ROME, Vendredi 4 juillet 2008 (ZENIT.org) – Face à la crise alimentaire qui frappe toute la planète, il est nécessaire que « chacun prenne ses responsabilités vis-à-vis de son prochain » estime Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies.
Mgr Migliore est intervenu mercredi 2 juillet à New York à la session plénière 2008 du segment de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC), où il est demandé aux responsables du monde entier d’analyser les progrès qui ont été faits quant à la réalisation des objectifs de développement sur le plan international et de réfléchir sur la nécessité urgente de promouvoir le développement des communautés rurales.
L’importance du débat, a-t-il dit, est soulignée par la crise alimentaire actuelle et l’involution économique dans certains pays développés.
La crise alimentaire « a eu des effets sur toutes les sociétés », se manifestant « dans certaines régions sous forme de carence alimentaire, de malnutrition ou de faim, et dans d’autres régions sous forme de lourd prix à payer pour les familles qui tentent de faire face à leurs nécessités de base ».
Mais quelque soit ses manifestations, selon Mgr Migliore, le phénomène dérive d’« une série de causes concomitantes » comme la mise en place de « politiques économiques, agricoles et énergétiques myopes, qui provoquent un choc entre la demande croissante de nourriture et sa production insuffisante, la multiplication des spéculations financières sur les biens, l’augmentation incontrôlable du prix du pétrole et les conditions climatiques adverses ».
Pour éviter que le débat ne se solde en « un simple exercice rhétorique et une fuite de toute responsabilité », le représentant du Saint-Siège a exhorté à « travailler durement pour garantir que cette discussion puisse être accompagnée d’une action immédiate et efficace ».
La crise alimentaire mondiale, a-t-il déploré, « menace la personne dans son objectif premier : se libérer de la faim ». A la lumière de tout cela, la Résolution sur le Droit à la nourriture pour tous, adoptée récemment par le Conseil pour les droits de l’homme, « souligne à juste titre que les Etats, avec le soutien de la communauté internationale, ont le devoir de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour répondre aux nécessités alimentaires de leurs populations, par le biais de mesures qui respectent les droits humains et la règle de la loi » .
Il faudrait commencer, a-t-il souligné, par « secourir ceux qui souffrent de malnutrition et de faim », car « il est difficile d’imaginer que, dans un monde qui dépense plus de 1,3 milliards de dollars par an en armements, il n’y ait pas de fonds suffisants pour assurer la survie des plus nécessiteux ».
Mgr Migliore estime que « toute volonté sincère d’affronter la question doit obligatoirement être suivie d’une action et non de paroles ou d’intentions ».
De la même manière, l’aide économique d’urgence initiale doit être accompagnée d’« un effort concerté pour investir dans des programmes agricoles durables au niveau local et international ».
Mgr Migliore a rappelé les progrès qui ont été faits durant ces 25 dernières années pour réduire le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté.
« Mais si on ne réinvestit pas dans l’agriculture, les progrès atteints avec tant d’efforts et de dévouement, risquent de partir en fumée », a-t-il souligné. Il suggère donc que « des réformes agraires puissent donner aux petits agriculteurs des pays en voie de développement les moyens d’améliorer leur production de façon durable, et d’avoir accès aux marchés locaux et mondiaux ».
Les politiques agricoles et environnementales doivent suivre « la voie de la raison et du réalisme de manière à créer un équilibre entre la nécessité de produire de la nourriture et la nécessité d’être de bons administrateurs de cette terre », a-t-il ajouté. Le manque actuel de nourriture, a poursuivi l’Observateur permanent du Saint-Siège, « réaffirme l’urgence de partir à la recherche de nouvelles sources d’énergie, dans l’optique que le droit à la nourriture ne peut s’opposer à d’autres droits ».
Quoiqu’il en soit, l’urgence actuelle requiert une collaboration internationale efficace absolument incontournable.
« Le vingtième siècle a terriblement souffert du fait que les peuples et les gouvernements n’avaient d’yeux que pour leur propre territoire national , ainsi que du manque de consultation et de coopération internationale, a conclu Mgr Migliore. La crise actuelle est une occasion pour la communauté mondiale de se réunir et de prendre ses responsabilités vis-à-vis de l’autre ».
Roberta Sciamplicotti