Constitution de l’UE : La mémoire effacée de l'Europe

CITE DU VATICAN, Jeudi 24 juin 2004 (ZENIT.org) – L’Osservatore Romano a publié cette analyse reprise dans la traduction de L’Osservatore hebdomadaire en français du 22 juin dernier.

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La mémoire effacée de l’Europe

L’adoption du nouveau Traité constitutionnel, cinquante jours après l’élargissement de l’Europe à 25 pays, permet à l’Union européenne de considérer l’année 2004 comme une année où des objectifs fondamentaux ont été atteints. Toutefois, les perplexités ne manquent pas, atténuant la satisfaction: sous les lumières d’un accord sans précédents, se trouvent des zones d’ombre dues à la façon dont l’entente a été atteinte et surtout des contenus qui ne sont pas entièrement à la hauteur des espérances et des souhaits d’un grand nombre de personnes.

L’Europe qui – comme il est juste -, se tourne vers l’avenir et entend jeter des bases solides et importantes pour donner un nouvel élan au chemin communautaire, semble avoir choisi de se priver d’un point de référence de sa mémoire historique. Certes, la Constitution a été adoptée et cela permet déjà d’offrir à l’Europe de nouvelles espérances pour se développer rapidement et trouver une identité mieux définie, afin de pouvoir affronter les défis du début de siècle. Mais c’est précisément cette nécessité d’une identité ancrée dans l’histoire et dans les valeurs authentiques du continent qui transforme en déception le refus de la requête – demandée par plusieurs parties jusqu’au dernier moment – d’insérer dans le préambule de la Constitution une référence explicite aux racines chrétiennes de l’Europe.

Une déception d’autant plus explicable dans la mesure où le texte constitutionnel lui-même parle des valeurs religieuses comme une source d’inspiration de l’Union (« S’inspirant de l’héritage culturel, religieux et humaniste de l’Europe, à partir duquel se sont développées les valeurs universelles des droits inviolables et inaliénables de l’homme, de la démocratie, de l’égalité, de la liberté et de l’Etat de droit », peut-on y lire, n.d.l.r.) et qu’il est évident que « les racines religieuses de l’Europe sont chrétiennes », comme l’avait encore fait remarquer ces jours derniers l’ancien Président français, M. Valéry Giscard d’Estaing, qui avait présidé la Convention chargée de rédiger le texte constitutionnel.

Le Président de la Commission de l’Union européenne, M. Romano Prodi, en commentant le résultat obtenu, a lui aussi fait part de considérations analogues et a également souligné qu’une partie fondamentale de la Constitution est représentée par l’article 51 qui « reconnaît les droits des Eglises et le dialogue structurel entre les Institutions européennes et les Eglises ».

« Il est clair – a observé Romano Prodi – que la question du Préambule a été la plus difficile car elle touchait des traditions différentes, mais le résultat obtenu est sérieux, même si ce n’est pas celui que j’avais souhaité et soutenu ».

(©L’Osservatore Romano – 22 juin 2004)

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ZENIT Staff

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