ROME, Mercredi 14 février 2007 (ZENIT.org) – « On ne peut pas contraindre un médecin, même indirectement, à accomplir un acte contre lequel sa conscience se rebelle », a déclaré le Procureur de Sassari, M. Piras.
Un Italien de 53 ans, Giovanni Nuvoli, atteint de dystrophie musculaire amyotrophique depuis 6 ans, avait en effet demandé que l’on débranche la machine permettant l’oxygénation. Ce qui entraînerait ipso facto sa mort.
« Appuyer sur le bouton de l’oxygénation, c’est comme appuyer sur la gâchette », a fait observer le magistrat.
Giovanni Nuvoli a été entraîneur et arbitre de football. Aujourd’hui, à l’hôpital, il communique par battement de paupière avec sa compagne, Maddalena Soro.
Il a dicté un « testament biologique » le 4 janvier dernier demandant « l’interruption de toute forme d’acharnement thérapeutique ». Quelques semaines auparavant, il avait refusé les médicaments contre les infections.
Pour le magistrat de Sassari, « on ne peut contraindre à provoquer l’insuffisance respiratoire celui qui la combat quotidiennement : ce n’est pas un hasard s’il s’appelle (médecin) réanimateur ».
Polémique
De son côté, Giovanni Nuvoli compare son cas à celui de Jean-Paul II en disant : « Je ne veux contraindre personne à agir contre sa conscience. Mais j’ai mes bonnes raisons et en conscience, je crois être en règle : le pape Wojtyla, à la fin, n’a plus voulu l’intervention des médecins, et il a demandé à retourner à la maison du Père ».
Des médecins catholiques italiens saluent la décision du juge et des médecins de l’hôpital de la Sainte-Trinité de Sassari, dans un communiqué de l’association « Scienza e Vita », parce que leur possition « remet au centre du débat la conscience et le professionalisme du médecin ».
« Cette liberté de conscience est garantie par la Constitution », rappelle-t-ils avant d’ajouter : « Le Ministère public souligne non seulement que l’on ne peut pas obliger quelqu’un à faire le contraire de ce que requiert sa profession et son professionnalisme, mais que procurer l’insuffisante respiratoire n’est pas une simple suspension de thérapies de soutien vital mais un véritable acte d’euthanasie ».
Pression sur l’opinion publique
Mais ils déplorent que ce nouveau recours à la « place médiatique » pour discuter et décider s’il s’agit de « suspension d’acharnement thérapeutique ou d’euthanasie, y compris sous la forme de « suicide assisté » » et mettent en garde l’opinion publique contre cette forme de pression.
La polémique s’empare en effet du cas. Des voix s’élèvent pour demander « une loi », d’autres pour accuser le juge de « faire le prêtre ». Son ordonnance serait « anticonstitutionnelle ». On parle de « nouveau cas Welby », qui avait été l’occasion d’une offensive pro-euthanasie en Italie à la fin de l’an dernier.
Piergiorgio Welby, qui souffrait de la même maladie, et se trouvait également sous assistance respiratoire, et souffrait du fait de cette machine, avait écrit au président de la République, demandant l’euthanasie. Un médecin, Mario Riccio, a débranché le « respirateur », le 21 décembre 2006, au domicile de Welby, et il a été par la suite absout par ses pairs.
Les soins palliatifs
Pour sa part, l’Eglise italienne avait rappelé à cette occasion la nécessité de promouvoir les soins palliatifs pour soulager jusqu’au bout et au maximum les souffrances des malades en phase terminale ou incurables et les accompagner : supprimer la souffrance et non supprimer le malade.
Le pape Benoît XVI a également demandé que soient développées des unités de soins palliatifs à l’occasion de la Journée mondiale du malade, le 11 février, le thème 2007 de cette manifestation annuelle étant l’assistance des malades incurables.
Hier, lors de la présentation du message de carême du pape au Vatican, Don Oreste Benzi, invité par le président de Cor Unum, Mgr Josef Cordes, pour son expérience au secours des plus graves détresses de la société, a confié aux journalistes qu’il avait voulu entrer en contact avec M. Welby, qu’on ne l’avait pas laissé l’approcher. Il était « trop prisonnier » a dit le prêtre, sans préciser de quoi. Pourtant, des funérailles catholiques publiques ont ensuite été demandées.
Le cardinal Camillo Ruini a refusé, étant donné l’opposition, publique, constante et répétée de M. Welby à l’enseignement de l’Eglise sur le respect de toute vie humaine. Une décision « douloureuse » a avoué le cardinal, qui a cependant assuré les proches de M. Welby de la prière de l’Eglise.