Homélie du dimanche 9 juillet, du père Raniero Cantalamessa

ROME, Vendredi 7 juillet 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

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Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 6, 1-6

Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Il s’étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant.

© AELF

Jésus partit pour son pays

Désormais devenu populaire et célèbre pour ses miracles et son enseignement, Jésus revint un jour dans son village d’origine, Nazareth, et, comme il avait coutume de le faire, se mit à enseigner dans la synagogue. Mais cette fois, aucune manifestation d’enthousiasme, aucun « hosanna ! ». Au lieu d’écouter ce qu’il disait et le juger en fonction de ses paroles, les gens se mirent à faire des remarques étranges : D’où lui vient cette sagesse ? Il n’a pas fait d’études ; nous le connaissons bien ; c’est le charpentier, le fils de Marie ! « Et ils étaient profondément choqués à cause de lui », c’est-à-dire que le fait de bien le connaître était un obstacle pour le croire. Jésus commenta amèrement : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison ». Cette phrase est devenue un proverbe sous la forme abrégée : « Personne n’est prophète en son pays ». Ce passage de l’évangile nous lance également un avertissement implicite que nous pouvons résumer ainsi : attention à ne pas commettre la même erreur que les Nazaréens ! Jésus revient d’une certaine manière dans sa patrie, chaque fois que son Evangile est annoncé dans les pays qui furent, à une époque, le berceau du christianisme.

L’Italie, et l’Europe en général, sont, pour le christianisme, ce que Nazareth était pour Jésus : le lieu où il a été élevé. (le christianisme est né en Asie mais a grandi en Europe, un peu comme Jésus était né à Bethléem mais fut élevé à Nazareth !). Ces pays courent aujourd’hui le même risque que les Nazaréens : ne pas reconnaître Jésus. La charte constitutionnelle de la nouvelle Europe unie n’est pas le seul endroit d’où il est aujourd’hui « chassé ».

Ce passage de l’évangile nous enseigne une chose importante. Jésus nous laisse libres ; il propose, il n’impose pas ses dons. Ce jour-là, face à ses compatriotes, Jésus ne s’est pas laissé aller aux menaces et aux invectives. Il n’a pas dit, d’un air méprisant, ce que l’on dit que Scipion l’Africain déclara en quittant Rome : « Patrie ingrate, tu n’auras pas mes os ! ». Il est tout simplement parti. Un jour, il fut mal accueilli dans un village ; les disciples indignés lui proposèrent de faire descendre le feu du ciel sur ce village, mais Jésus se retourna et les réprimanda (cf. Lc 9, 54).

Il fait de même aujourd’hui. « Dieu est timide ». Il a bien plus de respect pour notre liberté que nous n’en avons pour la liberté les uns des autres. Ceci crée une grande responsabilité. Saint Augustin disait : « J’ai peur de Jésus qui passe » (Timeo Jesum transeuntem). Il pourrait en effet passer sans que je m’en rende compte, passer alors que je ne suis pas prêt à l’accueillir.

Son passage est toujours un passage de grâce. Marc dit, de manière synthétique qu’un jour de sabbat, arrivé à Nazareth, Jésus « se mit à enseigner dans la synagogue ». Mais l’Evangile de Luc spécifie également ce qu’il enseigna et ce qu’il déclara, ce jour de sabbat. Il déclara être venu « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19).

Ce que Jésus proclama dans la synagogue de Nazareth était donc le premier jubilé chrétien de l’histoire, la première grande « année de grâce », dont tous les jubilés et les « années saintes » ne sont qu’une commémoration.

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ZENIT Staff

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