ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org) – La canonisation de la première sainte indienne, Sœur Alphonsa, le 12 octobre, à Rome, a eu une résonance toute particulière dans son pays natal, en proie depuis plusieurs semaines à de graves attaques antichrétiennes de la part d’extrémistes hindous (1), rappelle « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
Alors qu’elle était canonisée solennellement au Vatican, la sainte réunissait chrétiens, hindous et musulmans autour de sa tombe à Bharananganam, au Kerala. Malgré les fortes pluies, 50 000 personnes se sont rendues en pèlerinage dans la chapelle qui abrite la dépouille de la religieuse. « Dès la messe de 5 heures du matin, l’église Sainte-Marie était pleine à craquer », témoigne le P. Palackaparambil, coordinateur de l’événement pour le diocèse de Palai.
Entassés dans l’auditorium proche de l’église où repose le corps de la sainte, la foule a suivi avec émotion, vers midi, la retransmission télévisée de la canonisation depuis la place Saint-Pierre. L’un des spectateurs, Ramesh Chandran, hindou et employé de banque, confiait : « J’ai reçu de nombreuses grâces de sainte Alphonsa. Dès que je rencontre un problème dans la vie, je la prie. » Il ajoutait qu’il venait se recueillir sur sa tombe une fois par an. Quant à Sarina Ibrahim, elle demande à sœur Alphonsa de l’aider pour ses études. « C’est la sainte de tous, pas seulement des chrétiens », explique la jeune musulmane.
Née le 19 août 1910, dans le petit village de Kudamaloor, près de Kottayam, Anna Muttathupadathu perdit sa mère toute jeune. Malgré les tentatives de sa tante, qui l’avait élevée de façon très stricte, visant à l’en dissuader, elle insista très jeune pour entrer au couvent. Après qu’elle se soit mutilée volontairement pour échapper au mariage, sa tante l’autorisa à entrer chez les clarisses de Bharananganam, où elle prit le nom de Sœur Alphonsa de l’Immaculée Conception. Elle y restera, souffrant de graves et douloureuses maladies mais faisant montre d’une grande compassion, jusqu’à sa mort prématurée en 1946, à l’âge de 36 ans (2). Sa réputation de sainteté ne tarda pas à attirer des foules de plus en plus nombreuses, de toutes confessions, venant se recueillir sur sa tombe, située à côté du couvent de Bharananganam. Des guérisons miraculeuses achevèrent de conduire la modeste religieuse du Kerala à la béatification en 1986.
Alors que les chrétiens de l’Inde vivent ces jours-ci de graves persécutions (1), les célébrations de canonisation de Sœur Alphonsa au Vatican comme en Inde, ont pris une dimension d’autant plus symbolique : « En des temps où le mal est tellement présent, rapporte à l’agence Reuters Sœur Kalriparambil, qui a connu Sœur Alphonsa, il est bon d’assister à des choses comme celle-ci pour raffermir notre foi. »
Le jour même de la canonisation, une église était brûlée par des hindouistes au Madya Pradesh. Quelques heures plus tôt, le pape Benoit XVI assurait les chrétiens de l’Inde de sa communion à leurs souffrances présentes. L’évêque de Cuttack-Bhubaneshwar, Mgr Raphael Cheenath, s’exprimait ainsi le 13 octobre, pour AsiaNews : « Sainte Alphonsa est plus que jamais un exemple pour nous, dans ces temps difficiles. Elle a beaucoup souffert dans sa vie mais est restée inébranlable dans son amour pour le Christ et cela lui a donné la fore d’endurer toutes ses souffrances (…). La vie de sainte Alphonsa nous rappelle à nous, Eglise de l’Inde comme du Khandamal [NDLR : le district le plus touché par les violences antichrétiennes dans l’Etat de l’Orissa], que Dieu est avec nous. Nous savons que l’Eglise de Dieu continuera et accomplira sa mission : celle de proclamer la Bonne Nouvelle. »
(1) Voir EDA 490, 491, 492.
(2) Voir EDA 481.