ROME, Vendredi 10 octobre 2008 (ZENIT.org) – L’Ecriture sainte est en quelque sorte « l’âme de la théologie ». Cette considération du concile Vatican II, dans sa constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum, 24) fait partie des interventions qui, au synode, s’efforcent de résoudre le divorce parfois souligné entre théologie et exégèse.
Le concile prônait ainsi une théologie unifiée à la base dans la Parole de Dieu, de façon à éviter une théologie éclatée en compartiments plus ou moins étanches : théologie biblique, théologie morale, théologie dogmatique, théologie sacramentaire… Or, au synode, une certaine opposition entre exégèse et théologie s’est dessinée ces premiers jours, avec des tentatives de résoudre l’opposition.
Ce passage de « Dei Verbum » a été explicitement cité par Mgr Hector Miguel Cabrejos Vidarte, OFM, archevêque de Trujillo, au Pérou et président de la conférence épiscopale de ce pays, lors de l’assemblée générale du 9 octobre après midi.
L’évêque faisait observer en substance « le manque de formation biblique sérieuse et systématique », en ajoutant : « Une bonne connaissance de l’Écriture Sainte garantit une bonne prédication. Cette formation, il faut la recevoir au cours des études de théologie, une théologie qui, suivant la ligne du Concile, ait comme « âme » l’Écriture Sainte (DV 24) et constitue le « souffle vital » de la formation sacerdotale ».
« Tous les trois ans, a-t-il fait observer en faisant allusion au cycle des lectures dominicales, les ministres de la Parole se retrouvent avec les mêmes textes ; le manque de formation biblique solide et permanente qui leur permette de tirer d’eux « du neuf et du vieux », comme le dit l’Évangile de Matthieu (13, 51) les fait glisser rapidement sur ces passages bibliques, lorsqu’ils ne tombent pas dans l’anecdotique et le non transcendant ».
Autre intervention, saluée, lors des échanges libres de jeudi soir : celle d’un évêque français, qui invitait à soutenir le travail des exégètes, au lieu de le dévaloriser, et même « travailler en Eglise », « travailler avec eux » : une intervention pacifiante qui a été applaudie, a relevé un témoin. Il ne s’agit donc pas d’opposer la « science » des spécialistes à une lecture plus populaire ou « spontanée » de la Bible.
« Nous avons besoin de faire descendre l’expérience des Ecritures de la tête dans le cœur », disait en anglais Mgr Louis David Walker, évêque de Broken Bay, en Australie, toujours jeudi soir. Il invitait à une lecture « méditative », « priante », ce qui n’a rien d’incompatible avec la science biblique.
Le cardinal Claudio Hummes, OFM, préfet de la Congrégation pour le clergé, a même au contraire souhaité une « méthode exégétique » sûre dans la formation des prêtres.
Il citait cette anecdote, qui renvoie dos à dos une certaine théologie et une certaine exégèse, ce n’est pas là la question : « Il y a déjà longtemps, un de mes collègues, docteur en théologie et professeur, avait été atterré par ce qu’il avait lu sur la résurrection du Christ dans deux livres, de théologie et d’exégèse, qui mettaient en question de nombreux aspects de ce dogme fondamental de notre foi et le vidaient, d’une manière inquiétante, en grande partie de son vrai contenu. Il m’avait fait part de son désarroi. Nous étions à la veille de Pâques. Il me demanda alors: « Demain c’est Pâques. Qu’est-ce que je vais dire aux personnes, à l’Église, sur la résurrection? ». Je lui répondis aussitôt: « Tu devras annoncer que Jésus Christ est ressuscité des morts et qu’il est vivant! C’est tout ». Et lui: « Mais c’est vrai! C’est cela! ». Et il s’en alla tout content ».
Le cardinal Hummes invite à une théologie biblique telle que le pape la met en œuvre : « Cet épisode rappelle ce besoin urgent de remettre, à nos prêtres et à nos diacres, une bonne théologie et une efficace méthode exégétique. En ce qui concerne la méthode exégétique, le pape Benoît XVI en indique la direction dans l’Introduction de son livre « Jésus de Nazareth ». »
En ce qui concerne les prêtres et les diacres, le cardinal Hummes souhaite « qu’ils se nourrissent de la Parole de Dieu pour accomplir leur mission en tant que disciples ».
« Étant donné que la Parole de Dieu c’est, avant tout, la personne même de Jésus Christ, fait-il remarquer, l’écoute de cette Parole dans les Saintes Écritures doit conduire à une rencontre intense et personnelle avec Lui ».
« Dans cette rencontre, l’auditeur doit se confier totalement au Christ, insiste le préfet de la Congrégation pour le clergé, se laisser transformer par Lui et adhérer à Lui, d’une manière inconditionnelle, dans la foi, se mettant ainsi fidèlement à la suite de Jésus, partout où Il le conduira ».
Il recommande avant tout la lectio divina, « et de tenir compte du fait que Dieu est amour et que la Bible est l’histoire sur la manière dont Dieu a aimé Son peuple ».
Mais qu’entend-on par lectio divina ? Il semble que l’emploi de cette expression de la tradition bénédictine ait au synode plusieurs connotations différentes, que la suite des débats viendra peut-être éclairer.