La paroisse aura un avenir à condition qu'elle soit missionnaire

Selon le P. Yves le Saux, responsable des séminaristes de la Communauté de l’Emmanuel

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ROME, Dimanche 27 janvier 2008 (ZENIT.org) – « Si un curé veut encore avoir des brebis, il doit aller les chercher », affirme le P. Yves le Saux, délégué du modérateur pour les ministères ordonnés et les séminaristes de la Communauté de l’Emmanuel, dans cet entretien accordé à Zenit à quelques jours du colloque organisé à Rome sur « Paroisses et nouvelle évangélisation ».

Ce colloque, organisé par la Communauté de l’Emmanuel en collaboration avec l’Institut Pontifical Redemptor Hominis aura lieu du 30 janvier au 1er février.

Zenit – Y a-t-il un avenir pour les paroisses ?

P. Yves le Saux – Aujourd’hui, dans diverses régions du monde, certains s’interrogent sur l’avenir des paroisses.

Je pense que la paroisse reste et restera le lieu majeur et privilégié de la vie de l’Eglise. Par nature, la paroisse est le lieu où se rassemble la communauté chrétienne. Elle a pour vocation d’accueillir tous les chrétiens autour de l’Eucharistie, autour du Christ, entre autre à travers le ministère du curé. La paroisse est le lieu où tout chrétien, tout baptisé, quelle que soit sa sensibilité, son charisme propre, va pouvoir vivre et être intégré à la vie ecclésiale.

Cela dit, le modèle de la paroisse où le curé est là, au milieu de sa communauté, et disponible à toutes les personnes qui viennent, n’est plus suffisant. Si un curé veut encore avoir des brebis, il doit aller les chercher. Aujourd’hui, la paroisse doit se comprendre comme « territoire missionnaire ». Il me semble que parfois il faudrait adjoindre au terme paroisse, celui de « territoire missionnaire » pour que le prêtre et les chrétiens qui vivent dans un lieu précis puissent entrer dans une dynamique d’annonce de l’Evangile.

Autrement dit, la paroisse a-t-elle un avenir ? Oui, à condition qu’elle soit missionnaire.

Zenit – Quels conseils donneriez-vous à un curé qui a profondément conscience du rôle évangélisateur de sa paroisse mais qui se sent seul face à ce défi ?

P. Yves le Saux – Il est clair que la première exigence de la charge de la mission ne doit pas reposer sur un homme seul. Il me semble qu’aujourd’hui, la charge de la paroisse ne doit pas être confiée à un homme seul, mais à une équipe de prêtres qui ont une exigence de vie communautaire et qui soient préparés à travailler ensemble à la mission.

Mais ce n’est pas suffisant. Aujourd’hui, un curé doit être entouré de baptisés qui partagent avec lui le même élan missionnaire. Le prêtre qui se sent seul doit d’abord avoir l’objectif de s’entourer de personnes qui, non seulement évangélisent avec lui, mais prient avec lui, réfléchissent avec lui, ont une vie chrétienne avec lui.

Cela dit, il me semble qu’il y a une responsabilité des évêques eux-mêmes, qui doivent veiller à ne pas laisser un prêtre seul. Un homme seul, même s’il est très aidé et doué, reste limité dans sa fécondité.

Aujourd’hui, le monde a besoin de témoignages, non seulement d’individus, mais aussi de groupes. Ce souci ne revient pas seulement au prêtre, mais également aux baptisés qui doivent entourer leur prêtre et aussi aux évêques qui doivent se soucier de ne pas laisser leurs prêtres seuls.

Zenit – Les mouvements ont parfois davantage conscience de l’importance de la nouvelle évangélisation que les paroisses, mais ils hésitent à s’engager dans les paroisses car ils craignent de perdre leur identité. Qu’en pensez-vous ?

P. Yves le Saux – Un mouvement n’est pas là pour défendre son identité. On voit de plus en plus que des communautés, des mouvements, mettent leur charisme propre à la disposition de la paroisse. Cela n’est possible que si les personnes concernées rentrent dans un véritable sens ecclésial et ne réduisent pas l’Eglise à leur propre expérience, même si elle est très forte.

La paroisse ne peut pas être la paroisse d’une communauté, d’un mouvement particulier. Mais la paroisse peut être le lieu où le charisme d’une communauté, d’un mouvement, peut être mis en place à condition qu’il ne soit pas exclusif.

Il y a deux tentations à éviter :

– Celle du curé, à utiliser les communautés ou mouvements, comme simple objet en utilisant les personnes sans tenir compte de leur vocation ou charisme propre, ce qui revient à leur rendre impossible de donner ce que Dieu leur donne.

– L’autre tentation est qu’une communauté, un mouvement, utilise la paroisse pour se promouvoir lui-même.

– Mais aujourd’hui, des expériences fécondes dans diverses parties du monde existent.

Le Colloque à pour objet de réfléchir à tout cela et d’évaluer les conditions nécessaires pour que l’apport des communautés nouvelles puisse se faire et permettre aux paroisses d’être des lieux missionnaires.

Propos recueillis par Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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