ROME, Mercredi 8 octobre 2008 (ZENIT.org) – Il est urgent de redécouvrir l’adoration, qui est la « soumission émerveillée devant la Majesté de Dieu » et il faut la proposer aux enfants car « il n’y a pas de sainteté sans adoration ». C’est ce qu’affirme dans cet entretien le père Jacques-Marie Guilmard, vice-président de l’association « Enfance et sainteté ».
Du 26 au 30 octobre, « Enfance et sainteté » organise un colloque à Paray-le-Monial. Celui-ci sera placé sous le patronage du cardinal Saraiva Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints.
Nous publions ci-dessous la première partie de cet entretien.
Zenit – Quel est le prochain thème du colloque « Enfance et Sainteté ? »
Père Guilmard – « Enfance et Sainteté » a été créée pour promouvoir la sainteté des enfants, en mettant en premier lieu la formation doctrinale des parents et éducateurs, ainsi que l’usage des sacrements et la prière d’adoration. Nous avons donc choisi cette année comme thème l’invitation du psaume 94 « Venez, adorons-Le », afin de proposer des enseignements sur « l’adoration et le sens du sacré ».
Zenit – On emploie souvent le mot « adoration », mais au fond qu’est-ce qu’il signifie ?
Père Guilmard – Au sens premier, il s’agit d’une grande prostration où la tête va jusqu’au sol. C’est la soumission entière. Au sens spirituel, l’adoration est la « soumission émerveillée devant la Majesté de Dieu ». Le sens du sacré est l’ouverture foncière de l’être humain à la dimension transcendante de Dieu. « Dieu seul est Saint. Dieu seul est le Très-Haut. »
Zenit – Comment rattachez-vous ce thème à la sainteté des enfants ?
Père Guilmard – La sainteté est un don de Dieu, qui transforme l’âme de l’homme lorsque celui-ci accueille sans réserve la grâce. Le saint, c’est un homme que l’Esprit Saint fait ressembler de plus en plus au Fils de Dieu, et dont les actes rendent gloire à Dieu. Or, la révérence filiale à l’égard Dieu est le point de départ de l’accueil de la grâce, elle est le ferment continuel de la vie spirituelle, et elle est l’achèvement au ciel de la sainteté. Il n’y a pas de sainteté sans adoration. L’adoration est, à la fois, un effet de la sainteté et l’une de ses causes. Voilà ce qu’il faut proposer aux enfants.
Zenit – L’adoration est donc toujours actuelle ?
Père Guilmard – Oui, redisons-le. Pour tout homme, l’adoration est le premier devoir dès son enfance, l’objectif de sa vie sur terre et le but au ciel. Mais, alors que la société contemporaine évacue, volontairement ou non, les marques de la présence du transcendant, il est urgent de placer la Majesté de Dieu devant le regard des enfants et de leur parents ; il y a urgence de l’adoration. Il convient de rappeler que l’homme est une créature de Dieu, une créature rachetée, et qu’il ne peut être pleinement lui-même s’il ne reconnaît pas la seigneurie de Dieu. Cette soumission, qui reconnaît la grandeur de Dieu et de sa miséricorde, procure une joie profonde qui dilate le cœur. L’homme grandit et atteint le bonheur, en se soumettant à Dieu. C’est le contraire de l’orgueil.
Zenit – Le contraire de l’orgueil, c’est l’humilité
Père Guilmard – Oui, l’humilité convient exactement à la créature en face de son Créateur. Elle consiste à se mettre à sa place devant Dieu et devant les autres ; elle débouche sur l’adoration. Mais, le chrétien qui connaît sa faiblesse, sait aussi d’où vient sa force. De sorte que, selon la magnifique spiritualité de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, l’humilité, loin d’être débilitante, nous dynamise et suscite en nous une audacieuse confiance. Un exposé traitera de cette vertu.
Zenit – Vous parlez du chrétien, mais tout le monde n’est pas chrétien…
Père Guilmard – Dieu existe, et il est notre maître et notre sauveur, même si nous ne le savons pas, même si nous nous disons sans dieu. L’adoration est un devoir pour tout homme. C’est la charge des missionnaires et de ceux qui portent l’Évangile de conduire tout homme à l’adoration. C’est pourquoi un prêtre des Missions Étrangères de Paris (qui fêtent cette année leur 350e anniversaire) nous montrera que la mission est un service ecclésial en vue de l’adoration. Dieu envoie ses apôtres porter l’Évangile pour « que la grâce, se multipliant, fasse abonder l’action de grâces chez un plus grand nombre, à la gloire de Dieu (2 Co 4, 15). Il n’y a pas de sainteté sans esprit missionnaire, et la mission n’existe qu’en vue de la sainteté des hommes et de l’adoration à l’égard de Dieu.
Zenit – Il existe des non-chrétiens qui adorent leur Dieu. Quel est le propre de l’adoration chrétienne ?
Père Guilmard – D’une part, le chrétien prétend (à juste titre) adorer le vrai Dieu, et d’autre part il le fait de manière trinitaire. Le chrétien adore chacune des Trois Personnes de la Trinité, et son adoration du Père se fait par le Christ dans l’Esprit-Saint. Bien plus, le chrétien, ainsi que l’explique saint Jean de la Croix, participe effectivement aux processions divines. Enfin le chrétien adore dans l’Église.
Zenit – C’est la liturgie ?
Père Guilmard – Oui, l’adoration du chrétien se rattache toujours à la liturgie. C’est pourquoi il y aura une conférence sur ce point. En effet, la liturgie, en particulier la Messe, est l’acte le plus élevé de l’adoration : le Christ s’unit à toute l’Église pour rendre gloire à Dieu son Père. La liturgie donne sa valeur à notre adoration ; elle nous fait adorer « en esprit et en vérité ». Elle est l’occasion d’accéder au sacré et d’entrer dans la sainteté de Dieu, puisque la liturgie est à la fois don de la grâce et pédagogie du sacré. La participation aux grandes doxologies de la liturgie et à ses Gloria Patri est la meilleure adoration et, en même temps, la meilleure pédagogie de l’adoration, de la sainteté et de la vie trinitaire. Dans la liturgie, le chrétien se trouve au contact de réalités sacrées, de personnes, de gestes, de vêtements, de temps, de lieux sacrés etc.
Zenit – Vous parlez d’objets sacrés, quel est le rôle des choses dans l’adoration ?
Père Guilmard – L’homme est comme le grand prêtre de l’univers, et il fait remonter au Créateur la louange que chaque chose rend à Dieu par son existence même, en ce sens que chaque chose manifeste sa grandeur. Un philosophe, Thibaud Collin, nous expliquera comment la Sagesse du philosophe doit donner à tous le sens du réel tel qu’il a été créé par Dieu et où se trouve sa divine image. La sagesse des philosophes donne un fondement solide à la sagesse des saints.
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