ROME, Dimanche 1er janvier 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape a prononcée en italien, mercredi 28 décembre, au cours de l’audience générale.
Lecture: Ps 138, 13-16.23-24
11. J’avais dit : « Les ténèbres m’écrasent ! »
mais la nuit devient lumière autour de moi.
12. Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre,
et la nuit comme le jour est lumière !
13. C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
14. Je reconnais devant toi le prodige,
l’être étonnant que je suis :
étonnantes sont tes oeuvres
toute mon âme le sait.
15. Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonné dans le secret,
modelé aux entrailles de la terre.
16. J’étais encore inachevé, tu me voyais ;
sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits,
recensés avant qu’un seul ne soit !
17. Que tes pensées sont pour moi difficiles,
Dieu, que leur somme est imposante !
18. Je les compte : plus nombreuses que le sable !
Je m’éveille : je suis encore avec toi.
19. [Dieu, si tu exterminais l’impie !
Hommes de sang, éloignez-vous de moi !
20. Tes adversaires profanent ton nom :
ils le prononcent pour détruire.
21.Comment ne pas haïr tes ennemis, Seigneur,
ne pas avoir en dégoût tes assaillants ?
22. Je les hais d’une haine parfaite,
je les tiens pour mes propres ennemis.]
23. Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée
éprouve-moi, tu connaîtras mon coeur.
24. Vois si je prends le chemin des idoles,
et conduis-moi sur le chemin d’éternité.
© AELF
1. En cette audience générale du mercredi de l’Octave de Noël, fête liturgique des Saints Innocents, nous reprenons notre méditation sur le Psaume 138, dont la lecture est proposée comme prière par la liturgie des vêpres en deux étapes distinctes. Après avoir contemplé dans la première partie (cf. vv. 1-12) le Dieu omniscient et omniprésent, Seigneur de l’être et de l’histoire, cet hymne sapientiel d’intense beauté et passion se tourne à présent vers la réalité la plus élevée et admirable de tout l’univers, l’homme, défini comme le « prodige » de Dieu (cf. v. 14). Il s’agit en réalité d’un thème profondément en harmonie avec l’atmosphère de Noël que nous vivons en ces journées, au cours desquelles nous célébrons le grand mystère du Fils de Dieu qui s’est fait homme, ou plutôt qui s’est fait enfant, pour notre salut.
Après avoir considéré le regard et la présence du Créateur qui embrassent tout l’horizon cosmique, dans la deuxième partie du Psaume que nous méditons aujourd’hui, les yeux pleins d’amour de Dieu se tournent vers l’être humain, considéré dans son début plein et complet. Il est encore « informe » dans l’utérus maternel : le terme hébreu utilisé a été compris par certains experts bibliques comme un renvoi à l’« embryon », décrit dans ce terme comme une petite réalité ovale, enroulée sur elle-même, mais sur laquelle se pose déjà le regard bienveillant et plein d’amour de Dieu (cf. v. 16).
2. Le psalmiste, pour définir l’action divine à l’intérieur du sein maternel, a recours aux images bibliques classiques, alors que la cavité génératrice de la mère est comparée aux « profondeurs de la terre », c’est-à-dire à la vitalité constante de la grande mère terre (cf. v. 15).
Il y a tout d’abord le symbole du potier et du sculpteur qui « forme », modèle sa création artistique, son chef-d’œuvre, précisément comme on le disait dans le livre de la Genèse à propos de la création de l’homme: « Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol » (Gn 2, 7). Il y a ensuite le symbole « du tissu », qui évoque la délicatesse de la peau, de la chair, des nerfs « tissés » sur le squelette osseux. Job évoquait lui aussi à nouveau, avec force ces images, ainsi que d’autres, pour exalter ce chef-d’œuvre qu’est la personne humaine, bien que frappée et blessée par la souffrance : « Tes mains m’ont façonné, créé ;… Souviens-toi : tu m’as fait comme on pétrit l’argile… Ne m’as-tu pas coulé comme du lait et fait cailler comme du laitage, vêtu de peau et de chair, tissé en os et en nerfs ? » (Jb 10, 8-11).
3. Dans notre Psaume, l’idée que Dieu voit déjà tout l’avenir de cet embryon encore « informe » est extrêmement puissante : dans le livre de la vie du Seigneur sont déjà inscrits les jours que cette créature vivra et remplira d’œuvres au cours de son existence terrestre. C’est ainsi que réapparaît la grandeur transcendante de la connaissance divine, qui n’embrasse pas seulement le passé et le présent de l’humanité, mais également la perspective encore cachée de l’avenir. Mais ici apparaît également la grandeur de cette petite créature humaine non née, formée par les mains de Dieu et entourée de son amour : un éloge biblique de l’être humain dès le premier moment de son existence.
Nous voudrions à présent nous remettre à la réflexion que saint Grégoire le Grand, dans ses Homélies sur Ezéchiel, a élaborée sur la phrase du Psaume que nous avons commenté plus haut : « Mon embryon, tes yeux le voyaient : sur ton livre, ils sont tous inscrits les jours qui ont été fixés » (v. 16). Sur ces mots, le Pontife et Père de l’Eglise a construit une méditation originale et délicate, concernant ceux qui dans la communauté chrétienne sont les plus faibles dans leur démarche spirituelle.
Et il dit que même les plus faibles dans la foi et dans la vie chrétienne font partie de l’architecture de l’Eglise, ils s’y « trouvent toutefois comptés… en vertu de son bon vouloir. C’est vrai, ils sont imparfaits et petits, cependant pour autant qu’ils réussissent à comprendre, ils aiment Dieu et leur prochain et ne négligent pas d’accomplir le bien qu’ils peuvent. Même s’ils n’arrivent pas encore aux dons spirituels, au point d’ouvrir l’âme à l’action parfaite et à la contemplation ardente, ils ne refusent toutefois pas l’amour de Dieu et du prochain, dans la mesure où ils sont capables de le comprendre. C’est pourquoi, il arrive qu’eux aussi contribuent, tout en étant situés à une place moins importante, à l’édification de l’Eglise, car, bien qu’inférieurs du point de vue de la doctrine, la prophétie, la grâce des miracles et le complet détachement du monde, ils reposent toutefois sur le fondement de la crainte et de l’amour, dans lequel ils trouvent leur solidité » (2, 3, 12-13, Œuvres de Grégoire le Grand, III/2, Rome 1993, pp. 79.81).
Le message de saint Grégoire devient un grand réconfort pour nous tous qui avançons souvent avec difficulté sur le chemin de la vie spirituelle et ecclésiale. Le Seigneur nous connaît et nous entoure tous de son amour.
[Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit]
Le pape a adressé les paroles suivantes aux pèlerins de langue française :
Je salue cordialement les pèlerins francophones, notamment les membres du Conseil général élargi de la Congrégation de Jésus et Marie, et le groupe de la paroisse Saint-Victor de Meylan. A tous, je souhaite une heureuse et sainte année 2006, avec la Bénédiction apostolique.