ROME, Jeudi 9 octobre 2008 (ZENIT.org) - Il est urgent de redécouvrir l'adoration, qui est la « soumission émerveillée devant la Majesté de Dieu » et il faut la proposer aux enfants car « il n'y a pas de sainteté sans adoration ». C'est ce qu'affirme dans cet entretien le père Jacques-Marie Guilmard, vice-président de l'association « Enfance et sainteté ».
Du 26 au 30 octobre, « Enfance et sainteté » organise un colloque à Paray-le-Monial. Celui-ci sera placé sous le patronage du cardinal Saraiva Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints.
Nous publions ci-dessous la deuxième partie de cet entretien. Pour la première partie, cf. Zenit du 8 octobre.
Zenit - Les saints sont-ils les meilleurs adorateurs ?
Père Guilmard - C'est d'abord Notre Seigneur, lui qui, comme homme, priait son Père. Ensuite, nous avons les anges et les saints, spécialement Marie dont nous parlera Mgr Cattenoz. Le Père de Langalerie nous montrera la Sainte Vierge enseignant aux enfants l'adoration durant les apparitions à Pontmain, à l'Ile Bouchard, etc. Elle l'a très bien fait.
Zenit - Pourquoi est-ce Marie qui nous enseigne le mieux l'adoration ?
Père Guilmard - Marie a montré à son fils, l'Enfant-Jésus, comment adorer ; elle, dont l'être immaculé ignore l'impureté qui ternit la prière, sert aussi de modèle pour l'Église. Mais d'une manière générale, la femme est « génératrice de l'intériorité ». Mme Lucienne Sallé, qui a travaillé au service du Saint-Siège, nous dira que la femme est le cœur du mystère du foyer chrétien, puisqu'elle est le réceptacle de l'amour ; elle est responsable de la sainteté du mariage par sa fidélité. Par son attachement à son mari, elle révèle à ses enfants la dignité de leur père ; elle soude la famille et prépare ainsi les enfants à connaître vraiment le Père par excellence, celui des cieux.
Zenit - La famille a-t-elle un mission envers l'adoration ?
Père Guilmard - Certainement, puisque la famille est une petite église (ecclesiola). Mme Alméras, la présidente de notre Association, parlera précisément de l'adoration en famille. La famille a la charge d'enseigner aux enfants à « vivre en présence de Dieu ». L'enfance est un temps privilégié pour apprendre à adorer, et l'on constate que les petits aiment rester longtemps en adoration devant le Saint-Sacrement. Un enfant m'écrivait récemment ceci : Priez pour que j'aime davantage Jésus.
Zenit - La Bible contient beaucoup d'exemples d'adoration.
Père Guilmard - Le père Florian Racine, dont le ministère comprend la mise en place dans les paroisses de l'adoration eucharistique permanente, nous parlera de l'adoration dans la Bible. Sa conférence se situera exactement dans la ligne du synode des évêques sur la Parole de Dieu. Dès l'ancien Testament, les psaumes disent que les cieux racontent la gloire de Dieu : d'une certaine manière, la nature donne l'exemple aux hommes. C'est pourquoi le respect de la création et de la vie est un hommage au Créateur. Ensuite, Dieu a envoyé son Fils dans notre chair en vue de sa gloire (cf. Jn 17). Une fois arrivé à l'âge adulte, Jésus se mit à enseigner l'adoration « en esprit et vérité ». Lui-même a prié son Père et, après l'Ascension, il nous a envoyé l'Esprit qui adore en nos cœurs. Depuis sa naissance, la vie de Jésus est marquée par des épisodes où il est l'objet d'adoration : les bergers, les mages, les anges surtout. L'apôtre saint Thomas, huit jours après la Résurrection, déclare publiquement la divinité de Jésus. Le Nouveau Testament annonce le retour de Jésus dans la gloire, et la soumission de toutes choses au Fils qui se soumettra lui-même à son Père. Ce sera la grande liturgie du ciel, qui commence ici-bas dans les églises de pierre.
Zenit - Et les enfants dans tout cela ?
Père Guilmard - Le Père Daniel-Ange témoignera de l'adoration chez les enfants qu'il a rencontrés. Mgr Labaky racontera comme les enfants libanais ont su, à travers les dures épreuves de la guerre, purifier et approfondir le sens du sacré.
Zenit - Et dans la pratique que feront les enfants durant ce colloque ?
Père Guilmard - Pour tous, il y aura une Procession du Saint-Sacrement, des Vêpres avec salut, et l'adoration permanente. Bien sûr, on expliquera aux parents comment ils peuvent organiser des temps d'adoration pour leurs enfants (et ceux des autres). Mais durant les enseignements réservés aux adultes, les enfants groupés selon leur âge participeront à une retraite où l'encadrement sera assuré par des parents, des religieux et des religieuses.
Zenit - Quels rapports voyez-vous entre la vie consacrée et l'adoration ?
Père Guilmard - Les consacrés ont le « ministère de l'adoration », ainsi que nous le dira un carme, le père Jean-Marcel de la Divine Enfance. La vie consacrée comporte un ministère-service (lectio divina et office divin) pour la gloire de Dieu et le salut du monde, puisque les consacrés louent Dieu dans la liturgie en utilisant sa Parole méditée dans la lectio divina. Il faut cultiver chez les enfants le goût de la vie consacrée (même si tous, bien sûr, ne seront pas religieux).
Zenit - Quel est le lien entre Paray-le-monial et le thème de l'adoration ?
Père Guilmard - Cette ville est le sanctuaire de l'adoration, puisque toute adoration passe par le Cœur Sacré de Jésus, ainsi que nous l'expliquera le père Edouard Marot, recteur du sanctuaire. Parler du « sens du sacré », c'est parler de l'habitude de « vivre en présence de Dieu ». Paray-le-monial est un lieu béni où l'on sent cette présence. Mgr Rivière, évêque d'Autun, présidera la messe d'ouverture.
Zenit - En résumé, quel est le plus important pour vous ?
Père Guilmard - Rappeler que la sainteté des enfants passe par la soumission émerveillée devant la Majesté de Dieu, de sorte que les enfants soient (avec leurs parents) pour Dieu « une vivante offrande à la louange de sa gloire », selon l'expression de la Prière eucharistique 4, empruntée à saint Paul.
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