Le 17 novembre 2001, Mgr Bertone avait en effet rencontré sœur Lucie au couvent des carmélites de Coimbra, pour clarifier certains aspects de la publication du document « Le message de Fatima », du 26 juin 2000. Ce document faisait lui-même suite à la publication du « troisième secret », le 13 mai 2000, à Fatima, le jour de la béatification par Jean-Paul II des deux pastoureaux, Jacinthe et François.
Le 20 décembre 2001, la salle de presse du Saint-Siège a ainsi publié un compte rendu de la conversation portant les signatures de Mgr Bertone et de Sœur Lucie (cf. ZF011220).
Après l’attentat terroriste du 11 septembre 2001, des articles avaient en effet évoqué de soi-disant nouvelles révélations du Sœur Lucie, des lettres au Saint-Père, des ré-interprétations apocalyptiques du message de Fatima.
« On a répété le soupçon que le Saint-Siège n’avait pas publié le texte intégral de la troisième partie du « secret » et certains mouvements « de Fatima » ont répété l’accusation que le Saint-Père n’avait pas encore consacré la Russie au Cœur Immaculé de Marie, rappelle le compte rendu de cette rencontre.
« C’est pourquoi on a estimé nécessaire de rencontrer sœur Lucie », en présence d’autres autorités ecclésiastiques, « pour obtenir certaines clarifications et informations directes de la [seule] voyante encore en vie ».
« L’entretien a duré plus de deux heures. Il a eu lieu dans l’après-midi du samedi 17 novembre ».
Sœur Lucie, alors âgée de 94 ans, semblait « en très bonne forme, lucide et alerte ».
« Elle a avant tout affirmé son amour et sa dévotion envers le Saint-Père: elle prie beaucoup pour lui et pour toute l’Eglise ».
Au cours de cet entretien, Sœur Lucie a également déclaré qu’elle était heureuse de la diffusion de son livre « Les appels du Message de Fatima », traduit en plusieurs langues. Elle recevait « de nombreuses lettres de remerciement ».
Pour ce qui est de la troisième partie du secret de Fatima, elle a affirmé avoir « lu attentivement et médité le fascicule publié par la Congrégation pour la Doctrine de la foi » et elle a « confirmé tout ce qui y est écrit ».
« Tout a été publié, il n’y a plus rien de secret », a-t-elle déclaré (…). Si j’avais eu de nouvelles révélations, je ne les aurais dites à personne, mais je les dirais directement au Saint-Père! »
« Je me sens en sécurité sous la protection de Notre-Dame, qui veille tendrement sur l’Eglise et sur le pape »… insistait Sr Lucie avec ce détail inédit au récit de la fameuse vision prophétique du 13 juillet 1917: « Au cours de la vision, Notre-Dame, toute resplendissante, tenait dans sa main droite un Cœur et dans sa main gauche le chapelet ».
Le cœur dans la main de la Madone « est un signe d’amour qui protège et qui sauve. C’est la Mère qui voit ses enfants souffrir et souffre avec eux, même avec ceux qui ne l’aiment pas. Parce qu’elle veut les sauver tous, et n’en perdre aucun de ceux que le Seigneur lui a confiés. Son Cœur est un refuge sûr. La dévotion au Cœur immaculé de Marie est le moyen de salut des temps difficiles pour l’Eglise et pour le monde. Elle est très appropriée la réflexion du cardinal Ratzinger à la fin de son commentaire de la dernière partie du « secret »: « Mon Cœur immaculé triomphera », qu’est-ce que cela signifie? Le cœur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte. Le fiat de Marie, la parole de son Cœur, a changé l’histoire du monde, parce qu’elle a introduit en ce monde le Sauveur – parce que grâce à ce « oui », Dieu pouvait devenir homme dans notre espace et il reste tel maintenant pour toujours. Le malin a du pouvoir en ce monde, nous le voyons et nous en faisons constamment l’expérience. Il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu. Mais depuis que Dieu lui-même a un cœur humain, et a ainsi tourné à nouveau la liberté de l’homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n’a plus le dernier mot. Depuis lors vaut la parole: « Vous aurez des tribulations dans le monde, mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde . Le message de Fatima nous invite à nous confier à cette promesse ».
A la question : « Que dites-vous des affirmations que la consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie ‘n’a jamais été faite’? », Sœur Lucie répondait: « J’ai déjà dit que la consécration désirée par Notre Dame a été faite en 1984 et qu’elle a été acceptée par le ciel ».
Elle invitait à lire ses livres en disant : « Là, on trouve des conseils qui correspondent aux désirs de Notre-Dame. Prière et pénitence, avec une grande foi dans la puissance de Dieu, nous sauverons le monde ».