ROME, Dimanche 12 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la synthèse des interventions prononcées au synode des évêques sur la Parole de Dieu, le mercredi 15 octobre, dans la matinée (seizième congrégation générale).
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À cette Seizième Congrégation générale sont intervenus les Pères suivants, puis quelques auditeurs.
– S.Em.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la Conférence Épiscopale (ITALIE)
– S.Em. le Card. Giovanni LAJOLO, Président du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican (CITÉ DU VATICAN)
– S.Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
– S.Em. le Card. Joseph ZEN ZE-KIUN, S.D.B., Évêque de Hong Kong (CHINE)
– S.Exc. Mgr Joseph OSEI-BONSU, Évêque de Konongo-Mampong (GHÂNA)
– S.Exc. Mgr Paul CREMONA, O.P., Archevêque de Malte, Président de la Conférence Épiscopale (MALTE)
– S.Exc. Mgr Venant BACINONI, Évêque de Bururi (BURUNDI)
– S.Exc. Mgr Joviano DE LIMA JÚNIOR, S.S.S., Archevêque de Ribeirão Preto (BRÉSIL)
– S.Exc. Mgr Rayappu JOSEPH, Évêque de Mannar (SRI LANKA)
– S.Exc. Mgr Augustin TRAORÉ, Évêque de Ségou (MALI)
– S.Exc. Mgr Lucjan AVGUSTINI, Évêque de Sapë (ALBANIE)
– S.Em. le Card. Antonio CAÑIZARES LLOVERA, Archevêque de Toledo (ESPAGNE)
– S.Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova, Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN)
– S.Exc. Mgr Fragkiskos PAPAMANÓLIS, O.F.M. Cap., Évêque de Syros, Administrateur de Milos (GRÈCE)
– S.Exc. Mgr Felix TOPPO, S.I., Évêque de Jamshedpur (INDE)
– S.Exc. Mgr Joaquim FERREIRA LOPES, O.F.M. Cap., Évêque de Viana (ANGOLA)
– Très Rév. P. Kieran O’REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des missions Africaines
– S.Exc. Mgr Daniel CARO BORDA, Évêque de Soacha (COLOMBIE)
– S.Em. le Card. Giovanni Battista RE, Préfet de la Congrégation pour les Évêques (CITÉ DU VATICAN)
– B. D.nus Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des Syro-Malankars, Président du Synode de l’ Église syro-malankare (INDE)
– S.Exc. Mgr Joseph Albert SERRANO ANTÓN, I.E.M.E., Évêque de Hwange (ZIMBABWE)
– S.Exc. Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja (NIGÉRIA)
– S.Exc. Mgr Louis-Marie Ling MANGKHANEKHOUN, Évêque titulaire d’Acque nuove di Proconsolare, Vicaire Apostolique de Paksé (LAOS)
– S.Exc. Mgr Jörg Michael PETERS, Évêque titulaire de Fordongianus, Évêque auxiliaire de Tréves (ALLEMAGNE)
– S.Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.I., Évêque de Lira (OUGANDA)
– S.Exc. Mgr Pierre-André DUMAS, Évêque d’Anse-à-Veau et Miragoâne (HAÏTI)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions (traductions de travail fournies par la secrétairerie générale du synode).
– S.Em.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la Conférence Épiscopale (ITALIE)
1. Je souhaite, tout d’abord, remercier le Seigneur pour l’expérience de grâce que constitue le Synode: en cette sainte Assemblée, on voit le visage toujours plus jeune du Ressuscité, vraie espérance du monde. L’Église est consciente de sa grande joie qu’elle ne peut retenir. Pour cette raison, au coeur du dialogue, dans n’importe quel contexte culturel et social, communautaire et personnel, se trouve le noyau irradiant de la mission.
2. Nous ne pouvons pas oublier que la rencontre de l’homme avec le Christ, Parole incarnée, et avec la « Parole de Dieu écrite et transmise » (DV 10), est toujours la rencontre de deux libertés, celle de Dieu et celle de la personne particulière. Jésus aussi, Messager et message, n’a pas toujours été accueilli! Face au sécularisme, nous devons nous interroger sur la façon d’améliorer l’annonce, de mieux connaître les cultures et les contextes, mais sans jamais oublier le drame décisif de la liberté personnelle, et en sachant que les voies de Dieu sont infinies. Il est toujours nécessaire que chacun parie librement lui-même avec la Parole qu’il lit.
3. Sans exclure des occasions organisées, il me semble opportun d’utiliser des moyens simples et petits: ceux-ci sont plus praticables dans un contexte, tout du moins pour celui occidental, pris de rythmes convulsifs qui normalement ne facilitent pas des occasions de longue haleine et d’un approfondissement engagé. Quelques suggestions sont donc ressorties, que je partage: le soin apporté à l’homélie, la diffusion de la Bible, des outils simples et faciles à consulter, des petits groupes…4. En ce qui concerne la formation à une foi pensée et consciente, en mesure de donner raison de son espérance (cf. 1 P), il me paraît opportun de rappeler que s’il est nécessaire de parcourir la voie de la connaissance documentée, priée et partagée de la Parole de Dieu écrite, il est tout aussi nécessaire de parcourir celle de la raison. L’Écriture Sainte est imprégnée non seulement des vérités surnaturelles, mais aussi de celles naturelles qu’elle assume, confirme et amène à leur accomplissement. Il est à nouveau nécessaire et urgent de garder unie l’Écriture, la Tradition et le Magistère (DV 10), pour que le croyant puisse mieux comprendre les grandes questions du naître et du mourir, de la famille et de la liberté, de l’amour et de la loi naturelle, de l’euthanasie, de la fécondation… et qu’il sache les présenter aussi aux non-croyants, pour lesquels la Bible n’a de valeur que pour la force des arguments. Lorsque l’Église parle de ces thèmes, elle ne commet pas d’ingérence, elle ne s’éloigne pas de sa mission évangélisatrice, mais elle est dans sa mission. En même temps, elle aide les cultures et les sociétés à devenir plus humaines. Tel est exactement l’esprit et le but du « Projet culturel » que la CEI développe depuis 1995 en Italie.
[00261-03.03] [IN209] [Texte original: italien]
– S.Em. le Card. Giovanni LAJOLO, Président du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican (CITÉ DU VATICAN)
La question posée est de savoir comment transmettre d’une manière convaincante la Parole de Dieu à trois catégories de personnes:
– Les analphabètes et ceux qui, tout en sachant lire, ne lisent pas, ceux-ci pouvant être facilement induits à des croyances et des superstitions absurdes. Il serait préférable d’étudier la manière de s’adresser à eux personnellement ou par des moyens audio-visuels facilement compréhensibles et largement diffusés.
– Les personnes d’un certain niveau culturel, parfois même assez élevé, qui sont heurtés par les pages de la Bible dans lesquelles les droits fondamentaux de l’homme apparaîtraient violés par ordre ou avec le consentement de Dieu. Pour elles, il faudrait chercher à approfondir le concept d’inspiration de la Sainte Écriture.
– Les croyants de l’Ancien Testament, pour qui il n’est pas bon de proposer la réalisation des prophéties en tant que connaissable post fidem. À eux, il faudrait donc pouvoir leur montrer la signification chrétienne des prophéties réalisées dans le Messie Jésus en tant que connaissable ante fidem.
[00253-03.04] [IN200] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
1. Concernant le n. 58 du Document de travail, les Saintes Écritures enseignent que Dieu a écrit sa Loi dans le coeur de tous les hommes. On peut découvrir la loi naturelle divine, gravée dans le coeur des hommes, au moyen de la raison, mais elle est clairement annoncée à tous par la Parole inspirée de Dieu (cf. Rm 2, 15).
2. Dans un contexte diffus de matérialisme, de relativisme et d’individualisme radical, il est particulièrement urgent que l’enseignement de la Parole de Dieu basé sur la loi morale naturelle soit présenté comme le patrimoine co
mmun de tout un chacun.
3. Il est également nécessaire de proclamer d’urgence l’enseignement divin inspiré sur la discipline qui prédispose l’homme à faire ce qui est bien et à éviter ce qui est mal. Les Saintes Écritures nous enseignent que l’obéissance à la loi n’est pas le summum de l’expression de soi de la part de l’homme, mais le fondement irremplaçable de l’expression la plus haute de la bonté qui est au coeur de l’homme.
4. Proclamer l’enseignement des Écritures en lieu et place de la discipline dans la vie des individus est un défi dans une société antinomique qui a fait de la loi un outil dans les mains des puissants.
5. En considérant la relation qu’entretienne la Parole de Dieu et la loi, il est important de souligner le service du Droit canonique dans l’Église, par lequel la vie du Christ peut grandir et se développer dans toute l’Église. Dans sa Constitution apostolique Sacrae disciplinae leges, le Pape Jean-Paul II, décrivant le service du Droit canonique dans l’Église, fit référence à « ce lointain patrimoine du droit, qui est contenu dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament et duquel toute la tradition juridique et législative de l’Église tire ses origines, comme de sa source première ».
6. Dans l’Église, comme dans la société, la compréhension de la loi a été obscurcie et, dans certains cas, perdue, menant à de dommageables et graves conséquences, par exemple, le non-respect diffus des lois liturgiques et l’échec des procédés au travers desquels les fidèles revendiquent leurs droits et au travers desquels les délits ecclésiastiques sont dûment punis.
7. Une plus grande connaissance du service de la loi dans l’Église, à travers l’étude de la Parole de Dieu, n’aide pas seulement l’Église à comprendre et à cumuler le don de la discipline canonique pour accomplir la mission divine, mais aide toute la société en général à comprendre et à cumuler le service irremplaçable de la loi pour la réalisation du bien commun.
[00255-03.02] [IN203] [Texte original: anglais]
– S.Em. le Card. Joseph ZEN ZE-KIUN, S.D.B., Évêque de Hong Kong (CHINE)
Je voudrais m’attarder un instant sur la Parole de Dieu en tant que Créatrice de beauté de l’Univers et de l’être humain, doté d’intelligence et de coeur, et capable donc de dialoguer avec son Créateur.
Cet aspect de la Parole est présent dans le Document de travail, mais venant d’un pays où la Parole révélée n’a pas encore été transmise à un grand nombre et où les semina verbi, en revanche, abondent dans la culture sapientielle du peuple, permettez-moi de revenir sur le sujet en exprimant quelques desiderata.
Mon premier souhait est que cet aspect de la Parole soit développé de manière adéquate dans le texte final et que quelques recommandations soient données par cette Assemblée à cet égard.
À Hong Kong, nous travaillons avec les six religions principales afin de conserver l’héritage précieux de la sagesse chinoise.
L’Église catholique en Chine a toujours trouvé une bonne alliée dans la doctrine confucéenne.
Si nous parvenions, mus par la charité, à inculquer dans la génération de jeunes les vertus chinoises traditionnelles, nous l’aiderions à faire un grand pas vers la sainteté.
Nous voyons malheureusement ce qu’il se passe lorsque ces vertus font défaut: un déclin épouvantable des valeurs sacrées de la vie, du mariage et de la famille, une corruption effrontée, un bâillonnement des consciences à cause duquel on peut en arriver, pour obtenir des gains faciles, à polluer le lait au détriment de la santé et de la vie d’enfants sans défense.
Il est vrai que cette Parole Créatrice de l’Univers et de la conscience humaine est toujours une Parole visant au salut, qui est surnaturel. Ceci dit, je pense encore pouvoir recommander que, suivant l’exemple de la patience divine, l’on accorde une grande place à cette parole propédeutique de Dieu et que l’on ne succombe pas à la tentation de brûler les étapes. Je citerai deux exemples. J’ai entendu le Professeur Yang, Prix Nobel, dire « je ne suis pas croyant mais je ne cache pas que, dans deux cas, je me sens touché par le mystère: le premier est quand je me trouve face à une découverte de la science: c’est comme si j’étais pris en flagrant délit pendant que je regarde quelque chose que je n’ai pas le droit de regarder. Le second est lorsque je m’aperçois de l’énorme puissance destructrice de la technique. Je pense alors que nous usurpons des forces qui ne nous appartiennent pas ».
Je dois avouer qu’il ne m’est pas venu à l’esprit de demander au Professeur quand il fera le prochain pas. Je lui aurais plutôt dit qu’il était proche du Royaume de Dieu.
Le deuxième cas est celui d’un journaliste consciencieux et patriote, qui fut injustement condamné pour espionnage. Quand il était jeune et qu’il étudiait dans un Collège protestant, il avait refusé de lire la Bible en public parce qu’il était athée mais ensuite, dans le long silence de son incarcération, l’Évangile avait trouvé le chemin de son coeur.
Voici quelques jours, nous nous sommes retrouvés ensemble à déjeuner. J’espère que je ne vous choquerai pas en vous disant que, à cette occasion-là, je l’ai félicité pour la fois où il avait refusé de lire la Bible.
[00257-03.03] [IN205] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Joseph OSEI-BONSU, Évêque de Konongo-Mampong (GHÂNA)
Cette intervention, réalisée au nom de la Conférence épiscopale du Ghana, examine l’efficacité de notre prédication de la Parole de Dieu à la lumière du paragraphe 23 du Document de travail qui parle de la Parabole du Semeur (Mc 4, 1-20).
On notera que, bien que l’Église au Ghana ait fait des progrès considérables depuis que le bon grain du catholicisme s’y est solidement enraciné en 1880, certains aspects de la vie de nombreux Ghanéens et catholiques africains mettent en cause l’efficacité de notre prédication. D’abord et avant tout, face aux adversités – maladies, manque d’enfants etc. – certains voient leur foi vaciller et passent d’une église à l’autre à la recherche d’une solution à leurs problèmes. Ceux qui se sont convertis de la Religion traditionnelle africaine retournent parfois à leur credo originaire. Dans un deuxième temps, certains catholiques adhèrent aux églises pentecôtistes et charismatiques affirmant que ces églises répondent davantage à leurs exigences et enseignent mieux la Bible. En troisième lieu, sur le continent africain, une grande partie de la corruption, de l’injustice et des violations des droits de l’homme est perpétrée par des personnes qui se professent chrétiennes et même catholiques.
À la lumière de tout cela, je propose ce qui suit. Tout d’abord que l’homélitique soit réexaminée et considérablement améliorée dans l’intérêt d’une prédication efficace. En deuxième lieu, il faut prêter plus d’attention à la formation des laïcs, surtout des catéchistes qui constituent les piliers de l’Église dans les zones les plus reculées. En troisième lieu, la Parole que nous proclamons devrait transformer la vie non seulement spirituelle mais également sociale, économique et politique de notre peuple. Pour cette raison, là où cela est possible, il faudrait prévoir un apostolat spécial destiné à nos hommes politiques. Ceci contribuerait, selon moi, à créer des « hommes politiques saints » qui respectent les droits de notre peuple. Notre catéchèse et la prédication de la Parole devrait garantir qu’à l’avenir en Afrique, il n’y ait plus ni tyrans ni dictateurs.
[00258-03.04] [IN206] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Paul CREMONA, O.P., Archevêque de Malte, Président de la Conférence Épiscopale (MALTE)
Je parlerai dans le contexte des pays traditionnellement catholiques comme Malte. Chaque fois que nous parlons de la nouvelle évangélisation, nous nous heurtons à un obstacle. Un grand nombre de nos fidèles éprouvent encore une certaine nostalgie pour le modèle de l
‘Église qui existait il y a 30 ou 40 ans, et comparent la situation actuelle avec l’ancienne. Du fait que l’Église catholique n’a pas maintenu la position privilégiée qu’elle occupait alors, quand l’Église et ses pasteurs sont confrontés à un défi, ils le vivent comme un choc. Souvent, ils ont peur de parler ouvertement dans cette culture souvent hostile.
Nous devons sortir de cette expérience traumatique et nous engager dans une nouvelle évangélisation. Nous devons aider les fidèles à reconnaître que ce genre d’Église n’existe plus et qu’elle ne peut pas être proposée de nouveau dans ce monde qui a changé. Nous ne pouvons pas continuer à comparer notre réalité à celle d’antan.
Nous devons proposer un nouveau modèle d’être Église, et celui qui correspond le plus à la réalité actuelle est la communauté chrétienne primitive, telle qu’elle est décrite aux chapitres 2 et 4 des Actes des Apôtres, et qui a été décrite dans les autres écrits du Nouveau Testament. Nous devons comparer l’Église actuelle à cette communauté, et la conformer à elle.
[00277-03.03] [IN212] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Venant BACINONI, Évêque de Bururi (BURUNDI)
La Constitution conciliaire » Dei Verbum » a suscité une grande ouverture à la Parole de Dieu, et le résultat le plus marquant, du moins dans mon pays (le Burundi) s’est manifesté dans une catéchèse plus biblique. Cependant, pour un pays catholique à plus de 65 %, ayant une même langue, après plus d’un siècle d’évangélisation, c’est un paradoxe de n’avoir pas encore toute la Bible en langue nationale. Seul le Nouveau Testament est diffusé, et pour l’Ancien Testament, nous ne disposons que du lectionnaire dominical et férial. Un tel retard s’explique-t-il par la méfiance traditionnelle à l’égard de l’Ancien Testament, qui présente un Dieu irascible, une humanité inconstante, infidèle et pécheresse, avec souvent des scènes de violence, de vengeance ou de duplicité? En outre, sortant à peine d’une longue décennie d’instabilité et de violence fratricide (causée par une impitoyable lutte pour le pouvoir), nos populations sont meurtries et tenaillées par une grande pauvreté économique, accentuée par une faim chronique due aux aléas climatiques, à l’érosion non maîtrisée et à une agriculture aux méthodes primitives ; elles sont aussi confrontées à des difficultés financières pour l’ éducation scolaire des enfants et l’ accès aux soins médicaux, elles doivent ainsi affronter une lutte quotidienne pour la survie. Une telle situation ne permet pas d’aborder la parole de Dieu avec sérénité et profit. Beaucoup de gens ne croient plus à la capacité de la Parole de Dieu de changer leur vie, d’où certains se tournent vers les sectes, avec le risque d’être vite désabusés. Dans la formation des futurs pasteurs, la Bible ne devrait pas être considérée comme un cours parmi les autres, mais comme Parole du Dieu vivant adressée à chaque personne et invitant au dialogue et à l’alliance; la lectio divina, contact personnel avec la Parole, devrait y être pratiquée davantage. Comme priorité, un grand effort doit être fait pour achever la traduction de la Bible, afin de la mettre à la portée de tous. C’est un droit du peuple chrétien de disposer d’une Bible et c’est un devoir des pasteurs de rendre possible l’accès à la nourriture de la Parole de Dieu, pour y rencontrer Jésus Sauveur. De même, il est urgent de former les laïcs, sans oublier les personnes consacrées, à une rencontre personnelle et communautaire avec la Parole de Dieu, source de conversion, de service, de réconciliation et de construction d’une paix durable.
[00262-03.02] [IN210] [Texte original: français]
– S.Exc. Mgr Joviano DE LIMA JÚNIOR, S.S.S., Archevêque de Ribeirão Preto (BRÉSIL)
Dieu parle dans le coeur et la vie de toute personne, homme ou femme, enfant, adolescent ou jeune, adulte ou ancien … , de toutes les cultures et traditions religieuses ou philosophiques, de toutes les classes sociales, dans toutes les circonstances, joyeuses ou douloureuses de notre vie personnelle et sociale. Dieu parle dans les circonstances et les réalités particulières du peuple brésilien, du continent de l’ Amérique Latine et des Caraïbes… Il nous propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. À nous le choix (Cf Dt 30,19).
Nous, les chrétiens et chrétiennes, membres du Corps du Christ vivant, ressuscité, nous sommes à l’ écoute de cette parole de Dieu, nous sommes attentifs aux gémissements de 1’Esprit, attentifs aux ‘signes du temps’, attentifs au mystère pascal se dérou1ant à travers les événements. C’est pourquoi nous ouvrons le Livre des Écritures Saintes, scrutant l’auto-révélation de Dieu et la réalisation de son Plan de Salut, tout au long de l’histoire du cosmos, tout au long de 1’histoire humaine, jusqu’à nos jours. Nous essayons de comprendre le défi de notre mission au moment présent, dans chacune des réalités qui tissent notre vie personnelle et sociale.
La Bible est toujours présente dans les petites communautés de base. Dans les moments de lecture communautaire, s’établit un échange très riche entre les expériences de vie du peuple de Dieu d’aujourd’hui et d’antan: la préoccupation de la survie (la faim, les maladies, le logis, nécessités de toute sorte), essais d’ organisations communautaires, engagement dans les luttes sociales et la participation politique … , la foi au Dieu vivant surtout, qui permet la résistance contre le désespoir. Il y a beaucoup de gens – des enfants, jeunes et adultes – qui ouvrent l’Écriture Sainte dans leurs rencontres d’études et de prières, dans leur réunions concernant les activités pastorales et pour la célébration liturgique. On voit ainsi apparaître des communautés missionnaires dans les familles, les universités, dans les quartiers et même dans les milieux d’études et de travail avec le souci de vivre et d’annoncer l’Evangile.
À la Table de la Parole, le peuple de Dieu trouve la sagesse et la nourriture pour les combats de chaque jour. La Liturgie étant imprégnée de la Parole, les célébrations liturgiques sont des moments privilégiés pour la proc1amation et 1’interprétation des Écritures Saintes, pour 1’écoute de la Parole vivante qu’est le Christ et qui se manifeste à 1’assemblée lors de la célébration de l’Eucharistie et les autres sacrements, la liturgie des heures et ses offices divins, les sacramentaux, les expressions de la piété populaire …
[00283-03.02] [IN211] [Texte original: français]
– S.Exc. Mgr Rayappu JOSEPH, Évêque de Mannar (SRI LANKA)
La Lectio Divina: Je souhaite parler de la valeur nutritive et formative de la Lectio Divina expliquée au n. 38 du Document de travail, dans le contexte de l’expérience de notre pays, avec une référence particulière à mon diocèse au Sri Lanka. Le terme Lectio Divina est mentionné plus de 28 fois dans le Document de travail, et dans la vie des Églises particulières il est indiqué comme second seulement à la Célébration Eucharistique en tant que lieu privilégié pour faire l’expérience de la Parole de Dieu. Comme dans l’Eucharistie, prière suprême de l’Église, dans la Lectio Divina aussi, la Parole de Dieu est intimement reliée à la prière. La Parole de Dieu et la prière sont deux aspects d’un seul acte. Le Document de travail, au n. 41, indique: « En vue d’une spiritualité authentique de la Parole, il faut rappeler que « la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car ‘c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les oracles divins' ». Les disciples du Seigneur lui demandent de leur enseigner à prier, car ils savaient que la source de Sa vie et mission était Sa vie de prière, grâce à laquelle il parlait avec le Père et le Père avec Lui.
La Lectio Divina dans mon pays: La Conférence épiscopale du Sri Lanka,
dans son effort de revenir aux origines pour renouveler l’Église, s’est engagée, il y a 14 ans, dans la formation de petites communautés chrétiennes (SCC) à travers le Modèle pastoral intégral asiatique (AsIPA), comme priorité pastorale. Dans cette approche, l’antique pratique de la Lectio Divina s’est traduite en sept moments de rencontre avec la Bible.
La Lectio Divina dans mon diocèse: Mon diocèse de Mannar, au nord du Sri Lanka, compte 35% de catholiques, le reste du troupeau est Hindou ou Musulman. Au tout début du Christianisme dans cette région, 600 néophytes ont témoigné de leur foi en versant leur propre sang, en 1544. Ils sont connus comme étant « les martyrs de Mannar ». Leurs disciples dans la foi, les personnes vivent aujourd’hui une foi profonde et le diocèse est riche de vocations au sacerdoce et à la vie religieuse, fruits de la foi de leurs pères. Cependant, une guerre ethnique qui dure depuis un quart de siècle, avec ses destructions de vies et de propriétés, de déplacements de masse, etc., ont conduit notre population à une perte du sens d’appartenance car la crise s’est transformée en une question de survie des plus forts. Les sectes fondamentalistes sont en train de se frayer un chemin pour pêcher dans les eaux troublées.
[00287-03.03] [IN218] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Augustin TRAORÉ, Évêque de Ségou (MALI)
Les chrétiens du Mali constituent une petite minorité au point de vue du nombre, mais ils sont appréciés et respectés à cause du témoignage qu’ils rendent à l’Évangile de Jésus-Christ.
La qualité du témoignage de vie des chrétiens catholiques et protestants maliens force l’admiration de leurs frères et soeurs musulmans qui aiment à dire souvent qu’il faut toujours confier la gestion des choses sérieuses aux chrétiens parce que l’Évangile qu’ils annoncent apporte la justice et la paix.
La cohérence dans le témoignage est à promouvoir par une collaboration toujours plus fructueuse entre les communautés chrétiennes catholiques et protestantes.
Le secrétariat de l’Apostolat Biblique de la conférence des Evêques du Mali a décidé depuis sa création de favoriser le dialogue oecuménique au Mali. Ainsi travaille-t-il étroitement avec l’Alliance Biblique Universelle au Mali, de manière plus directe avec le Bureau national de l’Alliance Biblique au Mali dans un esprit d’oecuménisme.
Les bonnes relations entretenues entre les membres du Secrétariat Biblique et l’Alliance Biblique au Mali ont permis une collaboration fructueuse dans les domaines de la formation des traducteurs de la Bible, de la diffusion de la Bible, de l’Alphabétisation …
La Parole de Dieu, étant pour tous les enfants de Dieu, est un puissant moyen de communication entre les hommes de différentes religions. Le synode sur la Parole de Dieu va certainement favoriser un dialogue interreligieux fructueux à partir d’une meilleure connaissance de cette Parole. Le dialogue interreligieux suppose une bonne connaissance de la Parole de Dieu qui est aussi DIALOGUE et qui favorise les conditions d’un dialogue fructueux entre les différentes confessions.
[00244-03.02] [IN192] [Texte original: français]
– S.Exc. Mgr Lucjan AVGUSTINI, Évêque de Sapë (ALBANIE)
L’histoire de l’Église au sein du peuple albanais nous indique que Dieu fait en sorte que sa parole donne beaucoup de fruits.
Des catholiques albanais ont vécu la même expérience que le peuple juif à Babylone, où la Parole de Dieu a conservé son identité. Sous le régime communiste, alors que toute pratique religieuse était interdite, le souvenir de la Parole de Dieu a préservé la foi des catholiques albanais.
Pendant que le Concile Vatican II, avec ses encycliques et ses documents, dont Dei Verbum, apportait de nombreux changements au sein de l’Église universelle, l’Église en Albanie était contrainte au silence.
Nous pouvons dire que l’exemple des évêques, des prêtres et des laïcs fusillés ou incarcérés pour avoir professé la foi dans la Parole Incarnée a encouragé tous les fidèles à traduire la Parole de Dieu dans la vécu. Par leur attitude, ils ont enseigné au peuple la fidélité, l’amour et le pardon des ennemis.
Dans la prière liturgique, d’importants progrès ont été accomplis pour mettre en valeur l’Écriture Sainte et en faire le point de départ de tout culte en Esprit et en Vérité et la force qui unit la communauté qui prie.
Les personnes écoutent avec un sentiment de foi la Parole de Dieu mais ils ont encore faim et soif. Nous n’avons pas la possibilité d’assouvir cette faim et cette soif. Nous avons encore de nombreuses difficultés et une grande nécessité de rééditer l’Écriture Sainte.
[00245-03.04] [IN193] [Texte original: italien]
– S.Em. le Card. Antonio CAÑIZARES LLOVERA, Archevêque de Toledo (ESPAGNE)
L’intervention se réfère à la catéchèse, comprise comme l’une des formes du ministère de la Parole. On veut souligner le rôle irremplaçable et fondamental de la catéchèse pour la transmission de la Parole de Dieu, dont la particularité consiste à être une période d’enseignement et de maturité, de réflexion vitale sur le mystère du Christ, d’initiation intégrale – vitale, ordonnée et systématique – dans la Révélation que Dieu lui-même a faite à l’homme en Jésus Christ, ni séparée de la vie ni juxtaposée artificiellement à elle, et conservée dans la mémoire profonde de la Tradition vivante de l’Église. La catéchèse introduit, initie, à l’écoute et à l’accueil de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, dans la liturgie, dans la vie morale évangélique conforme à la charité et dans la prière.
Sans catéchèse, la majorité des chrétiens ne seraient pas en mesure de s’approprier et de traduire l’Évangile dans la vie, ni d’agir dans le sens missionnaire et apostolique, ni de se confronter avec succès aux courants spirituels et culturels de notre temps. C’est seulement à partir d’une catéchèse sérieuse, authentique et renouvelée, que l’Église pourra déployer avec force toute l’amplitude des éléments et des fonctions de son action évangélisatrice.
Il est nécessaire que la catéchèse, en tant qu’oeuvre évangélisatrice de l’Église, trouve ses fondements dans la nature de la révélation chrétienne et de la Tradition vivante de l’Église, telle qu’elle est exprimée dans la Constitution Dei Verbum du Concile Vatican II.
Lorsque la catéchèse se situe dans cette perspective, elle suscite l’adoration et, avec elle, l’admiration et l’étonnement devant Dieu. Avec la force du témoignage, elle parle de Dieu pour lui rendre gloire. De là jaillissent la louange, l’action de grâces, la prière. De là aussi proviennent l’initiation à l’écoute et à l’obéissance à la Parole de Dieu, à la prière et à la liturgie. De là jaillit aussi la vie conforme au vouloir de Dieu. Lorsque la catéchèse s’appuie sur ces bases, il naît dans le coeur de l’homme le désir de Dieu, sa recherche, la contemplation de son Visage, qui est sa Parole faite chair, Jésus Christ, l’expérience joyeuse d’être avec Lui, qui est Amour, contemplé dans sa Parole incarnée, et vivre en conformité avec Lui dans l’amour, et en cheminant dans l’espérance.
[00246-03.03] [IN194] [Texte original: espagnol]
– S.Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova, Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN)
Je souhaite commencer mon intervention en faisant référence au paragraphe 53 du Document de travail qui parle de « méthodes » et des « nouvelles formes de langage et de communication » dans la transmission de la Parole de Dieu.
Nous vivons actuellement une période de changements profonds dans le monde de la communication. Les experts parlent souvent d’une révolution numérique pour indiquer les avancées extraordinaires des technologies des communications dont nous avons été témoins au cours des vingt dernières années. Il serait toutefois er
roné de considérer ces changements comme purement technologiques, car ils ont révolutionné aussi la culture des communications. Ils ont changé la manière de communiquer des personnes, leurs modes de s’agréger et de créer des communautés, de connaître le monde, de s’engager dans des organisations politiques ou commerciales.
En tant que communauté de croyants engagée à faire connaître à toutes les nations la Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus Christ, l’Église est confrontée au défi qui consiste à réfléchir sur la manière dont elle peut réussir à communiquer son message dans le contexte de la nouvelle culture émergente des communications. Nous avons considéré, d’une manière générale, les nouveaux moyens et technologies de la communication comme des instruments permettant de transmettre la Parole – Evangelii Nuntiandi a défini les nouveaux moyens comme « une version moderne et efficace de la chaire ». Le défi d’aujourd’hui est de comprendre que les nouvelles technologies ne sont pas seulement des instruments de communication mais qu’ils influencent profondément la culture même des communications.
La communication digitale a transformé les modèles d’utilisation et de consommation des médias. Là où, par le passé, nous avions tendance à considérer les lecteurs, les auditeurs ou les observateurs des médias comme des spectateurs passifs d’un contenu produit par un centre, il est clair qu’aujourd’hui nous devons considérer le public comme plus fortement sélectif ou interactif d’une plus vaste gamme de médias. La logique des communications a été radicalement modifiée: le centrage sur les médias a été remplacé par une concentration sur le public qui est toujours plus autonome et délibératif en ce qui concerne sa consommation des médias.
Nous avons toujours été – à juste raison – attentifs au contenu de notre enseignement; aujourd’hui nous devons être plus attentifs à notre public ou aux multiples publics auxquels nous nous adressons afin de comprendre leurs préoccupations et leurs demandes. Nous avons besoin de mieux comprendre et de tenir compte des contextes et des environnements dans lesquels ils rencontrent la Parole de Dieu. Le développement d’Internet en tant que moyen interactif dans lequel les usagers cherchent à s’imposer en qualité de sujets et non pas seulement de consommateurs, nous invite à développer de manière plus explicite des formes dialogiques d’enseignement et de présentation.
[00282-03.03] [IN214] [Texte original: italien]</p>
– S.Exc. Mgr Fragkiskos PAPAMANÓLIS, O.F.M. Cap., Évêque de Syros, Administrateur de Milos (GRÈCE)
Je voudrais ajouter une réflexion au n. 54 qui traite de la Parole de Dieu en tant que lien oecuménique. Je vis en Grèce, où nous, les catholiques, sommes une minorité au milieu de la grande majorité constituée de nos frères orthodoxes. Ils est donc naturel pour moi d’aborder cette question.
Dans le Document de travail, j’ai cherché la réponse à une question que m’adressent souvent nos frères orthodoxes ou que, parfois, je lis dans les journaux : « Comment pouvez-vous, vous les catholiques, justifier les structures par lesquelles agit votre Église en tant qu’institution si vous la mettez en regard de la Parole de Dieu ? ». Et, plus loin dans la conversation, je comprends qu’ils parlent du corps diplomatique, et de toutes les ramifications qu’il déploie, et dont l’Église fait un large usage.
Je suis conscient des exigences des institutions et du bien qu’apporte la diplomatie. Il est toutefois vrai qu’elles doivent toujours être réexaminées et vérifiées à la lumière de la Parole de Dieu, parce que la fin ne justifie pas les moyens.
En étudiant l’histoire, nous rencontrons dans la vie de l’Église des décisions d’urgence et des modes de comportement structurel qui pourraient être justifiés du fait d’un moment historique donné, mais ces décisions, sont maintenues ensuite dans les structures de l’Église. Je pose alors la question : ces décisions continueront-elles à marquer le pas de la vie de l’Église pour des siècles et des siècles ? Notamment quand de semblables structures ne résistent pas à la lumière des principes théologiques ?
Pour l’Église catholique, l’engagement oecuménique est le premier engagement du troisième millénaire. Un engagement qui ne peut se limiter à l’échange d’invitations, de visites et de dons, ou même à tous ces gestes qui expriment notre désir de créer l’unité. Le désir ne suffit pas. Nous devons être disposés à sacrifier lois et structures, pour préparer le jour béni dans lequel tous les chrétiens seront unis.
Le jour béni de l’union des chrétiens, en effet, ne sera pas « une rencontre inconditionnée » avec nos frères, mais une fusion de deux pièces d’or, pour arriver à une nouvelle entité dans l’unité. Le temps du chemin oecuménique ne sera authentique que si chaque Église suit un chemin de purification de ses structures.
Sur ce chemin, la Parole de Dieu est l’instrument qui doit guider l’une et l’autre Église, car elle est l’unique élément commun autour duquel nous pouvons nous rencontrer et confronter nos idées.
[00247-03.02] [IN195] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Felix TOPPO, S.I., Évêque de Jamshedpur (INDE)
Malgré la réalité amère des divisions historiques de l’Église, l’oecuménisme a fait des progrès considérables vers l’unité des Églises depuis le Concile Vatican II.
Réalité de la division
Nos divisions ont entraîné des blessures au Corps mystique du Christ. Nos divisions contredisent la volonté du Christ et son enseignement de l’amour, de l’humilité et du pardon. Ces divisions sont un crime sérieux et un scandale face au monde.
Travailler pour l’unité
Le fait que, malgré ces divisions, nous mettions tout en oeuvre pour l’unité est un signe d’espoir. Mais bien que les querelles personnelles soient terminées, l’unité des chrétiens reste toujours éloignée.
Aspirations de l’Église
Les premières lignes du « Décret sur l’oecuménisme » du Concile Vatican II souligne la « promotion de la restauration de l’unité entre tous les chrétiens » comme une des principales préoccupations du Concile (cf. UR 1; LG 15). Ce que soulignent également les Papes : Jean-Paul II (cf. Ut unum sint, n. 61) et Benoît XVI (IL 54) ont insisté sur l’importance primordiale de l’union pleine et visible de tous les disciples de Jésus.
La nécessité de l’unité
Nous confessons notre foi en un seul Dieu, un seul Baptême, un seul Message, une seule Espérance, et un seul Amour ; un sacrifice qui nous invite à une unité indivise. Nous rappelons les prières de Jésus à son Père pour l’unité (Jn 17, 21).Mes propositions
1. Un véritable oecuménisme nous invite à assumer des attitudes spirituelles d’amour et d’humilité envers les tous les chrétiens.
2. Tous les chrétiens doivent être encouragés à participer à des pratiques collectives de Lectio divina.
3. Nous devrions nous garder de la dilution de la vérité et des faux oecuménismes.
4. Nous devrions renforcer les dynamiques naturelles d’unité, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos Églises particulières.
5. Les Églises d’Orient et d’Occident doivent se mettre d’accord sur un jour en commun pour la célébration de la Pâque.
[00248-03.04] [IN196] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Joaquim FERREIRA LOPES, O.F.M. Cap., Évêque de Viana (ANGOLA)
l. Les cultures africaines dans lesquelles nous annonçons la Bonne Nouvelle, sont des cultures anciennes qu’il faut bien connaître dans leur profondité. Au même temps, elles ont un penchant symbolique très accentué qu’il faut non seulement respecter mais aussi savoir utiliser.
Nos cultures africaines peuvent bien être appelées Cultures de la parole dans un sens à la fois existentiel et symbolique. En fait, d’une part, la parole humaine, comme telle, a une valeur extraordinaire; d’autre part, la Parole de Dieu a une valeur exceptionnelle. La Pa
role de Dieu déborde tout sens attribuée à la parole dans quel que soit le contexte.
À cause de cela, la Parole de Dieu, la Bible, est vénérée dans nos Assemblées liturgiques d’une façon telle qu’une espèce de rite d’intronisation a commencé à s’introduire lentement et progressivement dans la célébration de l’Eucharistie.
Pour les africains, la Parole est vivante, elle est Quelqu’un qui vient à la rencontre de la communauté réunie par l’Esprit Saint au nom du Seigneur. Avec un grand sens de créativité, la communauté a besoin d’autres formes de lecture au niveau du rituel, du geste, du symbole.
Nous devons approfondir tout ce qui touche le problème de l’Inculturation afin d’éviter dans le processus de la Nouvelle Évangélisation en cours, certaines erreurs du passé en ne considérant pas ces aspects qui ont mené à une évangélisation qui n’a pas touché profondément la culture restant au niveau du périphérique, du superficiel.
2. Il faut rendre hommage aux catéchistes, hommes et femmes, au courage farouche qui, ayant reçu la Foi et en restant fidèles, ont réussi pendant des dizaines d’années lorsque la guerre ravageait le pays, à maintenir les communautés vivantes au prix de leurs propres vies. Il y a eu beaucoup de sainteté et de martyrium dans ces communautés.
Maintenant ont peut voir la Bible dans les mains des fidèles et entrant dans leurs maisons.
L’Évangile est de nouveau annoncé aux pauvres bien que nous avons encore évidemment beaucoup de pain sur la planche.
[00254-03.02] [IN201] [Texte original: français]
– Très Rév. P. Kieran O’REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des missions Africaines
L’une des caractéristiques des lettres de saint Paul est qu’il les commencent toujours en remerciant Dieu pour le travail et l’engagement de ceux à qui il écrit. « Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous, en tout temps dans toutes mes prières pour vous tous, prières que je fais avec joie ; car je me rappelle la part que vous avez prise à l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant » (1, 3-5). Je voudrais m’adresser aux agents de la Parole, « partenaires de l’Évangile ».
A) Les catéchistes, religieux et laïcs, hommes et femmes. B) Les Évêques, les prêtres et les diacres. C) Un troisième groupe représenté par ceux qui travaillent silencieusement et avec diligence – les exégètes bibliques.
Il est important que ce Synode saisisse cette occasion pour reconnaître le progrès substantiel accompli au cours des 50 dernières années et le rôle de ceux que j’ai mentionnés plus haut.
Quatre défis:
1. L’usage dévot de la Bible associé à une recherche authentique.
Un grand défi à relever est celui d’unir l’utilisation de la Bible à une recherche sérieuse tant historique que critique. Cette mission pourrait être décrite comme l’union d’un engagement de foi passionné et d’une érudition impeccable.
2. Comment les prêtres-agents de l’évangélisation peuvent-ils connaître davantage et se sentir plus à l’aide avec le texte de la Bible? Il est essentiel de mettre au point des programmes de formation permanente adaptés, surtout en ce qui concerne l’Écriture.
3. Le ministère de « Justice et Compassion » à l’intérieur de l’Église devrait être présenté plus directement. L’Église sur tous les continents a besoin d’hommes et de femmes en première ligne dans l’oeuvre d’évangélisation, qui soient des témoins du Christ Miséricordieux et affectueux.
4. La vocation à inculturer ou à incarner la Parole de Dieu en Afrique en est encore à une phase initiale. L’oeuvre d’évangélisation se poursuit incessamment et, même si d’importants pas en avant ont été faits, il reste encore du chemin à faire pour la diffusion complète de la Parole.
[00256-03.03] [IN204] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Daniel CARO BORDA, Évêque de Soacha (COLOMBIE)
Dans les Évangiles, nous trouvons l’ « Histoire d’une âme ».
Le fondement des Évangiles, ce sont les paroles et les actes de Jésus, enrichis des confessions de foi apostolique et des différentes traditions des communautés primitives. Cela ne nous empêche pas de trouver dans les Évangiles « la spiritualité vécue par Jésus », son cheminement spirituel. Un cheminement spirituel qui s’appelle « Royaume de Dieu ». Un Royaume qu’il a transformé en réalité en lui-même et qu’il a révélé aux Douze et aux autres. Un Royaume qui est à l’intérieur et que l’on trouve et édifie à partir de là. L’étude et la lecture assidue de l’Évangile nous amènera à connaître l’âme de Jésus, non seulement ses paroles. C’est trouver l’histoire d’une âme désireuse de construire le vrai Royaume ad intra et de le partager et faire connaître ad extra. Il s’agit d’entrer dans le cheminement spirituel qu’il a vécu à partir du baptême pénitentiel, jusqu’à la résurrection et l’ascension glorieuse.
Par la Parole, trouver Jésus de Nazareth, qui nous invite et nous accompagne à construire comme lui, le Royaume de Dieu… C’est là le coeur de l’être disciple.
[00259-03.03] [IN207] [Texte original: espagnol]
– S.Em. le Card. Giovanni Battista RE, Préfet de la Congrégation pour les Évêques (CITÉ DU VATICAN)
1. Il est du devoir de l’Évêque d’être héraut de la Parole de Dieu; docteur authentique c’est-à-dire investi de l’autorité du Christ qui l’illustre et la transmet; maître qui la conserve fidèlement et la défend; témoin qui la proclame y compris par l’exemple de sa propre vie (cf. Lumen Gentium).
Dans l’exercice du munus docendi, l’Évêque doit enseigner aux fidèles la parole puisée à l’Écriture Sainte, à la Tradition, au Magistère, à la Liturgie de l’Église en étant attentif à ce que la révélation chrétienne soit proposée intégralement et fidèlement. De la même façon, la Parole de Dieu doit constituer un point de repère du munus sanctificandi et du munus regendi.
Un pasteur doit sentir profondément la responsabilité primaire de diffuser et de faire aimer la Parole de Dieu: il doit sans cesse l’étudier et réfléchir sur les moyens lui permettant de réaliser au mieux sa mission.
Par le biais d’une oeuvre pastorale soignée, l’Évêque doit guider ses prêtres et ses fidèles à écouter, aimer, intérioriser la Parole de Dieu de manière à familiariser avec elle et à en cueillir le sens profond, de manière à parvenir au salut par « l’obéissance de la foi » (Rm 1, 5).
L’Évêque doit également mettre tout en oeuvre afin que la Parole de Dieu ait une incidence et une influence sur la culture en cherchant à illuminer avec la Parole de Dieu le nouveau qui apparaît à l’horizon.
2. En outre, il incombe à l’Évêque de se prodiguer afin que la Parole de Dieu soit conservée vivante, intègre et féconde. L’Évêque a l’obligation de défendre la Parole de Dieu de tout ce qui peut compromettre sa pureté et son intégrité. Il doit avoir le courage d’intervenir avec clarté et autorité contre toute interprétation ou hypothèse arbitraire.
Il faut ensuite enseigner à lire l’Écriture Sainte non pas comme un livre quelconque mais comme ce qu’elle est vraiment, c’est-à-dire la Parole de Dieu, en parlant avec Dieu, apprenant donc à prier à partir du texte écouté ou lu, médité et approfondi.
3. Afin de bien remplir sa tâche, l’Évêque doit tout d’abord se nourrir lui-même de la Parole de Dieu. Chaque Évêque doit mettre au centre de sa vie la Parole de Dieu de façon à ce qu’elle devienne la véritable réalité, le véritable fondement de son expérience de foi et de toute son activité pastorale. La Parole de Dieu doit imprégner toute notre manière de voir, de penser et d’agir et devenir le soutien et le réconfort de notre existence.
Au cours du rite d’ordination épiscopale, le moment où l’Évangéliaire est ouvert au-dessus de notre tête est particulièrement significatif. Notre ministère a été placé sous la Parole de Dieu avec la mission de l’annoncer, de la proclamer
, de la vivre fidèlement et de la défendre dans sa limpidité.
L’image de l’Évangile ouvert placé sur notre tête rappelle celle du toit d’une maison. La Parole de Dieu, pour nous les Évêques, c’est la maison que l’on quitte chaque matin pour aller vers le troupeau qui nous est confié, et à laquelle on revient le soir. La Parole de Dieu est également le toit sûr sous lequel trouver refuge quand les tempêtes frappent notre vie; elle est le lieu intime où les liens, les souvenirs et les affections, tout comme les angoisses et les préoccupations pastorales confluent pour trouver dans le Christ le repos de l’âme et les énergies pour affronter les problèmes et les défis du moment.
[00278-03.03] [IN213] [Texte original: italien]
– B. D.nus Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des Syro-Malankars, Président du Synode de l’ Église syro-malankare (INDE)
L’identité ecclésiale de l’Église archiépiscopale majeure catholique syro-malankare que je représente doit être vue à partir de trois dimensions importantes. L’Église malankare apostolique a reçu l’antique patrimoine liturgique syrien occidental, s’est solidement enracinée dans le terrain spirituel indien et a été enrichie par la pleine communion et par l’universalité de l’Église catholique. Telle est notre bénédiction et notre vocation.
L’une des principales exigences de l’Église catholique malankare est l’impératif oecuménique. Avec la prière de Jésus (Jn 17, 8), le Saint-Père, le Pape Benoît XVI nous inspire en disant que « l’unité dans la foi peut être atteinte principalement comme réponse à l’écoute de la Parole de Dieu ».L’Église malankare a la chance de posséder une tradition liturgique profondément enracinée dans la Parole de Dieu et invite tout un chacun à modeler sa vie sur la Parole de Dieu. Nos traditions liturgiques sacrées sont animées par la Parole de Dieu.
Déjà au début du mouvement de réunification, l’Église catholique malankare a insisté spécialement sur sa mission ad gentes.
Notre engagement missionnaire, dans le contexte indien, pluraliste tant du point de vue religieux que culturel est confronté à de nouveaux défis, notamment le fondamentalisme, l’insistance sur le thème de la liberté religieuse etc.. Les bénéfices sociaux et économiques mis en place par le gouvernement sont refusés aux dalits et aux communautés défavorisées quand elles deviennent chrétiennes. Les récentes attaques contre des chrétiens représentent un signal fort, que les sectes fondamentalistes lancent à toutes les personnes de bonne volonté. Nous sommes reconnaissants au Saint-Siège pour sa solidarité ouverte et ponctuelle dans ces moments-là.
[00284-03.03] [IN215] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Joseph Albert SERRANO ANTÓN, I.E.M.E., Évêque de Hwange (ZIMBABWE)
La majorité de la population du Zimbabwe est composée de non-chrétiens. Dix pour cent de la population est catholique, tandis qu’un autre trente pour cent appartient à d’autres églises chrétiennes, surtout à des groupes pentecôtistes et à des églises syncrétistes ou africaines indépendantes. Approximativement soixante pour cent de la population suit la religion traditionnelle.
Parmi les catholiques, tous ne pratiquent pas régulièrement leur foi, le nombre de familles catholiques est relativement bas – le cas est fréquent où les différents membres de la famille appartiennent à des églises différentes dans lesquelles ils y pratiquent leur foi – et nous connaissons un exode de catholiques qui, pour des raisons diverses telles que maladies, mariages mixtes, amis, nécessités émotives, insatisfaction religieuse, problèmes financiers, etc., rejoignent temporairement ou définitivement d’autres églises ou groupes religieux. L’instabilité actuelle de la situation socio-politique et économique se répercute sur la vie de l’Église, ouvrant la voie à l’égoïsme, et même à la haine et à la violence parmi les membres d’une même paroisse, en raison de leur affiliation à des partis politiques d’opposition.
Dans ce contexte compliqué, le mandat du Seigneur, « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19) semble un défi actuel qui nous est lancé. Que faire? Qu’est-ce que le Seigneur est en train de nous demander? Comment présenter sa Parole d’une manière adéquate dans cette situation présente?
Je voudrais simplement énumérer quelques points que je considère essentiels pour notre proclamation de la Parole.
1. Nécessité d’une solide formation biblique à tous les niveaux. Nous soulignons le besoin d’instruire les laïcs.
2. L’utilisation des médias et des technologies électroniques modernes comme instruments tant pour apprendre la Parole de Dieu que pour la proclamer. Nous ne devons pas oublier, mais au contraire les utiliser davantage encore, les méthodes traditionnelles de communication, toujours valables et efficaces, telles que la musique, la récitation et la danse.
3. L’importance des petites communautés chrétiennes comme lieux où la Parole de Dieu est proclamée, vénérée et vécue; un dévouement sérieux à la cause de la justice et de la paix, et au service de la charité, est en train de prendre forme; il est possible de parvenir à la réconciliation et au pardon réciproque « si nécessaire aujourd’hui »; la Parole de Dieu devient inculturée; l’Église est vécue comme une famille, la famille de Dieu, et devient autosuffisante pour l’accomplissement du ministère et de la mission. La paroisse devient ainsi plus dynamique et est vécue comme une communauté parmi les communautés ou comme une famille élargie.
4. Nécessité de Bibles tout comme de ressources et supports, simples mais solides, dans les différentes langues, qui peuvent aider nos fidèles dans leur parcours de formation vers une rencontre personnelle toujours plus profonde avec le Christ.
5. Nécessité de maisons de spiritualité – lieux pour des exercices spirituels – où la Parole de Dieu est méditée dans la prière et le silence.
6. Nous avons aussi besoin d’offrir un plus grand soutien à la Fédération Biblique Catholique dans son engagement et dans son oeuvre de mise en application de la Constitution Dei Verbum.
[00285-03.03] [IN216] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja (NIGÉRIA)
1. Il Concile Vatican II, dans sa Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium », au n. 16, déclare:
« Mais le dessein de salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi eux, d’abord, les Musulmans qui, en déclarant qu’ils gardent la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au dernier jour ».
Le Document de travail, au n. 56, dans son chapitre sur le « Dialogue interreligieux », cite un passage similaire mais plus détaillé de « Nostra Aetate » du Concile Vatican II qui, au n. 3 insiste en particulier sur le fait que les musulmans adorent un « Dieu … qui a parlé aux hommes ». Le but de mon intervention est de lancer un appel à cette auguste assemblée afin qu’elle prête plus d’attention aux importantes déclarations susmentionnées.
2. Je viens du Nigeria, un pays où les relations entre chrétiens et musulmans représentent un défi constant. Je suis donc conscient du fait que le contexte de nombreux lieux nous a souvent conduit, au cours des quarante dernières années, à nous demander si l’attitude positive et ouverte de l’Église ne relèverait pas de la naïveté. Existe-t-il une réciprocité dans les efforts que nous accomplissons pour avoir de bons rapports? Quelle que soit la réponse, le dialogue avec l’islam est nécessaire, tout difficile qu’il puisse être.
3. Mais tout n’est pas négatif. Il existe des signes des temps positifs que, selon moi, nous ne devrions pas négliger. Dernièrement, l’autocritique est de plus en plus présente dans le monde musulman. En outre, trois événements importants qui ont eu lieu récemment méritent notre attention: a) la « P
arole Commune », lettre de plus de 140 responsables musulmans du monde aux responsables chrétiens; b) la visite du Roi d’Arabie Saoudite au Pape et c) l’appel conscient et l’initiative des cercles musulmans en faveur du dialogue avec les chrétiens à différents niveaux. L’Église a bien fait d’accueillir et d’encourager ces gestes au niveau mondial, leur impact se faisant déjà sentir au niveau local.
5. Pour que tout cela aille au-delà des positions diplomatiques, je pense que nous devrions intensifier notre réflexion théologique sur l’islam en tant que religion, selon les lignes directrices indiquées par le Concile Vatican II. En particulier, et cela est important pour le thème du Synode, il faut comprendre ce que « Nostra Aetate » entend en citant Dieu qui parle aux musulmans.
6. Construire un monde meilleur fait partie de la mission de l’Église. Pour ce faire, il est nécessaire de collaborer avec ceux qui partagent avec nous cette même sollicitude. Il s’agit là sans conteste d’un défi urgent pour les deux plus grandes religions de la planète.
[00286-03.03] [IN217] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Louis-Marie Ling MANGKHANEKHOUN, Évêque titulaire d’Acque nuove di Proconsolare, Vicaire Apostolique de Paksé (LAOS)
Le Verbe s’est fait chair et Il a parlé du dessein de Dieu aux hommes, mais les hommes l’ont
tué parce qu’il les dérangeait. En fait, Il savait bien que ces hommes ne l’aiment pas; cependant lui, il a décidé de sa propre liberté, en accord avec la Volonté du Père, de marcher vers cette mort. Si le Verbe incarné, le Créateur et Sauveur de l’univers a mis tant de temps pour se préparer à sa mission, c’est qu’il accordait une importance très spéciale a cette préparation: 30 ans de préparation, pour 3 ans de prédication, pour 3 jours de rédemption et une nuit dans le tombeau, avant la glorieuse résurrection. Pour l’apôtre, il doit être lui-même le témoin de la Parole de Dieu. Il doit être la garantie de la véracité de ce qu’il dit, de ce qu’il fait, par son être vivant et agissant, par son existence d’homme de foi et d’homme d’engagement, par sa vie de consacré, et pourquoi pas, de sa vie d’ épiscope … En un mot, il vit de la Parole de Dieu dans le quotidien de sa vie d’évêque, cela veut dire, être témoin visible, vivant et palpable de la Parole de Dieu, en tant que pasteur du peuple que la Parole de Dieu lui confie. Cette Parole de Dieu incarne est le Bon Pasteur Lui-même, en chair et en os; c’est le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis.
La Parole de Dieu dans la vie de l’Eglise veut dire, d’abord et avant tout, vivre soi-même la Parole de Dieu, dans le silence de sa vie privée, dans sa vie cachée, personnelle et intime, comme l’avait fait et vécu, le Verbe incarné, durant 30ans.
La Parole de Dieu dans la mission de l’Eglise, c’est être soi-même le témoin visible et palpable de l’amour salvifique de la Parole de Dieu. Le monde actuel est fatigué d’écouter, fatigué d’entendre; mais il n’est pas fatigué de s’étonner, d’admirer et de s’émerveiller par le témoin vrai, le témoin authentique qui vit la Parole de Dieu dans sa vie personnelle et dans sa vie privée de pasteur. Le monde d’aujourd’hui a terriblement faim et soif de la Parole vécue authentiquement par les évêques, par les prêtres; en un mot par ceux qui se nomment personnes consacrées. Le monde actuel a faim et soif des pasteurs qui vivent de ce qu’ils prêchent et de ce qu’ils vivent intérieurement.
[00288-03.03] [IN219] [Texte original: français]
– S.Exc. Mgr Jörg Michael PETERS, Évêque titulaire de Fordongianus, Évêque auxiliaire de Tréves (ALLEMAGNE)
« La Parole de Dieu, grâce de communion » (Document de travail n°54 sqq.). Sur les possibilités de la collaboration au niveau oecuménique:
1. Depuis la parution, il y a une trentaine d’années, de la « traduction unifiée », c’est-à-dire de la traduction de l’Écriture Sainte publiée par le Conseil de l’Église évangélique (EKD) en collaboration avec la Conférence des Évêques allemands (DBK), un grand progrès commun a été réalisé. Elle a presque immédiatement été admise dans les textes bibliques dans l’ensemble des pays de langue allemande. Sur la base de cette traduction commune, de nombreux groupes d’approfondissement biblique interparoissiaux ont vu le jour et continuent de se développer, dans un esprit oecuménique.
C’est avec tristesse que les Évêques ont dû se conformer au fait que, suite à une partielle révision de cette traduction devenue désormais nécessaire, une action commune avec le Conseil de l’Église Évangélique n’a plus été possible. Si nous sommes unis, en tant que chrétiens, en une double forme, au travers du Baptême et de la Parole de Dieu, cet aspect est d’autant plus triste justement parce qu’il s’agit, face au monde devenu indifférent ou sourd, de rendre un témoignage à la Parole.
2. Un nouveau début dans le dialogue judéo-chrétien (Document de travail n°55)
Nous avons déjà entendu dire que la tradition interprétative hébraïque de la Bible est très utile même pour la compréhension chrétienne de cette dernière. Nous sommes heureux du nouveau début prometteur, commencé il y a trois ans, concernant le dialogue entre les représentants de la Conférence des Évêques allemands et du Conseil de l’Église Évangélique avec des rabbins qui oeuvrent dans notre pays. Ce nouveau dialogue pourrait aider à soigner, du moins en partie, la profonde blessure de la communauté juive et des traditions juives, si vives par le passé et presque totalement détruites durant le national-socialisme. Pour conclure, une considération pratique relative au choix des lectures vétéro-testamentaires selon l’Ordo Lectionum Missae. Étant tout à fait conscient qu’au sein de ce Synode, la problématique fondamentale soulevée ne peux trouver de réponse, la question du choix et de l’ordre des péricopes vétéro-testamentaires a toutefois un rôle important.
[00292-03.04] [IN220] [Texte original: allemand]
– S.Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.I., Évêque de Lira (OUGANDA)
« Ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». (Mt 10,27)
Dans un bon nombre de nos diocèses, l’Église possède et gère des journaux ou des bulletins diocésains; certains ont créé leur site web, et nous disposons souvent d’une radio diocésaine.
La question est la suivante: comment nous servir de nos radios – ou de celles auxquelles nous avons accès – pour diffuser la Parole de Dieu?
J’ai un double appel et une double proposition:
1. Le Synode devrait encourager les diocèses, surtout ceux appartenant à une même région ou parlant la même langue, à échanger des informations et à mettre à la disposition des autres les émissions ou formats radiophoniques concernant la Parole de Dieu qui ont eu du succès ou qui sont devenus populaires. Nous devrions organiser, petit à petit, une riche bibliothèque médiatique, une base de données, une source commune à laquelle tous les diocèses peuvent librement puiser, adapter et employer tout ce qui plaira davantage aux usagers, et présenter la Bible, la Lectio Divina ainsi que des réflexions sur les lectures liturgiques à différentes catégories d’auditeurs, enfants, jeunes, adultes, familles, etc.
2. La Fédération biblique catholique devrait collaborer avec la Commission pontificale pour les Communications sociales afin de promouvoir et appuyer ces initiatives, en offrant, à cet effet, son expérience, sa préparation, ainsi que son soutien moral et financier.
[00293-03.02] [IN221] [Texte original: anglais]
– S.Exc. Mgr Pierre-André DUMAS, Évêque d’Anse-à-Veau et Miragoâne (HAÏTI)
1. Déjà dans son discours au congrès sur la Dei Verbum, le Pape Benoît disait: « l’Église doit toujours se renouveler et retrouver sa jeunesse avec la Parole de Dieu qui ne vieillit ni ne s’épuise jamais ».
2. Dans sa relatio introductive, le Secrétaire général affirme: « ce Synode doi
t aider à découvrir la Parole de Dieu en tant que source de renouvellement et de fraîcheur pour que l’Église soit perçue comme Église continuellement dynamique et jeune » (Chap. V).
3. Aussi, si l’Église habite la Parole, l’attitude fondamentale d’être en continuel état de conversion non seulement lui sera appropriée mais plutôt innée.
4. L’appel urgent à la conversion qui de tout temps parvient à ses oreilles (Mc 1,15): « Repentez-vous donc et convertissez-vous » (Ac 3,19), prend son origine de la Parole et doit se renforcer avec la Parole comme une réalité fondatrice et transversale qui fixe l’horizon herméneutique de sa fidélité à sa vocation.5. Donc, avant de devenir dépôt à garder, étudier, prier, expliquer et communiquer, la parole est, prioritairement et principalement, principe guérisseur et purificateur: « Je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce (Ac 20,32) « qui a le pouvoir de bâtir l’édifice et de procurer l’héritage » (Ac 20,30-32).
6. Ainsi un synode sur la Parole doit faire tomber le voile trop épais des vieux schémas, des paradigmes, des perspectives désormais dépassées, de nos conceptions taboues, d’un certain style qui fatigue et appesantit, d’une certaine organisation et conception pastorale vieux système qui a même trop tendance à enchaîner la parole.
7. Dans le même temps, je souhaite que ce programme de conversion devienne la quintessence de sa mission et l’aide à redéfinir son projet comme processus de maturation et de cette même conversion.
8. Enfin, si les pasteurs pouvaient être les premiers à s’engager sur la voie de la conversion à Dieu et à sa Parole d’amour, alors l’Église entrerait dans une nouvelle Pentecôte de l’Esprit pour devenir toujours davantage ce qu’elle est profondément: germe d’unité, ferment de communion, semence d’espérance, irradiation, irradiation d’amour et levain de la nouveauté de Dieu dans l’histoire.
[00294-03.03] [IN222] [Texte original: italien]
AUDITION DES AUDITEURS (III)
Puis sont intervenus les Auditeurs et Auditrices suivants:
– Mme. Hanna-Barbara GERL-FALKOVITZ, Professeur de Philosophie de la Religion et d’Histoire comparèe des Religions près l’Universitè Technique de Dresde (ALLEMAGNE)
– R.P. Ari Luis DO VALE RIBEIRO, Professeur de Théologie près le Séminaire Diocésain, Santo Amaro (BRÉSIL)
– M. Ricardo GRZONA, Président de la Fondation « Ramón Pané » au Honduras; Consulteur Cathoique des Sociétés Bibliques Unies (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions:
– Mme. Hanna-Barbara GERL-FALKOVITZ, Professeur de Philosophie de la Religion et d’Histoire comparèe des Religions près l’Universitè Technique de Dresde (ALLEMAGNE)
1. Pour une série de penseurs européens importants, un deuxième siècle des Lumières commence: même la raison, si elle n’est pas reliée à une orientation, est trompeuse . Les promesses bibliques comme la résurrection, le pardon, la Passion de Dieu, le langage performatif des sacrements (transformation du pain et du vin), la vie comme participation à la vie originaire et à l’Incarnation font, aujourd’hui de nouveau, l’objet des discours des intellectuels. L’Église devrait exploiter avec confiance ce nouveau « climat général » en vue d’un nouvel enseignement illuminant en faveur du dialogue de la raison et de la foi. Dans la « vieille Europe », nous nous aussi entrons dans une nouvelle dynamique post-idéologique. La philosophie pourrait, de manière synergique, recommencer à gonfler les « voiles » théologiques de l’Église.
2. Réalisation pratique: à l’université, on pourrait fonder un « cercle de prière pour athées ». La simple lecture en commun de l’Évangile est suffisante (au départ) à rendre intéressant ce qui n’a jamais été entendu auparavant. Ce ne sont pas nos paroles qui convainquent mais la Parole elle-même. « La Parole rompt les paroles » (Origène). Ce que quelques uns savent aujourd’hui, des multitudes pourraient le savoir demain. Apportons la Parole également dans les Universités. Dominus illuminatio nostra peut-on lire à l’entrée de l’Université d’Oxford: le Seigneur est notre illumination. L’alternative erronée entre sécularisme et foi doit être brisée. Après les désillusions des grandes idéologies, le temps est venu des critères de la vérité.
[00269-03.04] [UD027] [Texte original: allemand]
– R.P. Ari Luis DO VALE RIBEIRO, Professeur de Théologie près le Séminaire Diocésain, Santo Amaro (BRÉSIL)
C’est une saine recherche que celle du « Jésus historique » qui élucidera toujours le « Christ de la foi », car dans la mesure où l’on puise au noyau historique des Évangiles canoniques, on en atteste l’historicité. Une telle approche constitue l’une des synthèses valables utilisées par la dite New Quest, École exégétique et christologie qui, après la Deuxième Guerre Mondiale, a surmonté la scission bultmannienne entre le « Jésus historique » et le « Christ de la foi ».
Cette scission, nocive pour la foi chrétienne, semble avoir été reprise par certaines études exégétiques dans la lignée de la dite Third Quest, commencée dans le dernier quart du XX siècle. Il s’agit d’une École avec des aspirations légitimes, qui se propose d’effectuer la lecture historique de Jésus, à partir de son contexte palestinien. En même temps, on a l’impression que des études exégétiques déterminées de cette École mettent sur le même plan les textes apocryphes et les textes canoniques de l’Écriture, sans tenir compte du fait que ces premiers ne sont que des sources secondaires pour l’exégèse, et surtout qu’ils ne prennent pas en compte, avec la prétention historique, l’idéologie de ceux qui les ont élaborés, qu’ils soient gnostiques ou non. Il semble que nous assistions à un retour à la prétention de l’École libérale des XVIIIe et XIXe siècles, avec des résultats très similaires à ceux actuels, y compris la négation de la divinité du Christ.
En mettant sur le même plan les textes canoniques et les textes apocryphes, on ne considère pas la dimension théologique du canon de la Sainte Écriture et son analogie avec l’incarnation du Verbe divin, un fait qui comporte de graves conséquences pour la foi chrétienne.
Les textes apocryphes peuvent fournir à l’Église primitive des éléments valables pour la connaissance de l’histoire et de la littérature contemporaine, mais comme ils s’agit de sources secondaires, bien qu’ils soient nuancés par les orientations théologiques et par les théologies des groupes qui les ont élaborés, ils compromettent la foi en Jésus Christ, pleinement Dieu et pleinement homme.
Aussi, l’utilisation des apocryphes dans l’exégèse des textes bibliques sans le critère nécessaire peut compromettre la foi en Jésus, pleinement Dieu et pleinement humain, et la foi dans les écritures comme Parole de Dieu. On suggère que la Commission Pontificale Biblique conjointement à la Commission Théologique Internationale, élaborent un document qui réglemente l’utilisation des apocryphes dans l’exégèse des textes bibliques, sans compromettre le caractère inspiré des textes bibliques, et, surtout, sans compromettre le message salvifique qu’ils contiennent. On suggère, en outre, la reprise de l’Instruction de la Commission Pontificale Biblique Sancta Mater Ecclesia de 1964 (EB 644-659), qui offre une solution satisfaisante à la question de l’historicité des Évangiles, supposée par la Constitution Dei Verbum (n.19).
[00270-03.03] [UD028] [Texte original: italien]
– M. Ricardo GRZONA, Président de la Fondation « Ramón Pané » au Honduras; Consulteur Cathoique des Sociétés Bibliques Unies (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
À partir de la vision de la catéchèse, on comprend que, dans le thème relatif à la Bible, le « quoi » est très clair. Les catéchistes s’attendent à ce que ce Synode ouvre des voies concrètes pour le « comment » faire avancer cette mission. Nous demandons à pouvoir bénéficier de lignes dire
ctrices concrètes en pensant surtout à la majorité des personnes qui vivent immergées dans la culture médiatique et qui lisent de moins en moins, et à soutenir toutes les initiatives dans le domaine des nouveaux moyens de communication.
Nous avons constaté que, dans la catéchèse, on enseigne à prier (comment réciter les prières) plus qu’à faire vraiment oraison en réponse à Dieu qui se communique tout d’abord au travers de sa Parole. Il reste encore beaucoup à faire à propos du thème de la prière et il faut que toutes nos structures, à commencer par les catéchèses, constituent de véritables écoles de prière.
Je fais référence au n° 38 du Document de travail, Lectio divina. En Amérique latine, nous avons très souvent constaté que les jeunes, incapables de lire un livre, restent fascinés quand la méthode de la Lectio divina leur est présentée. Il ne peut pas s’agir d’une proposition de plus, isolée du reste de la vie ecclésiale, au contraire, il faut qu’elle guide toutes les formes et les structures de notre Église puisque cette dernière nous conduit à une vie cohérente et concrète à la suite de Jésus et de son Évangile. Toutefois, on risque de ne pas parvenir à une lecture profonde selon la tradition de l’Église et, les interprétations personnelles étant nombreuses, on risque de sortir du sillon de la Tradition. C’est pourquoi je suggère aux Pères synodaux de proposer la réalisation d’un Congrès international sur la Lectio divina, guidé par le Magistère, qui puisse aider à mieux comprendre cette pratique de la lecture orante des Écritures Saintes. Je conclus en citant le Document de travail au n° 38 qui, à la fin, affirme: « Ce monde demande des personnes contemplatives, attentives, critiques et courageuses. Il requiert à chaque fois des choix nouveaux et inédits ». Prions Dieu de pouvoir réaliser tout cela.
[00265-03.02] [UD023] [Texte original: espagnol]
Traduction de travail distribuée par la secrétairerie générale du synode