ROME, lundi 7 juin 2004 (ZENIT.org) – Le procès diocésain de béatification de l’Italien Igino Giordani a été ouvert officiellement hier dimanche, en la cathédrale Saint-Pierre de Frascati, près de Rome. Ecrivain, journaliste, homme politique, oecuméniste, spécialiste en patristique, Giordani est aussi considéré comme le « co-fondateur » du mouvement des Focolari.
Né en 1894 à Tivoli, premier des six enfants d’Orsolina et Mariano, maçon, il fait des études grâce à un bienfaiteur qui en assume la dépense, explique le site du mouvement des Focolari (cf. www.focolare.org). En 1915, il est mobilisé. Lieutenant dans les tranchées, il avouera plus tard n’avoir jamais voulu tirer contre l’ennemi et mérite cependant la médaille d’argent pour son ardeur et sa générosité, et pour des blessures qui le feront souffrir toute sa vie. Licencié en lettres, il enseigne à Rome et épouse Mya Salvati, tissant une histoire d’amour délicate et forte dont naîtront quatre enfants : Mario, Sergio, Brando et Bonizza.
La période allant de 1946 à 1953 est la plus créative et la plus dynamique, avec des initiatives audacieuses et prophétiques en faveur de la paix entre les classes et entre les peuples. Avec aussi un timbre original : sa fameuse « ingénuité », selon sa propre expression, qui lui fait choisir des positions inconfortables comme l’objection de conscience, le refus des dépenses militaires, de la diabolisation des communistes. Une « ingénuité » qui le fait sortir assez vite de l’échiquier politique, mais qui le fait redécouvrir aujourd’hui comme (selon l’historien de Rosa) : « un politicien de l’anti-politique, pas fait pour toutes les époques, non disponible aux raisons du pouvoir pour le pouvoir ».
Au milieu des souffrances endurées à l’hôpital militaire, à 22 ans, il ressent un premier appel à la sainteté, renforcé par les écrits de Catherine de Sienne. Il devient tertiaire dominicain à son exemple, car elle est « la première – dira-t-il plus tard – qui m’enflamma de l’amour de Dieu ».
En 1948 il rencontre Chiara Lubich.
Fasciné par la radicalité évangélique de la « spiritualité de communion » annoncée et vécue par Chiara Lubich, il y voit la réalisation possible du rêve des Pères de l’Église : ouvrir tout grand les portes des monastères pour que la sainteté ne soit pas le privilège d’un petit nombre, mais un phénomène de masse dans le peuple chrétien. Il adhère totalement d’esprit et de cœur au Mouvement des Focolari, où il est appelé « Foco », en raison de l’amour qu’il témoigne et diffuse. De plus, par son « oui », il devient un instrument providentiel par lequel la fondatrice des Focolari reçoit des compréhensions ultérieures de son propre charisme.
Il devient ainsi l’un des plus proches collaborateurs de Chiara Lubich, qui le considère comme « co-fondateur » du Mouvement des Focolari.
Dans le creuset du Focolare, Igino Giordani accomplit un voyage de l’âme plus ardu sur les voies de la mystique, dans lequel les épreuves spirituelles, les incompréhensions et les humiliations de sa mise à l’écart progressive, les douleurs physiques aussi, s’estompent devant l’expérience quotidienne de la présence du Christ « au milieu de deux ou plus » unis en son nom, et celle du mystère d’amour d’un Dieu crucifié et abandonné. Il obtient du Ciel d’extraordinaires expériences d’union à Dieu et à Marie, et aussi ces épreuves « obscures » de l’âme que le Seigneur réserve à ceux qu’il aime le plus. Son voyage devient ainsi un « envol » en Dieu, qui se termine le soir du 18 avril 1980. Son corps repose au cimetière de Rocca di Papa (Rome).
En France, sa biographie, écrite par Jean-Marie Wallet et Tommaso Sorgi, est parue en 2003 sous le titre : « Igino Giordani, chrétien, politique, écrivain » aux éditions Nouvelle Cité.