Cri d’alarme : « Catastrophe humanitaire au cœur du Katanga »

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L’aide humanitaire « risque d’arriver trop tard »

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ROME, Mardi 6 décembre 2005 (ZENIT.org) – Mgr Fulgence Muteba, évêque de Kilwa-Kasenga dénonce une « catastrophe humanitaire au cœur du Katanga » dans l’appel ci-dessous. L’aide humanitaire, déclare l’évêque, « risque d’arriver trop tard » .

Une catastrophe humanitaire au cœur du Katanga

Le déplacement massif de la population fuyant les zones de combat entre les
FARDC et les miliciens de Gédéon au centre du Katanga continue. Depuis le premier dimanche de l’Avent, la localité de Dubie est pris d’assaut par quelque 5.000 nouveaux déplacés venant principalement de Kisele. Ils affirment avoir laissé d’innombrables personnes derrière eux. Quatre accouchements ont eu lieu en pleine nature sur le chemin de l’exil. Comme les précédents, ces nouveaux sinistrés sont épuisés et frappés de diverses maladies (malnutrition, bronchite, malaria, tous, etc.). D’aucuns sont à peine habillés. Ils ramassent de sachets en plastique ou de vieux morceaux de couverture qui traînent dans la cité pour se couvrir. Ils occupent les salles de classe, la cour de l’église paroissiale ou sont casés dans un nouveau site ouvert depuis lundi. Les cours ont été suspendus dans toutes les écoles.

Le Général d’armée basé à Dubie, les ecclésiastiques ainsi que le personnel de Médecins Sans Frontières Hollande se trouvant sur place sont débordés. L’hôpital catholique ne sait à quel saint se vouer. Les malades sont si nombreux qu’il est difficile de les prendre tous en charge. L’aide humanitaire est toujours attendue. Dubie et les villages environnants n’ont plus de nourriture. « Nous sommes maintenant tous sinistrés » a déclaré une religieuse franciscaine de Marie qui tente de soulager la misère de ces malheureux hôtes de circonstance.

La querelle de chiffres déclenchée deux semaines plus tôt par certains humanitaires a été stoppée nette vendredi dernier par la déclaration de la division humanitaire de OCCHA qui a estimé à 80.000 personnes le nombre de personnes touchées par cette catastrophe. Ce chiffre va bien au-delà de celui de 60.000 avancé par les sources du diocèse de Kilwa-Kasenga. Il n’est pas exagéré !

Mitwaba est un autre foyer de cette catastrophe. Le village de Mazombwe, situé à 7kilomètres de Mitwaba et abritant d’anciens déplacés de guerre, a été brûlé la semaine dernière par les hommes de Gédéon. Ils ont coupé la gorge du chef coutumier MUBIDI avant de disparaître dans la jungle.

A l’est de Dubie, les FARDC ont livré bataille deux fois contre les hommes de Gédéon à quelques kilomètres de Pweto. Cette cité portuaire qui s’apprête au retour de réfugiés congolais venant de la Zambie compte 350 familles de déplacés de guerre qui ont aussi besoin d’aide. Ce matin, les combats ont repris. L’avenir nous en dira plus. D’autres villages situés le long du lac Moero accueille, eux aussi, de déplacés de guerre. Il s’agit de Muku, Lokonzolwa, Nzwiba, Lwanza, Kibowa, Kamakanga, etc.

L’aide humanitaire est très attendue, mais elle risque d’arriver trop tard. Le silence du Gouvernement est inquiétant. La vie humaine n’a pas de prix. Il est difficile de croire que l’humanité peut subir tant d’humiliations à cause de la barbarie de certains hommes. Pour leur part, les sinistrés ne vivent désormais que d’espoir…

+Fulgence MUTEBA
Evêque de Kilwa-Kasenga

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ZENIT Staff

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