ROME, Mercredi 24 janvier 2007 (ZENIT.org) – « Una vita con Karol » (Une vie avec Karol) : c’est le titre du témoignage extraordinaire du cardinal Stanislaw Dziwisz, qui fut pendant quarante ans l’ombre de Karol Wojtyla. Publié par les Editions Rizzoli et la Librairie Editrice Vaticane, il sortait ce mercredi dans les librairies italiennes. Il sera édité en France par Desclée De Brouwer, en co-édition avec Le Seuil. La sortie en librairie est prévue le 8 février. Nous publions ci-dessous deux courts extraits de ce témoignage… Le choc des civilisations Extraits du chapitre 34 « Tuer au nom de Dieu ? » Le 11 septembre 2001 le pape a assisté à l’effondrement des deux Tours à la télévision. Le Saint-Père se trouvait à Castelgandolfo. Le téléphone sonna et à l’autre bout du fil il entendit la voix bouleversée du cardinal Sodano, Secrétaire d’Etat. Il demanda qu’on allume télévision et vit ces images dramatiques, l’effondrement des Tours avec à l’intérieur, emprisonnées, tant de pauvres victimes. Il passa le reste de l’après-midi entre la chapelle et la télévision, en traînant toute sa souffrance derrière lui. Le lendemain matin, le pape célébra la messe. Puis il tint une audience spéciale place Saint-Pierre. Je me souviens de ses paroles : « Un jour sombre dans l’histoire de l’humanité ». Je me souviens également qu’avant la prière, on demanda aux fidèles de ne pas applaudir, de ne pas chanter. C’était un jour de deuil. Il était préoccupé, il avait très peur que les choses ne se terminent pas là, que l’attentat déclenche une escalade de violence sans fin. Egalement parce que, selon lui, la croissance de la plaie terroriste était due, entre autres, à l’état de grave pauvreté, au manque de possibilités d’éducation et de développement culturel dont souffraient de nombreux peuples arabes. Par conséquent, pour venir à bout du terrorisme il était nécessaire d’éliminer dans le même temps les énormes inégalités sociales et économiques entre le Nord et le Sud. Pages 211-212 (de l’édition italienne) Mars 2003, le pape tente d’empêcher la deuxième Guerre du Golfe. 15 mars 2003, un samedi. Accompagné du cardinal Sodano et de Mgr Tauran, le Saint-Père reçoit le cardinal Pio Laghi de retour de sa mission aux Etats-Unis. Le cardinal Laghi, sans considérer pour autant que tout était perdu, rapporte ce qu’avait dit le président américain. Bush comprenait parfaitement les raisons morales du pape, mais désormais il ne pouvait plus revenir en arrière. Il avait imposé un ultimatum de 48 heures à Saddam Hussein. Entre-temps, le cardinal Etchegaray avait déjà apporté la réponse, pas complètement négative mais assurément ambiguë, des gouvernants irakiens : ils étaient disposés à collaborer avec les inspecteurs des Nations Unies, mais étaient réticents à l’égard des « armes de destruction de masse ». On savait désormais tout ce que l’on devait savoir. Et ainsi, à partir de cette rencontre du 15 mars fut rédigé le texte de l’Angélus du lendemain, renfermant, à la fois, un appel venant du cœur et un appel adressé aussi bien à Saddam Hussein qu’aux pays qui composaient le Conseil de Sécurité de l’ONU. Et tout en le lisant à la fenêtre, le Saint-Père voulut comme accompagner cette ultime espérance qui prenait les chemins du monde. Par trois fois il répéta : « Il est encore temps de négocier ! ». « Il n’est jamais trop tard ! ». Mais tout cela, à l’évidence, ne lui sembla pas suffisant. Il avait compris, au-delà des escalades, que la situation était désormais sur le point de basculer, et que l’on s’acheminait vers la guerre, avec le risque, par-dessus tout, qu’elle se transforme en une guerre de civilisation ou, pire, en une « guerre sainte ». Alors, il sentit le besoin de dire ce qu’il avait sur le cœur, d’apporter son témoignage personnel. Il voulut rappeler qu’il appartenait à la génération de ceux qui avaient connu la guerre, et donc, pour cette raison également, il sentait le devoir d’affirmer : « Jamais plus la guerre ! ». D’où je me trouvais dans le bureau, je le voyais seulement de profil, mais je le voyais. Je voyais son visage qui se crispait toujours plus, et sa main droite qui semblait vouloir donner plus de force à sa parole. Pages 212-213 (de l’édition italienne) [Traduction des extraits réalisée par Zenit à partir de l’italien]