ROME, Vendredi 11 juillet 2008 (ZENIT.org) – Le débat sur la lutte contre la pauvreté, contre l’analphabétisme ou pour la préservation de la planète, relancé lors du récent sommet des pays les plus industrialisés du monde (le G8), rend la prochaine encyclique de Benoît XVI (qui portera sur les questions sociales) particulièrement actuelle et importante.
Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, affirmait le 27 mai dernier dans un entretien à l’agence APCOM, que cette nouvelle encyclique pourrait être publiée à l’automne prochain, avec le titre Caritas in veritate.
« Pour le moment, ce n’est qu’une hypothèse, a souligné le cardinal. Je ne dis pas que le titre sera forcément celui-là. Il est probable, et pour le moment, c’est l’idée qui demeure mais une nouvelle inspiration peut se présenter ».
« L’encyclique est en phase d’élaboration, elle passe continuellement par le bureau du pape qui ne veut pas répéter des lieux communs de la doctrine sociale de l’Eglise mais souhaite apporter des éléments originaux, répondant aux défis de notre temps ; pensons au grand problème de la mondialisation et à d’autres problèmes qui affligent la communauté internationale, comme les urgences humanitaires, les changements climatiques », a-t-il déclaré.
Benoît XVI a déjà affronté à plusieurs reprises les thèmes sociaux qu’il présentera dans son encyclique. Il en a notamment parlé le 3 mai, en s’adressant aux membres de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Présentant les quatre principes fondamentaux de la doctrine sociale catholique – la dignité de la personne humaine, le bien commun, la subsidiarité et la solidarité (cf. compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 160-163), il a présenté les impératifs auxquels l’humanité se trouve confrontée en ce début du XXIème siècle « comme la réduction des inégalités dans la distribution des biens, l’extension des opportunités d’éducation, la promotion d’une croissance et d’un développement durable et la protection de l’environnement ».
« La dignité humaine est la valeur intrinsèque d’une personne créée à l’image et à la ressemblance de Dieu et rachetée par le Christ. L’ensemble des conditions sociales qui permettent aux personnes de se réaliser collectivement et individuellement, est le bien commun. La solidarité est la vertu qui permet à la famille humaine de partager en plénitude le trésor des biens matériels et spirituels et la subsidiarité est la coordination des activités de la société qui soutient la vie interne des communautés locales », avait-il affirmé.
« La solidarité qui unit la famille humaine et les niveaux de subsidiarité qui la renforcent de l’intérieur doivent cependant toujours être placés sur l’horizon de la vie mystérieuse du Dieu Un et Trine (cf. Jn 5, 26; 6, 57), dans laquelle nous percevons un amour ineffable et partagé par des personnes égales, bien que distinctes », avait-il expliqué.
Pour cette raison, « la responsabilité des chrétiens d’œuvrer pour la paix et pour la justice et leur engagement irrévocable pour le bien commun sont inséparables de leur mission de proclamer le don de la vie éternelle, à laquelle Dieu a appelé chaque homme et chaque femme ».
La paix n’est pas seulement une absence de conflit, avait rappelé le pape mais se réfère à la « paix civile » qui est « concorde entre citoyens », et à la « paix de la cité céleste » qui est « jouissance harmonieuse et ordonnée de Dieu, et réciproque en Dieu », comme disait saint Augustin.
« Les yeux de la foi nous permettent de voir que les cités terrestres et célestes s’interpénètrent et sont intrinsèquement ordonnées l’une à l’autre, dans la mesure où elles appartiennent toutes les deux à Dieu le Père, qui est ‘au dessus de tous, par tous, et en tous’ (Ep 4, 6). Dans le même temps, la foi souligne davantage l’autonomie légitime des réalités terrestres qui sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques », avait-il ajouté.
La solidarité sous toutes ses formes
L’encyclique soulignera le devoir des croyants « d’améliorer la solidarité avec leurs concitoyens et entre eux et d’agir en se fondant sur le principe de la subsidiarité, en promouvant la vie familiale, les associations de volontariat, l’initiative privée et l’ordre public qui facilite le fonctionnement correct des communautés fondamentales de la société ».
« Jésus nous exhorte à faire aux autres ce que nous voudrions qu’on nous fasse (cf. Lc 6, 31), et à aimer notre prochain comme nous-mêmes (cf. Mt 22, 35). Ces commandements sont inscrits par le Créateur dans la nature humaine elle-même (cf. Deus caritas est, n. 31). Jésus enseigne que cet amour nous exhorte à consacrer notre vie au bien des autres (cf. Jn 15, 12-13) », précisait-il encore aux membres de l’Académie.
« C’est pourquoi la solidarité authentique, bien qu’elle commence par la reconnaissance de la valeur égale de l’autre, ne s’accomplit que lorsque je mets volontairement ma vie au service de l’autre (cf. Ep 6, 21) », avait-il ajouté.
« De même, la subsidiarité, qui encourage les hommes et les femmes à instaurer librement des rapports vitaux avec ceux qui sont les plus proches et dont ils dépendent le plus directement, et qui exige des plus hautes autorités le respect de ces relations, manifeste une dimension « verticale » adressée au Créateur de l’ordre social », avait expliqué le pape.
« Une société qui honore le principe de subsidiarité libère les personnes du sentiment de découragement et de désespoir, en leur garantissant la liberté de s’engager réciproquement dans les domaines du commerce, de la politique et de la culture », estime Benoît XVI.
« Lorsque les responsables du bien commun respectent le désir naturel de l’homme d’un autogouvernement fondé sur la subsidiarité, ils laissent place à la responsabilité et à l’initiative individuelles, mais, surtout, ils laissent place à l’amour (cf. Rm 13, 8; Deus caritas est, n. 28), qui reste toujours la « voie supérieure à toutes les autres » (1 Co 12, 31) », avait-il dit.
Le pape est convaincu que si les croyants défendent réellement la solidarité et la subsidiarité ils pourront « proposer les modalités les plus efficaces pour résoudre les multiples problèmes qui frappent l’humanité au seuil du troisième millénaire, en témoignant également de la primauté de l’amour, qui transcende et réalise la justice dans la mesure où il oriente l’humanité vers la vie authentique de Dieu ».
Jesús Colina