France : Le clonage thérapeutique à l'ordre du jour ?

Enquête nationale menée sur des questions de bioéthique

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ROME, Jeudi 15 février 2007 (ZENIT.org) – « Le clonage thérapeutique à l’ordre du jour ? » s’interroge la synthèse de presse de la fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org)

Le député (PRG) Roger-Gérard Schwartzenberg a demandé, le 5 février dernier, dans une lettre au président de l’Assemblée nationale, que sa proposition de loi visant à autoriser les recherches sur le clonage thérapeutique soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. « Ce retard à légiférer pénalise les malades », a-t-il argumenté. Cette information a été publiée dans le Bulletin Quotidien du 6 février.

A l’occasion des rencontres parlementaires qu’elle a organisé hier avec Pierre-Louis Fagniez et Valérie Pécresse, députés, l’Agence de biomédecine a dévoilé une enquête nationale menée auprès du grand public sur les principales questions de bioéthique.

D’après cette enquête menée auprès de 1086 personnes, une majorité de personnes est favorable à une solution médicale en cas de difficulté à concevoir, devant l’adoption ou le renoncement au projet parental. Pour 55% des sondés, seuls les couples hétérosexuels doivent pouvoir bénéficier de l’AMP et 29% y sont favorables pour les couples homosexuels féminins.

79% des personnes interrogées se déclarent très attachées à l’anonymat du don de sperme ou d’ovocytes mais dans le même temps une personne sur deux se prononce en faveur du droit à la connaissance de ses origines génétiques.

Cette enquête révèle que l’immense majorité des personnes interrogées considère que l’embryon c’est le début de la vie et un être vivant à part entière.

Beaucoup (91,2%) considèrent que faire du clonage « ça va trop loin ».

Enfin, les personnes interviewées ont été classées par typologie. Parmi ces catégories, notons que 15% d’entre elles sont considérées comme « conservateurs », opposées à la science et non favorables aux techniques d’AMP, à l’embryologie ou à la génétique humaine… Ces « conservateurs » exprimeraient des craintes quant aux progrès de la recherche et prendraient en considération la question religieuse. D’un autre côté, on considère que 23% d’entre eux sont des « esprits ouverts », c’est à dire des personnes prêtes à recourir aux techniques de l’AMP, acceptant la recherche sur l’embryon et la génétique humaine.

Au cours de la première table ronde, concernant l’extension de l’accès à l’AMP (couples homosexuels, femmes seules…) les participants ont largement pris partie pour la recherche sur l’embryon. Notons l’intervention de Claude Sureau, Président honoraire de l’Académie de Médecine et Membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui a déclaré « je suis convaincu que l’embryon est un être mais je suis certain qu’il n’est ni une personne ni une chose. Il constitue en tout cas, à l’évidence un patient ». La preuve de ce statut, explique t-il, sont « les opérations chirurgicales que l’on pratique sur lui lors du diagnostic préimplantatoire (DPI) »… De son côté, René Frydman, gynécologue obstétricien et Professeur de médecine a revendiqué la possibilité de « créer des embryons pour la recherche » car, estime t-il, « les techniques actuelles de la procréation médicalement assistée ne permettent pas de répondre à toutes les formes d’infertilité ». Enfin, le Pr. Israël Nisand, gynécologue obstétricien s’est félicité que la « recherche sur l’embryon soit possible ».

L’après-midi a été consacré à la recherche sur les cellules souches avec un état des lieux sur cette recherche. Axel Kahn, Directeur de l’Institut Cochin, a souligné que plusieurs essais cliniques faisant appel aux cellules souches adultes étaient actuellement menés et que certaines maladies étaient déjà traitées grâce à elles. Il a cité notamment le potentiel des cellules de sang de cordon et la publication d’un chercheur Japonais qui a identifié 4 gènes susceptibles de faire évoluer des cellules adultes en cellules d’un extraordinaire potentiel pour la recherche. Concernant les cellules souches embryonnaires, il a rappelé qu’on en était au stade de l’étude de leur fonctionnement et qu’il n’y avait aucun essai clinique réalisé sur l’homme. Il a souligné leur risque tumorigène.

Le professeur Marc Peschanski, Directeur de recherche à l’Inserm, dont les principaux travaux portent sur les cellules souches embryonnaires a déclaré « je n’ai jamais tué, un embryon humain, jamais », car ses recherches, a-t-il expliqué, se font sur les cellules issues d’embryons qui ne font plus l’objet d’un projet parental, récupérées après un DPI. Il n’a pas nié l’existence de difficultés liées aux cellules souches embryonnaires.

Pour le Pr Philippe Ménasché, professeur de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire à l’Université Paris V, chirurgien cardiaque à l’hôpital Georges Pompidou et Directeur d’unité à l’Inserm, il existe des perspectives thérapeutiques grâce à la thérapie cellulaire. Pour lui, la question n’est pas de savoir si l’on utilise des cellules souches adultes ou embryonnaires mais de se focaliser sur la maladie. Sur certaines pathologies, les cellules adultes sont efficaces, sur d’autres, elles ne le sont pas. Il est donc utile pour lui de tester les cellules souches embryonnaires. Aucune autre question ne doit intervenir.

En conclusion, Valérie Pécresse considère qu’il y a un consensus pour lever le moratoire de 5 ans sur la recherche sur l’embryon pour passer à un régime d’autorisation de recherche sur ces embryons. Elle explique qu’il « ne faut évidemment pas se priver de cette possibilité » et que ces embryons étant voués à la destruction, les utiliser pour la recherche c’est faire comme on fait sur les autres patients lorsqu’on leur prélève des organes. Il n’y a pas donc pas de transgression majeure, estime-t-elle. Elle conclut qu’il y a un consensus des chercheurs présents pour obtenir l’autorisation de créer des embryons pour la recherche. Elle regrette qu’on n’ait pas davantage évoqué l’autorisation du clonage.

Deux ministres sont intervenus, Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et des Solidarités qui veut organiser des Etats Généraux pour le 1er semestre 2008 dans la perspective de la révision des lois de bioéthique en 2009 et François Goulard, Ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la recherche qui a affirmé qu’il était pour l’autorisation de la recherche sur l’embryon et pour la levée du moratoire. Il considère qu’il n’est pas respectable de s’opposer par principe à certaines recherches et qu’il n’y a en France aucune manipulation contestable.

[Lire en ligne, sur le site de « Gènéthique », les résultats de l’enquête : « Que nous dit l’opinion publique sur l’assistance médicale à la procréation, la génétique et la recherche sur l’embryon » ?]

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ZENIT Staff

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