ROME, Mercredi 1 octobre 2008 (ZENIT.org) – Le fait que l’Europe refuse de reconnaître ses racines chrétiennes « frappe beaucoup les chrétiens d’orient, car l’Europe a donné des milliers de missionnaires. Elle a évangélisé l’Amérique, l’Asie, l’Afrique… et aujourd’hui elle est si loin de sa foi ».
C’est en ces termes que s’est exprimé le père jésuite Samir Khalil Samir, directeur du Centre de documentation et recherches arabes chrétiennes (CEDRAC) et professeur à l’Université Saint Joseph de Beyrouth (Liban), lors d’un entretien accordé au service de presse de l’archevêché de Grenade (Espagne).
La conception de la laïcité est très différente en orient et en occident, a expliqué le père Samir.
Alors qu’en occident on cherche « à exclure la manifestation de la foi chrétienne de la sphère publique, la reléguant à une affaire privée qui ne regarde que la personne », en orient « il s’agit d’une laïcité positive dans la mesure où l’on fait la différence entre la politique et la religion, mais sans les séparer ».
« Nous ne pouvons exclure la religion des décisions politiques, car celle-ci représente une tradition éthique de l’humanité », a-t-il ajouté.
Concernant le dialogue entre chrétiens et musulmans, le père jésuite a expliqué que « la lutte pour ce dialogue se situe à l’intérieur même de l’islam, partagé entre une conception extrémiste et une conception plus ouverte et tolérante de l’islam ».
« Le rapport entre voisins peut être plus ou moins bon, selon le degré de tolérance ou d’intolérance de la majorité musulmane vis-à-vis des chrétiens », a-t-il relevé, même si l’on est loin de la vraie liberté religieuse.
Le père Samir en appelle donc à la responsabilité de la communauté internationale qui, a-t-il dit, doit multiplier ses efforts pour que tous puissent exercer leur liberté en matière de religion : croyants et athées, hommes et femmes.
« Il est très important que les pays forts exercent des pressions sur ceux qui ne respectent pas les droits de l’homme, surtout sur les pays qui ne respectent pas la liberté religieuse », a-t-il souligné.
Congrès sur les arabes chrétiens
Le père Samir se trouvait la semaine dernière dans le diocèse andalou à l’occasion du VII congrès international d’Etudes arabes chrétiennes, qui a eu lieu au séminaire de San Cecilio et qui réunissait quelque 180 experts du monde entier, de différentes confessions chrétiennes.
Au même moment se déroulait le X Symposium Syriacum. Aussi bien le congrès que le symposium étaient organisés par le Centre international pour l’Etude de l’Orient chrétien (ICSCO), par le centre de Documentation et recherches arabes chrétiennes (CEDRAC), par l’Usek et par l’université catholique du Sacré-Cœur, en collaboration avec Caja Duero, l’Assessorat pour la culture de la commune de Grenade, le conseil communal de l’Andalousie et Gorgias Press.
Le symposium Syriacum a eu lieu pour la première fois à Rome en 1972, organisé par l’Institut pontifical oriental. Il est convoqué tous les quatre ans. Avant celui de Grenade, il y a eu Goslar (Allemagne), Groningen (Pays-Bas), Louvain (Belgique), l’Université de Cambridge, l’Université d’Uppsala (Suède), Sydney (Australie) et Beyrouth (Liban).
Le congrès international d’Etudes arabes chrétiennes est né de ce Symposium en 1980, et les deux événements ont lieu en même temps.