ROME, Mercredi 13 septembre 2006 (ZENIT.org) – « La Justification est un thème essentiel de la théologie », a souligné le pape au cours des vêpres œcuméniques à Ratisbonne. Il a aussi développé le thème de la communion, qui est le thème de ses catéchèses du mercredi.
Orthodoxes, catholiques et protestants ont en effet participé aux vêpres œcuméniques, mardi soir, en présence de Benoît XVI, en la cathédrale sainte-Anne de Ratisbonne, avec la participation de la commission œcuménique de la Conférence épiscopale d’Allemagne.
« Chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants – et il y a aussi avec nous des amis juifs – a souligné le pape, nous sommes réunis pour rendre chanter les louanges de Dieu du soir. Le cœur de cette liturgie sont les psaumes, où confluent l’Antique et la Nouvelle Alliance, et notre prière s’unit à l’Israël croyant qui vit dans l’espérance. C’est une heure de gratitude pour le fait que nous pouvons ainsi réciter ensemble les psaumes, et en nous adressant au Seigneur, nous pouvons grandir de façon contemporaine dans l’unité aussi entre nous ».
Benoît XVI s’est ensuite adressé cordialement aux représentants des « différentes traditions de la Réforme ».
Il se réjouissait de la « longue recherche qui a conduit à un consensus sur la justification » et de « l’adhésion du Conseil mondial des Eglises méthodistes à la Déclaration commune sur la Doctrine de la Justification ». Une déclaration signée à Augsbourg le 31 octobre 1999.
« La Justification est un thème essentiel de la théologie, mais je crois qu’elle est à peine présente dans la vie des fidèles », regrettait le pape.
Il expliquait : « Bien que le thème du pardon réciproque soit à nouveau urgent en raison des évènements dramatiques de notre temps, on n’a pas conscience qu’avant tout c’est le pardon de Dieu qui est nécessaire, la Justification par lui ».
« La conscience moderne ne perçoit pas que nous avons des dettes envers Dieu et que le péché est une réalité que seule une initiative divine peut faire surmonter », diagnostiquait le pape.
« Cet obscurcissement du thème de la Justification et du pardon des péchés dissimule, en définitive, un obscurcissement de notre relation avec Dieu. C’est pour cela que notre première tâche sera peut-être la perception d’une nouvelle relation avec Dieu dans nos existences », expliquait encore le pape.
Cette perception se fait grâce à la confession de la foi, au témoignage et à l’amour, dont parlait le passage de l’épître de saint Jean lu pendant l’office.
« La confession qui nous distingue en tant que chrétiens c’est la foi dans le fait que Jésus est le Fils de Dieu incarné », disait le pape en ajoutant : « Il nous permet d’entrer en contact avec Dieu ». Une confession qui trouve les chrétiens unis, soulignait Benoît XVI.
Pourtant, le pape mettait en garde contre un danger : « En cette époque de rencontres interreligieuses, nous sommes facilement tentés d’atténuer cette confession ou de la cacher. Ainsi nous ne favorisons ni la rencontre ni le dialogue mais nous rendons Dieu encore moins accessible pour les autres et pour nous-mêmes »
Le pape ajoutait, en commentant saint Jean, la nécessité que la confession se transforme « en témoignage », en citant Jean, et le témoin du Christ est celui « qui a vu ».
Le pape tirait cette conséquence : « Nous devons nous convertir en prophètes pour pouvoir témoigner. Nous devons nous aider réciproquement à développer cette capacité pour faire que les hommes de notre temps voient à leur tour dans le monde qu’ils ont construit ».
Ainsi, « malgré toutes les barrières historiques », ils pourront « à nouveau voir Jésus ».
Mais ce témoignage implique, disait le pape, un style de vie spécifique, dans un monde « confus » : le chrétien doit témoigner par une vie « juste ».
Enfin, le pape en venait à l’amour, « agapè », auquel il a consacré sa première encyclique, « Deus Caritas est », qu’il citait, et qui est le thème principal de la première lettre de l’apôtre Jean.
Selon saint Jean, l’amour, expliquait le pape Ratzinger, « n’a rien de sentimental ou d’exalté » : « Il s’agit de quelque chose d’entièrement sobre et réaliste », une « synthèse de la Loi », qui englobe « tout ».
Citant le verset de l’épître où Jean dit : « Nous avons cru dans l’amour », le pape concluait : « Oui, l’homme peut croire à l’amour. Témoignons de notre foi de façon à ce qu’elle apparaisse comme force de l’amour ‘afin que le monde croie’ (Jean 17, 21) ! »