Québec : Accommodements raisonnables et liberté religieuse

Par le cardinal Ouellet

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ROME, Vendredi 2 novembre 2007 (ZENIT.org) – Le « véritable malaise identitaire » du Québec, n’est pas lié à la place de la religion dans la vie publique, ni à l’intégration des immigrants et à leurs demandes d’accommodements, mais « au vide spirituel qui mine la culture québécoise et engendre l’insécurité » a déclaré le cardinal Ouellet, devant la Commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles à Québec.

Gérard Bouchard, sociologue et historien, et Charles Taylor, philosophe, co-présidents de la commission qui, depuis août dernier, sillonnent les villes et régions du Québec, dans le but de dresser un portrait des pratiques d’accommodement et effectuer une analyse sur le malaise actuel, sur ses causes, ses enjeux (inter-culturalisme, immigration, place de la religion dans l’espace public, identité québécoise) et ses voies de solution.

Dans un mémoire intitulé « Accommodements raisonnables et liberté religieuse au Québec » déposé à la commission, le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada somme la majorité catholique de « se réveiller », estimant que retrouver la foi serait « une grande partie de la solution aux tensions qui existent », et que « les Québécois accueilleraient et accepteraient mieux les immigrants s’ils faisaient un retour à la religion catholique, qui prône le partage et la tolérance ».

Dans ce mémoire, qui « n’est pas un mémoire de l’Eglise catholique de Québec, mais un mémoire en son nom », a précisé Isabelle Théberge, directrice des communications pour le diocèse de Québec, le primat du Canada, estime que le vide spirituel est responsable au Québec du désarroi des jeunes, du faible taux de natalité, de la chute des mariages et du nombre effarant d’avortements et de suicides, nuisant ainsi à la santé publique.

Le Québec est « mûr » pour une nouvelle « évangélisation en profondeur », affirme-t-il. « Notre société a besoin d’un mouvement de conversion à ses valeurs spirituelles profondes et d’une nouvelle alliance entre sa foi devenue dormante ou passive et la culture commune en émergence qui cherche ses racines ».

Alors que le débat actuel touche directement la religion et les relations entre communautés culturelles, le cardinal Ouellet relève que les demandes d’accommodements pour motifs religieux sont minimes, ceci montrant que la raison des tensions actuelles est ailleurs. « Qu’on ne fasse donc pas porter la responsabilité d’une crise profonde de la société québécoise à ceux et à celles qui sont venus y chercher un refuge ou une terre d’accueil ou à leur religion qu’on juge envahissante », souligne-t-il dans son mémoire.

« Les réfugiés et les immigrants nous apportent souvent la richesse de leur témoignage et de leurs valeurs culturelles qui s’ajoute aux valeurs communes de la société québécoise » a-t-il ajouté. « L’accueil, le partage et la solidarité doivent demeurer des attitudes de base à leur égard et à l’égard de leurs besoins humains et religieux ».

En fait, pour le cardinal Ouellet, le vrai problème de fond est l’apparition au Québec d’une « rhétorique anticatholique farcie de clichés » qui se retrouve souvent dans les médias, et qui favorise « une véritable culture du mépris et de la honte à l’égard de notre héritage religieux ».

« La présence du crucifix à l’assemblée nationale, à l’hôtel de ville, à la croisée des chemins, n’est pas le signe d’une quelconque religion d’état » et l’enlever équivaudrait à « une rupture culturelle » et un « déni » de l’histoire du pays, « fondée sur les valeurs du christianisme ».

Pour l’archevêque canadien, il est impératif que les Québécois « réapprennent le respect de toutes les religions », sans céder « à la pression des intégristes laïques qui réclament l’exclusion de la religion de l’espace public ».Il a par ailleurs fustigé la loi 95, qui remplacera dès septembre prochain, les cours de religion catholique à l’école par des cours d’éthique et de culture religieuse, où l’enfant apprendra les croyances et rites de plusieurs religions. « La réforme qu’impose la loi 95 soumet les religions au contrôle et aux intérêts de l’État, tout en mettant fin aux libertés religieuses acquises depuis des générations », a-t-il conclu.

En tout, une soixantaine de mémoires et témoignages ont été présentés durant ces deux jours et demi d’audiences de la commission Bouchard-Taylor qui doit visiter un total de 16 pays et 17 régions du Québec. Un rapport et des recommandations seront ensuite remis au premier ministre du Québec le 31 mars 2008.

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ZENIT Staff

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