ROME, Jeudi 23 novembre 2006 (ZENIT.org) – Sa « personnalité incarne le destin du peuple biélorusse », c’est pourquoi les insignes du Commandeur de l’Ordre national de la Légion d’Honneur ont été remis aujourd’hui au cardinal Kazimierz Swiatek, annonce l’ambassade de France en Biélorussie (www.ambafrance-by.org).
Par décret, le président de la République française, M. Jacques Chirac, a fait le cardinal Kazimierz Swiatek Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur.
« Cette décoration, explique l’ambassade, vient récompenser une personnalité qui incarne, aux yeux des Français, le destin du peuple biélorusse au cours des soixante-dix dernières années ».
Le cardinal Swiatek est, à la connaissance de cette ambassade, « la première et la seule personnalité biélorusse à avoir reçu cette distinction depuis le retour de la Biélorussie à l’indépendance ».
L’Ordre de la Légion d’Honneur a été créé par Napoléon Bonaparte en 1802. Il a succédé à l’Ordre Royal de Saint Louis, qui avait été supprimé en 1792, comme premier des Ordres français.
Le 11 mai 1998, le cardinal Joseph Ratzinger, aujourd’hui pape sous le nom de Benoît XVI, avait reçu la même distinction, au même grade.
Le cardinal Swiatek a connu dix ans de goulag avant de connaître la pourpre cardinalice. Et, en septembre 2004, à l’âge de 90 ans, il a reçu, à Castelgandolfo, le Prix « Témoin de la Foi », « Fidei Testis » des mains de Jean-Paul II.
Le Prix lui a été attribué par l’Institut Paul VI de Brescia, ville natale de Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI, à l’occasion du 25e anniversaire de sa création.
Né en 1914 à Pinsk, dans l’Administration apostolique d’Estonie, le cardinal Swiatek est archevêque de Minsk-Mohilev, en Biélorussie, et Administrateur apostolique de Pinsk. Il a été ordonné prêtre en avril 1939 en Biélorussie, il a ensuite traversé la seconde guerre mondiale, la persécution nazie puis la persécution soviétique. Arrêté à plusieurs reprises, il fut condamné aux travaux forcés en Sibérie en 1944: il a passé dix ans au Goulag où il a manifesté cette foi « forte et courageuse » qui lui a permis de survivre aux privations et à la cruauté.
Il est revenu chez lui en 1954, au milieu des églises détruites: un choc. « Chaque jour était une lutte très dure, je me sentais comme David contre le géant Goliath, à une différence près: je n’avais pas même une fronde! », a-t-il confié dans son « Journal », avec un humour typiquement slave. « Je souffrais, ajoute-t-il, parce que l’Occident nous avait oubliés, en cherchant la paix et la sécurité en embrassant nos tortionnaires. Alors qu’ici, on détruisait les églises, les prêtres étaient emprisonnés et les croyants persécutés ».
« Eminence, comment avez-vous fait pour résister au goulag? », demandait un journaliste. Il sourit : « L’officier du KGB m’a posé la même question avant d’autoriser ma sortie de prison. J’ai répondu : ma vie, je la dois à Dieu, c’est lui mon salut! C’est le message que je répète chaque jour, et que je veux laisser à vous aussi : Dieu, comme tu es grand! Comme tu es bon! »
Le P. Swiatek a été nommé évêque après la Chute du Mur de Berlin, en 1991. Jean-Paul II l’a créé cardinal en 1994 : en lui remettant sa barrette cardinalice, le pape l’a embrassé et l’a remercié de son témoignage héroïque.
Lors de la remise du Prix, en 2004, Jean-Paul II a de nouveau rendu hommage à ce grand « Témoin de la foi », en rappelant les étapes de son « Chemin de Croix » : deux ans après son ordination sacerdotale, en 1941, il est emprisonné une première fois et finalement, il sera injustement condamné, rappelait le pape, à la déportation en camp de travaux forcés où il souffrit « d’épuisement, de la faim et du froid ». « On ne pouvait survivre que par la foi », avez-vous confié, disait le pape en citant le cardinal, « et le Seigneur vous a accordé une foi forte et courageuse, pour surmonter la longue épreuve, au terme de laquelle vous êtes revenu dans votre communauté ecclésiale en témoin encore plus crédible de l’Evangile : Fidei testis ».
Ce titre, a fait remarquer Jean-Paul II, est « plus que tout autre approprié pour un chrétien », et à plus forte raison « pour un pasteur marqué de la pourpre cardinalice qui, au cours des années difficiles de la persécution de l’Eglise en Europe de l’Est a rendu un témoignage fidèle et courageux au Christ et à son Evangile ». « Par la parole et par l’exemple, concluait le pape, vous avez annoncé à tous, croyants et non-croyants, la vérité du Christ, la lumière qui éclaire tous les hommes ».