Le diocèse sud-coréen de Cheju (Jeju) et le diocèse japonais de Kyoto se sont déclarés « diocèses frères » pour mieux travailler à l’évangélisation et à la réconciliation entre leurs deux nations. Mgr Otsuka Yoshino, évêque de Kyoto, et Mgr Peter Kang U-il, évêque de Cheju, ont signé un accord entérinant leurs liens d’amitié fraternelle à l’issue, le 7 juin dernier, d’une Eucharistie bilingue, célébrée à Kyoto, en la cathédrale de Kawaramachi. L’assemblée a applaudi quand les deux évêques se sont serrés la main après la signature du document scellant leur accord. Parmi les Coréens présents dans l’assistance, des Coréennes avaient revêtu le costume traditionnel.
Dans son allocution, Mgr Otsuka a expliqué que cette entente fraternelle entre deux diocèses était née de l’idée que « les diocèses en Corée et au Japon doivent tisser des liens pour favoriser les échanges tant au niveau sacerdotal que laïque », dans la lignée de ce que les évêques japonais et coréens ont approuvé lors de leur dernière rencontre, en novembre 2004 (1). Depuis qu’ont commencé en 1996 ces rencontres entre évêques coréens et japonais, les responsables des deux Eglises ont pu échanger chaque année leurs points de vue sur l’histoire, la pastorale et l’évangélisation (2). En novembre 2004, la dixième rencontre avait eu lieu à Jeju (Cheju). « C’est Mgr Kang, l’évêque de Jeju, qui, en février dernier, a proposé cette alliance entre son diocèse et celui de Kyoto. Nous étions ravis pour notre part de pouvoir nouer cette sorte de lien fraternel », a déclaré Mgr Otsuka.
Mgr Kang, qui a étudié au grand séminaire de Tôkyô avant d’être ordonné prêtre en 1974, a, quant à lui, remercié les diocésains de Kyoto en japonais. « Nous devons nous rappeler notre mission qui est d’aider le grand public, profondément influencé par les tensions politiques de ces dernières années, à, lui aussi, devenir le peuple de Dieu en marche vers le Royaume, celui de l’amour et de l’affection », a-t-il insisté, ajoutant que cette volonté missionnaire est le gage que les traditions et les cultures de chacun seront non seulement respectées mais partagées.
« Partenaires de l’évangélisation », les deux diocèses veulent s’encourager mutuellement, prier ensemble et échanger leurs travaux, leurs soucis et leurs réussites. Dans le document qu’ils ont signé, les deux évêques ont engagé leurs deux diocèses à « approfondir leur compréhension de l’histoire et de la culture du diocèse frère », et « à faire grandir l’amitié entre les deux nations et la paix dans le monde ».
Mgr Kang est né en octobre 1945, deux mois après la fin de la deuxième guerre mondiale et la libération de son pays du système colonial japonais. Mgr Otsuka, quant à lui, est né en 1954. Il a expliqué que, pour favoriser l’essor des relations, dans son diocèse de Kyoto, la Commission diocésaine d’échange avec l’Asie avait mis sur pied une section spéciale d’échange entre les deux diocèses frères, Kyoto et Cheju.
Le diocèse de Cheju englobe l’ensemble de l’île de Jeju, un haut lieu touristique au sud de la péninsule coréenne. Sur une population de 500 000 habitants, 60 000 sont catholiques et 37 prêtres se répartissent le travail des 24 paroisses que compte le diocèse. Quant au diocèse de Kyoto, il recouvre les préfectures de Kyoto, Mie, Nara et Shiga, avec 63 prêtres, 54 paroisses et trois chapelles de mission, pour une communauté de 19 000 catholiques.
Cette alliance fraternelle entre deux diocèses n’est pas la première initiative de ce genre. Le diocèse japonais de Hiroshima avait déjà noué en 2000 des liens fraternels non seulement avec le diocèse coréen de Pusan mais avec la prélature d’Infanta, aux Philippines.
L’an dernier, au cours de leur rencontre à Jeju, dix-huit évêques coréens et treize évêques japonais avaient, une nouvelle fois, parlé de l’histoire des relations nippo-coréennes et de leurs soucis pastoraux. Leur prochaine rencontre, prévue du 18 au 20 novembre 2005, aura lieu au Japon.
(1) Voir EDA 408, 414, 418
(2) Depuis des années, la Corée du Sud et d’autres nations asiatiques envahies par l’armée impériale japonaise protestent contre les falsifications de l’histoire insérées dans les manuels scolaires des écoles publiques japonaises. Elles exigent aussi que le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi cesse ses visites au temple shintô de Yasukuni, à Tôkyô, où sont honorés les âmes des morts tombés au champ d’honneur, y compris celles de plusieurs criminels de guerre condamnés en 1948 par le tribunal international de Tôkyô. Voir EDA 336, 345 et 389 (Cahier de documents). Par souci de vérité historique, les évêques coréens et japonais ont publié un manuel scolaire d’histoire à l’usage des écoles catholiques de leurs deux pays. La version en langue coréenne de ce manuel est parue l’an dernier (voir EDA 224, 233, 255, 282,283, 329, 345, 398).
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Jul 14, 2005 00:00