ROME, Lundi 9 janvier 2006 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI en appelle à la réconciliation et au pardon au Moyen Orient, en Terre Sainte, au Liban, et particulièrement en Iraq, en Afrique, surtout dans la région des Grands Lacs, et au Darfour, et diverses parties du monde touchées par des « conflits sanglants », en affirmant : « Le sang versé ne crie pas vengeance, mais il appelle au respect de la vie et à la paix ».
Benoît XVI a reçu ce matin, à 11 heures, en la salle Regia du palais apostolique du Vatican les membres du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, pour la seconde fois, à l’occasion des vœux annuels. Le pape avait déjà reçu les ambassadeurs au lendemain de son élection, jeudi 12 mai 2005 (cf. Zenit, 12 mai 2005).
Le pape a prononcé son discours, traditionnellement en français, en réponse à celui de M. Giovanni Galassi, ambassadeur de la République de Saint-Marin près le Saint-Siège, doyen du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège.
Le discours du pape était structuré autour de quatre énoncés, le troisième étant : « L’engagement pour la vérité ouvre la voie au pardon et à la réconciliation ».
Le pape lançait en effet cet appel : « Avec humilité et un grand amour, je le répète aux responsables des Nations, en particulier de celles où les blessures physiques et morales des conflits sont les plus brûlantes, et où le besoin de la paix est le plus impérieux ».
Il citait : « la terre où est né Jésus Christ, le Prince de la Paix, qui a eu pour tous des paroles de paix et de pardon », puis « le Liban, dont la population doit retrouver, avec aussi le soutien de la solidarité internationale, sa vocation historique en faveur de la collaboration sincère et fructueuse entre les communautés de foi différente », mais aussi « tout le Moyen Orient », en particulier l’Iraq, « berceau de grandes civilisations, endeuillé quotidiennement au cours de ces années par des actes terroristes sanglants ».
Le pape ajoutait immédiatement « l’Afrique », et surtout « les pays de la région des Grands Lacs, où se ressentent encore les tragiques conséquences des guerres fratricides des années passées », puis « les populations sans défense du Darfour, touchées par une férocité abominable, avec des répercussions internationales dangereuses » et finalement « tant d’autres terres, dans diverses parties du monde, qui sont le théâtre de conflits sanglants ».
Le pape employait cette formule très forte – en encourageant dans ce domaine le rôle de l’ONU -: « Le sang versé ne crie pas vengeance, mais il appelle au respect de la vie et à la paix. Devant cette exigence fondamentale de l’humanité, puisse la Commission de consolidation de la paix, récemment créée par l’ONU, y répondre efficacement grâce à la coopération pleine de bonne volonté de la part de tous ».
Le pape faisait observer qu’ « à la connexion indispensable entre l’engagement pour la vérité et la paix, on soulève une objection: les convictions différentes sur la vérité donnent lieu à des tensions, à des incompréhensions, à des débats, d’autant plus forts que les convictions elles-mêmes sont plus profondes ».
Il ajoutait même cette objection : « Au long de l’histoire, elles ont donné lieu à de violentes oppositions, à des conflits sociaux et politiques, et même à des guerres de religion », pour reconnaître : « cela est vrai, et l’on ne peut le nier; mais cela a toujours eu lieu en raison d’une série de causes concomitantes, qui n’ont que peu ou rien à faire avec la vérité ni avec la religion, et toujours en fait parce qu’on veut tirer profit de moyens en réalité inconciliables avec le pur engagement pour la vérité, ni avec le respect de la liberté demandée par la vérité ».
Benoît XVI citait la demande de pardon formulée par l’Eglise pour ses erreurs dans ce domaine en disant : « Et en ce qui la concerne de manière spécifique, l’Église catholique condamne les graves erreurs accomplies dans le passé, tant de la part d’une partie de ses membres que de ses institutions; et elle n’a pas hésité à demander pardon. L’engagement pour la vérité l’exige ».
On se souvient à ce propos que, le 12 mars 2000, en la basilique Saint-Pierre, c’est le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui a invité les fidèles à confesser les fautes de ceux qui ont utilisé « des méthodes non évangéliques » au service de la foi.
« La demande de pardon et le don du pardon, qui est dû également – parce qu’est valable pour tous l’avertissement de Notre Seigneur: «Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter la pierre» (cf. Jn 8, 7) – sont des éléments indispensables pour la paix », faisait observer Benoît XVI.
Et d’expliquer, en citant justement la formule de Jean-Paul II – la « purification de la mémoire » voulue en l’an 2000 : « La mémoire en demeure purifiée, le cœur rasséréné, et le regard sur ce que la vérité exige pour développer des pensées de paix devient limpide. Je ne peux pas ne pas rappeler les paroles éclairantes de Jean-Paul II: «Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon» (Message pour la Journée mondiale pour la Paix, 1er janvier 2002) ».
C’est pourquoi le pape reprenait : « Parmi les grandes tâches de la diplomatie, il faut assurément entendre celle de faire comprendre à toutes les parties en conflit que, si elles aiment la vérité, elles ne peuvent pas ne pas reconnaître leurs erreurs – et non seulement celles des autres –, ni refuser de s’ouvrir au pardon, demandé et accordé. L’engagement pour la vérité – qui leur tient certainement à cœur – les convoque à la paix, à travers le pardon ».