ROME, Mardi 26 septembre 2006 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral – dans l’original en français – du discours du pape Benoît XVI aux évêques du Tchad, samedi dernier, 23 septembre, à Castel Gandolfo, au terme de leur visite ad limina.
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Chers Frères dans l’Épiscopat,
En ces jours où vous accomplissez votre Visite ad limina, je suis heureux de vous accueillir, vous que le Seigneur a choisis pour guider le peuple de Dieu au Tchad. Votre pèlerinage à Rome vous conduit sur les pas des Apôtres Pierre et Paul, et vous permet de rencontrer le Successeur de Pierre et ses collaborateurs pour affermir votre communion avec l’Église universelle. Je souhaite que ces jours soient pour vous l’occasion de fortifier votre ardeur apostolique, afin que vos communautés en reçoivent un nouvel élan pour être une lumière qui éclaire et qui mène vers Celui qui apporte le salut. Je remercie votre Président, Mgr Jean-Claude Bouchard, Évêque de Pala, pour sa présentation des réalités ecclésiales dans votre pays. En rentrant dans vos diocèses, apportez aux prêtres, aux consacrés, aux catéchistes et à tous les fidèles, mon salut affectueux et l’assurance de ma proximité spirituelle ainsi que mes encouragements pour leur vie chrétienne!
Chers Frères dans l’Épiscopat, à l’image du Christ, Bon Pasteur, vous êtes envoyés pour être missionnaires de la Bonne Nouvelle. Continuez à remplir cette charge dans la confiance et avec courage! La sainteté de votre vie fera de vous des signes authentiques de l’amour de Dieu. Par la proclamation de l’Évangile, guidez vos communautés à la rencontre du Seigneur et aidez-les à témoigner de leur espérance, en contribuant à l’établissement d’une société plus juste, fondée sur la réconciliation et sur l’unité entre tous! La participation régulière des fidèles aux sacrements, notamment l’Eucharistie, leur donnera la force de se mettre à la suite du Christ; ils éprouveront alors le besoin de partager avec leurs frères la joie de leur rencontre avec le Seigneur. Dans le prolongement du premier Congrès eucharistique national que vos diocèses ont célébré à Moundou au début de cette année, tous auront à cœur d’approfondir leur connaissance de ce grand sacrement, afin de le faire fructifier dans leur vie. Par ailleurs, une solide formation religieuse, fondée sur de fortes convictions spirituelles, permettra aux fidèles de mener une existence conforme aux engagements de leur Baptême et de témoigner des valeurs chrétiennes dans la société.
Je voudrais saluer avec une affection particulière vos prêtres et les encourager dans leur mission difficile mais exaltante d’annoncer l’Évangile et de servir le peuple de Dieu. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, «être prêtres, cela signifie devenir l’ami de Jésus Christ, et cela toujours davantage, avec toute notre existence» (Messe chrismale, 13 avril 2006). Dès leur formation, les prêtres seront donc incités à s’engager toujours plus intimement dans l’amitié que le Seigneur ne cesse de leur proposer. Pour assurer une telle formation dans les meilleures conditions, je vous invite à veiller attentivement sur vos séminaires, stimulant les formateurs dans leur tâche de discernement des vocations. L’amitié avec le Christ exige une recherche constante et joyeuse de communion de pensée, de volonté et d’action avec Lui, dans une obéissance humble et fidèle. Cette communion pourra se réaliser dans la mesure où le prêtre sera un authentique homme de prière. Chers Frères dans l’Épiscopat, prenez soin de la vie spirituelle de vos prêtres, les encourageant à demeurer fidèles à une règle de vie sacerdotale qui les aidera à conformer leur existence à l’appel reçu du Seigneur. Manifestez-leur votre proximité fraternelle dans leur ministère; au temps de l’épreuve et de l’incertitude, soyez celui qui réconforte et qui corrige si c’est nécessaire, les invitant à demeurer les yeux fixés sur Jésus.
Parmi les défis pastoraux à relever, se trouve l’urgence de proclamer la vérité intégrale sur le mariage et sur la famille. Il est en effet primordial de montrer que l’institution du mariage contribue au véritable développement des personnes et de la société, et permet d’assurer la dignité, l’égalité et la véritable liberté de l’homme et de la femme, ainsi que la croissance humaine et spirituelle des enfants. «Créés l’un et l’autre à la ressemblance de Dieu, l’homme et la femme, quoique différents, sont essentiellement égaux du point de vue de l’humanité» (Ecclesia in Africa, n. 82). Une sérieuse formation des jeunes favorisera un renouveau de la pastorale familiale et contribuera à lever les difficultés d’ordre social, culturel ou économique qui, pour de nombreux fidèles, sont des obstacles au mariage chrétien. Tout en préservant les valeurs essentielles de la famille africaine, puissent les jeunes de votre pays accueillir dans leur vie la beauté et la grandeur du mariage chrétien qui, dans son unicité, suppose un amour indissoluble et fidèle des époux.
L’action caritative, manifestation de l’amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, tient une grande place dans la pastorale de vos diocèses. «L’amour est le service que l’Église réalise pour aller constamment au-devant des souffrances et des besoins, même matériels, des hommes » (Deus caritas est, n. 19). Ma reconnaissance va à toutes les personnes, particulièrement aux religieuses, qui, dans vos diocèses, exercent une activité caritative au service du développement, de l’éducation et de la santé, ainsi que de l’accueil des réfugiés. En favorisant une authentique solidarité avec les personnes dans le besoin, sans aucune distinction d’origine, qu’elles n’oublient pas la spécificité ecclésiale de leurs activités et qu’elles renforcent leur conscience d’être des témoins crédibles du Christ auprès de leurs frères et de leurs sœurs.
La consolidation de la fraternité entre les différentes communautés qui composent la nation est un objectif qui exige l’engagement de tous, afin de mettre le pays à l’abri de confrontations qui ne pourraient qu’entraîner de nouvelles violences. La reconnaissance de la dignité de chacun, de l’identité de chaque groupe humain et religieux, et de sa liberté à pratiquer sa religion, fait partie des valeurs communes de paix et de justice qui doivent être promues par tous et dans lesquelles les responsables de la société civile ont un rôle important à jouer.
Je me réjouis de savoir que dans votre pays les relations entre chrétiens et musulmans sont généralement bonnes, grâce notamment à la recherche d’une meilleure connaissance mutuelle. Je vous encourage donc à poursuivre les collaborations dans un esprit de dialogue sincère et de respect réciproque, afin d’aider chacun à mener une vie conforme à la dignité reçue de Dieu, avec le souci d’une authentique solidarité et d’un développement harmonieux de la société.
Chers Frères dans l’Épiscopat, je confie votre pays à la protection maternelle de Notre-Dame, Reine de l’Afrique. Qu’elle intercède auprès de son Fils pour obtenir la paix et la justice sur ce continent si éprouvé. À vous tous, j’accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique, ainsi qu’aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles de vos diocèses.
[Texte original: Français] © Libreria Editrice Vaticana