le lectorat et l’acolytat. Mais en même temps, il disposait que ces ministères seraient appelés « institués » et non pas « ordonnés », comme le diaconat, le ministère presbytéral et épiscopal.
Le pape Paul VI soulignait qu’il convenait « à la réalité même » de ces ministères et « à la mentalité moderne » que ces charges ne soient plus appelées « ordres mineurs » et que leur attribution soit appelée non pas « ordination » mais « institution ». Il demandait que l’on ne considère comme clercs que « ceux qui reçoivent le diaconat ».
« De cette façon, soulignait Paul VI en citant le concile, la distinction entre clercs et laïcs, entre ce qui est propre aux clercs et réservé à eux, et ce qui peut être confié aux fidèles laïcs, sera mieux mise en relief; ainsi leur rapport mutuel apparaîtra plus clairement du fait que « le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, s’ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre puisque l’un comme l’antre participe à sa façon de l’unique sacerdoce du Christ (Vatican II, Const. dogm. sur l’Eglise Lumen gentium, 10: AAS 57 (1965), p. 14).
Anita S. Bourdin