A l’occasion du consistoire des cardinaux convoqué par le pape Benoît XVI le 24 mars 2006, il a fait paraître la dépêche ci-dessous. A Hongkong, le Ming Pao, quotidien respecté, a repris l’essentiel de son contenu dans un article paru le 22 mars. La traduction est de la rédaction d’Eglises d’Asie, l’agence des missions étrangères de Paris (http://eglasie.mepasie.org, EDA n. 438, en date du 1er avril 2006).
Depuis peu avant midi, le 24 mars, l’Eglise catholique compte un cardinal chinois de plus, le sixième de l’histoire : le pape Benoît XVI a solennellement placé la « barrette », la coiffe rouge de cardinal, sur la tête de Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong.
C’est le 18 février 1946 que le pape Pie XII a créé le premier cardinal chinois. Il s’agissait de Thomas Tien Keng-hsin (1890-1967), membre de la Société du Verbe divin, nommé archevêque de Pékin moins de deux ans plus tard. Avec ce « grand consistoire » d’il y a soixante ans, Pie XII révolutionnait le collège des cardinaux. Il l’internationalisait en créant des cardinaux dans des pays où il n’y en avait jamais eu – et la Chine était du nombre. Le 28 avril 1969, le pape Paul VI créait le second cardinal chinois de l’histoire, en la personne de Paul Yu Pin (1901-1978), à l’époque archevêque de Nankin en exil. Le cardinal Yu est mort à Rome dix jours après le décès de Paul VI, et un mois avant celui de Jean-Paul Ier.
Durant ses vingt-six années de règne, Jean-Paul II a conféré la dignité de cardinal à trois évêques chinois. Lors de son premier consistoire, le 30 juin 1979, il annonçait qu’il avait créé un cardinal « in pectore ». Il fallut attendre le 29 mai 1991 pour que le pape lève le secret sur le cardinal créé par lui douze années auparavant : il s’agissait d’Ignace Kung Pin-mei (1901-2000), évêque de Shanghai. Emprisonné et placé en isolement durant trois décennies (1955-1985) pour sa foi, le cardinal Kung avait souffert et le pape polonais lui vouait une profonde admiration. Il tenait à le distinguer en plaçant sur sa tête la barrette, lors d’une cérémonie organisée au Vatican, le 28 juin 1991.
Avant cette date, Jean-Paul II avait conféré, le 28 juin 1988, la dignité de cardinal à John-Baptist Wu Cheng-chung (1925-2002), évêque de Hongkong. A la mort de ce dernier, le 23 septembre 2002, son évêque coadjuteur, Mgr Joseph Zen, devint le neuvième évêque de Hongkong. Le 18 janvier 1998 enfin, Jean-Paul II créait le cinquième cardinal chinois de l’histoire, en accordant la barrette à Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung, à Taiwan. Agé de 82 ans, le cardinal jésuite a pris sa retraite du diocèse de Kaohsiung, le 5 janvier dernier.
Selon différentes sources, notamment vaticanes, lorsque Benoît XVI a envisagé de convoquer son premier consistoire, il était déterminé à créer un cardinal chinois, de façon à honorer le peuple chinois, et plus particulièrement l’Eglise catholique en Chine continentale ainsi que tous les catholiques chinois.
Selon une source vaticane, le pape voulait également être certain qu’un cardinal chinois, en âge d’être électeur, puisse participer au conclave qui sera amené à élire son successeur. Aucun électeur chinois ne siégeait au sein du conclave qui l’a élu pape. Le cardinal Shan avait déjà dépassé les 80 ans. En comparaison, les Eglises du Japon et d’Inde comptaient chacune deux électeurs.
(à suivre)
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