L’Ordre des capucins se mobilise pour répondre au défi urgent de l’éducation

Une invitation à redécouvrir le charisme des origines

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ROME, Jeudi 3 juillet 2008 (ZENIT.org) – Face aux défis de la sécularisation, être des maîtres et non des soumis: tel est le mot d’ordre qui guidera les capucins dans leur cheminement au cours des prochaines années.

Ainsi s’est exprimé, durant un entretien avec ZENIT le père Gianluigi Pasquale, ofm, directeur du Bureau théologique « Laurentianum » de Venise, qui accueillait du 12 au 14 mai dernier la première rencontre européenne des capucins directeurs d’Etudes théologiques affiliées aux Universités pontificales.

La rencontre, présidée par le vicaire général des capucins, le frère Felice Cangelosi, était organisée par le professeur Thomas Dienberg de Münster, la ville allemande où les capucins dirigent la plus prestigieuse institution académique de l’Ordre avec environ 300 inscrits, dont la plupart sont laïcs, et qui viennent étudier la théologie spirituelle et suivre des cours d’« Economic and management ».

Le choix de Venise pour l’organisation de cette rencontre internationale a été voulu par le ministre général, le frère Mauro Jöhri, en raison de son emplacement stratégique et de l’importance académique que revêt depuis des siècles, en Europe, la cité lagunaire, avec ses 42.000 étudiants, connaissant par ailleurs l’impulsion que le cardinal Angelo Scola donne, depuis ses débuts (2004) au Studium Marcianum, le pôle académique du patriarcat de Venise.

En dehors des questions liées à l’organisation interne des études dans l’Ordre capucin, les participants ont également examiné chaque étude théologique en vertu des ajustements prévus par le « Processus de Bologne », auquel le Saint-Siège a lui-même adhéré, et qui arrivera à échéance en 2012.

La rencontre a également permis la mise en place d’une table commune de travail qui favorise la collaboration entre les Etudes théologiques des capucins de Milan, Venise, Rome, Campobasso, Strasbourg, Madrid, Cracovie, Münster.

De cette manière, l’Ordre des Frères mineurs capucins a voulu créer de nouvelles synergies, de nouveaux échanges entre professeurs et étudiants, mais également répondre à l’appel du pape qui souhaite que l’Eglise récupère son rôle d’éducatrice au sein de la société.

« L’actuel ministre général, a déclaré à ZENIT le père Pasquale, est convaincu que l’Europe a besoin que la ‘branche’ capucine du poumon franciscain se revitalise».

Pour revitaliser leur charisme, les capucins se proposent de suivre plusieurs voies : « relire et redécouvrir » leurs constitutions, « réutiliser les institutions académiques » pour tenter de répondre eux aussi à l’urgence de l’éducation, et « être présents, dans l’esprit de saint François, en étudiant sa Règle et la théologie à l’intérieur et sous la dimension franciscaine ».

« Nous ne voulons pas tomber sous le joug de la sécularisation, a souligné le religieux, mais servir de maîtres face à ce processus tardif de modernité. Il ne s’agit pas de créer une contre barrière mais d’étudier, d’analyser la situation en essayant d’y répondre dans une optique à la fois chrétienne et franciscaine ».

« Et cela parce que François, de par sa nature même et génétiquement parlant, est toujours entré en dialogue avec la réalité qui se présentait à lui, essayant de l’innerver avec le ferment de l’Evangile », a-t-il expliqué.

La réorganisation des Instituts et des Etudes théologiques répond également à la répartition géographique des vocations.

« Dans le sud de l’Italie, a expliqué le père Pasquale, les vocations capucines sont très nombreuses: le centre d’Etudes théologiques de Campobasso compte à lui seul 32 étudiants ordinaires capucins ».
« En Italie du nord, par contre, à Venise et à Milan on assiste depuis 5 ans à une baisse des vocations, bien que ces deux provinces, avec leur 400 frères, soient les plus nombreuses par rapport au reste de l’ordre, et qu’elles soient enracinées dans deux territoires capillaires en termes de catholicisme, et marqués par un fort associationnisme catholique » .

« En France et en Espagne, les vocations capucines ne se comptent même plus sur les doigts de la main. Les Etudes théologiques survivent au travers d’autres structures, tenues par exemple par les augustiniens, les carmes ou par des laïcs. Cette situation entraînera non seulement chez les franciscains mais également chez les frères mineurs en Europe du Nord, une fusion répétée et continue des provinces ».

Pour ce qui est de l’urgence de l’éducation soulignée par le pape, le père Pasquale a fait savoir que « l’Ordre capucin compte extraire la quintessence de la théologie franciscaine, fondée sur le platonisme et le néo-platonisme, puis poursuivie par Augustin et développée par saint Bonaventure avant d’arriver jusqu’à nous à travers la théologie de Hans Urs von Balthasar, d’où provient ouvertement Josef Ratzinger ».

D’après le frère capucin, l’appel du pape doit être perçu, dans l’optique d’un « échec » ou d’une « baisse de régime » des agences d’éducation présentes en Europe, qui font qu’il ne reste plus que la famille et l’Eglise, à travers ses institutions scolaires et de formation, pour éduquer véritablement » .
« On ne peut pas dire, a-t-il poursuivi, que certains regroupements civils, comme celui des jeunes du Parti communiste qui existaient autrefois, étaient des agences d’éducation ; et sur le front opposé, il est clair que celles d’inspiration catholique comme la FUCI se sont amenuisées ».

Mais l’urgence d’éducation doit également être perçue comme l’effet d’« une sorte d’affaiblissement à l’intérieur de l’Eglise qui fait que beaucoup de jeunes prêtres recevant par exemple les titres académiques du baccalauréat en Théologie sacrée ont de grosses lacunes au niveau même des bases, voire au niveau du seul catéchisme » .

« Ainsi, lorsqu’il parle d’une urgence de l’éducation ad intra de l’Eglise, a conclu le père Pasquale, le pape sous-entend que les laïcs chrétiens mais aussi les prêtres et les religieux doivent consacrer davantage de temps à leur formation permanente ».

Mirko Testa

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ZENIT Staff

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