ROME, Lundi 7 janvier 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, mercredi 2 janvier, dans la salle Paul VI du Vatican.
Chers frères et sœurs,
Une très ancienne formule de bénédiction, rapportée dans le Livre des Nombres, dit : « Que Yahvé te bénisse et te garde ! Que Yahvé fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce ! » (Nb 6, 24-26). C’est avec ces mots, que la liturgie nous a fait à nouveau entendre hier, premier jour de l’année, que je voudrais adresser mes vœux cordiaux à vous tous, ici présents, et à ceux qui, au cours de ces fêtes de Noël, m’ont fait parvenir des témoignages d’affectueuse proximité spirituelle.
Nous avons célébré hier la fête solennelle de Marie, Mère de Dieu. « Mère de Dieu », Theotokos, est le titre attribué officiellement à Marie au Ve siècle, plus exactement lors du Concile d’Ephèse de 431, mais qui s’est déjà affirmé dans la dévotion du peuple chrétien à partir du IIIe siècle, dans le contexte des discussions enflammées de cette période sur la personne du Christ. On soulignait, par ce titre, que le Christ est Dieu et qu’il est réellement né, comme un homme, de Marie : on préservait ainsi son unité de vrai Dieu et de vrai homme. En vérité, même si le débat semblait porter sur Marie, il concernait essentiellement son Fils. Voulant sauvegarder la pleine humanité de Jésus, certains Pères suggéraient un terme plus atténué : au lieu du titre de Theotokos, ils proposaient celui de Christotokos, « Mère du Christ » ; cela fut cependant vu, à juste titre, comme une menace contre la doctrine de la pleine unité de la divinité avec l’humanité du Christ. C’est pourquoi, après une longue discussion, lors du Concile d’Ephèse de 431, comme je l’ai dit, fut solennellement confirmée, d’une part, l’unité des deux natures, divine et humaine, en la personne du Fils de Dieu (cf. DS, n. 250) et, de l’autre, la légitimité de l’attribution à la Vierge du titre de Theotokos, Mère de Dieu (ibid., n. 251).
Après ce Concile, on enregistra une véritable explosion de dévotion mariale et de nombreuses églises dédiées à la Mère de Dieu furent construites. Parmi celles-ci domine la Basilique Sainte-Marie-Majeure, ici à Rome. La doctrine concernant Marie, Mère de Dieu, trouva en outre une nouvelle confirmation dans le Concile de Chalcédoine (451), lors duquel le Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme […] né pour nous et pour notre salut de Marie, Vierge et Mère de Dieu, dans son humanité » (DS, n. 301). Comme on le sait, le Concile Vatican II a recueilli la doctrine sur Marie, réaffirmant sa maternité divine, dans un chapitre de la Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium (le huitième). Le chapitre s’intitule : « La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Eglise ».
La qualification de Mère de Dieu, si profondément liée aux fêtes de Noël, est donc le titre fondamental avec lequel la Communauté des croyants honore, pourrions-nous dire, depuis toujours, la Sainte Vierge. Celle-ci exprime bien la mission de Marie dans l’histoire du salut. Tous les autres titres qui sont attribués à la Vierge trouvent leur fondement dans sa vocation à être la Mère du Rédempteur, la créature humaine élue par Dieu pour réaliser le plan du salut, centré sur le grand mystère de l’incarnation du Verbe divin. En ces jours de fête, nous nous sommes arrêtés pour contempler dans la crèche la représentation de la Nativité. Au centre de cette scène, nous trouvons la Vierge Mère qui offre l’Enfant Jésus à la contemplation de ceux qui viennent adorer le Sauveur : les pasteurs, les personnes pauvres de Bethléem, les Rois Mages venus d’Orient. Plus tard, lors de la fête de la « Présentation du Seigneur », que nous célébrerons le 2 février, ce seront le vieux Siméon et la prophétesse Anne qui recevront le petit Enfant des mains de sa Mère et qui l’adoreront. La dévotion du peuple chrétien a toujours considéré la naissance de Jésus et la maternité divine de Marie comme deux aspects du même mystère de l’incarnation du Verbe divin et donc elle n’a jamais considéré la Nativité comme une chose du passé. Nous sommes « contemporains » des pasteurs, des mages, de Siméon et d’Anne, et nous marchons avec eux, remplis de joie, car Dieu a voulu être Dieu avec nous, et a une mère, qui est notre mère.
C’est du titre de « Mère de Dieu » que dérivent ensuite tous les autres titres avec lesquels l’Eglise honore la Vierge, mais celui-ci est le titre fondamental. Nous pensons au privilège de l’« Immaculée Conception », c’est-à-dire au fait qu’elle soit exempte du péché depuis sa conception : Marie fut préservée de toute tache de péché, car elle devait être la Mère du Rédempteur. Cela est également valable pour le titre de l’« Assomption » : celle qui avait engendré le Sauveur ne pouvait pas être sujette à la corruption dérivant du péché. Et nous savons que tous ces privilèges ne sont pas accordés pour éloigner Marie de nous, mais au contraire pour la rendre proche ; en effet, étant totalement avec Dieu, cette Femme est très proche de nous et nous aide comme une mère et comme une sœur. La place unique et singulière que Marie possède dans la communauté des croyants dérive également de sa vocation fondamentale à être la Mère du Rédempteur. Précisément en tant que telle, Marie est également la Mère du Corps mystique du Christ, qui est l’Eglise. C’est donc à juste titre que, durant le Concile Vatican II, le 21 novembre 1964, Paul VI attribua solennellement à Marie le titre de « Mère de l’Eglise ».
Précisément parce qu’elle est la Mère de l’Eglise, la Vierge est également la Mère de chacun de nous, qui sommes les membres du Corps mystique du Christ. De la Croix, Jésus a confié sa Mère à chacun de ses disciples et, dans le même temps, il a confié chacun de ses disciples à l’amour de sa Mère. L’évangéliste Jean conclut son récit bref et suggestif par les mots suivants : « Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (Jn 19, 27). Telle est la traduction du texte grec : « èis tà ìdia », il l’accueillit sans sa propre réalité, dans son propre être, si bien qu’elle fait partie de sa vie et que les deux vies s’interpénètrent ; cette façon de l’accepter (èis tà ìdia) dans sa propre vie est le testament du Seigneur. Au moment suprême de l’accomplissement de la mission messianique, Jésus laisse donc à chacun de ses disciples, comme héritage précieux, sa propre Mère, la Vierge Marie.
Chers frères et sœurs, en ces premiers jours de l’année, nous sommes invités à considérer attentivement l’importance de la présence de Marie dans la vie de l’Eglise et dans notre existence personnelle. Confions-nous à Elle, afin qu’Elle guide nos pas en cette nouvelle période que le Seigneur nous donne de vivre, et qu’elle nous aide à être d’authentiques amis de son Fils et de courageux artisans de son Royaume dans le monde, Royaume de la lumière et de la vérité. Bonne année à tous ! Tel est le souhait que je désire à présent adresser à vous tous ici présents et à vos proches, en cette première audience générale de l’année 2008. Que la nouvelle année, commencée sous le signe de la Vierge Marie, nous fasse sentir plus vivement sa présence maternelle, de manière à ce que, soutenus et réconfortés par la protection de la Vierge, nous puissions contempler avec un regard neuf le visage de son Fils Jésus et cheminer avec plus d’empressement dans les voies du bien.
Encore une fois, Bonne année à tous !
Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape :
Chers Frères et Sœurs,
Je voudrais tout d’abord adresser mes vœux co
rdiaux à chacun de vous et à tous ceux qui, au cours des fêtes, m’ont fait parvenir le témoignage de leur affectueuse proximité spirituelle.
Hier, nous avons célébré la solennité de Marie, Mère de Dieu. Ce titre, qui lui était déjà attribué par la dévotion populaire depuis le IIIe siècle, fut officiellement confirmé par le concile d’Éphèse en 431, voulant ainsi fortement souligner l’unité des deux natures, humaine et divine, en la personne du Christ. La dévotion mariale s’est alors largement développée et de nombreuses églises furent dédiées à la Mère de Dieu, parmi lesquelles, à Rome, la basilique de Sainte-Marie-Majeure.
Tous les titres attribués à la Vierge, comme les privilèges de l’Immaculée Conception et de l’Assomption, trouvent leur fondement dans sa vocation à être la Mère du Rédempteur. En tant que telle, Marie est aussi la Mère du Corps du Christ, qui est l’Église. C’est pourquoi, durant le Concile Vatican II, le 21 novembre 1964, Paul VI a conféré solennellement à Marie le titre de « Mère de l’Église », qui fait qu’elle est aussi notre Mère. Nous sommes donc invités à considérer attentivement l’importance de la présence de la Vierge Marie dans la vie de l’Église et dans notre vie personnelle, pour qu’elle guide nos pas au cours de la nouvelle année, dans laquelle le Seigneur nous donne d’entrer.
Je salue tous les pèlerins francophones. Que Marie nous fasse ressentir plus vivement sa présence maternelle ; ainsi soutenus et réconfortés par elle, nous pourrons contempler avec un regard neuf le visage de son Fils Jésus et cheminer avec plus d’empressement dans la voie du bien. Bonne Année à tous !
© Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican
Traduction réalisée par Zenit