CITE DU VATICAN, Jeudi 3 juin 2004 (ZENIT.org) – Le « bien des Irakiens », tel est le critère proposé par le Vatican pour évaluer la situation actuelle et les décisions à prendre, a fait remarquer, ce jeudi soir, en direct à la télévision italienne (RAI 1), le porte-parole du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls. Il a également fait état des autres sujets au programme des entretiens du président des Etats-Unis au Vatican vendredi matin, dont la Terre Sainte, les Grands Lacs africains, et le retour à la légalité internationale. Au terme de l’entretien avec le pape, le président Bush devrait remettre à Jean-Paul II la « Médaille présidentielle de la liberté ».
Pour ce qui est de la question de la guerre en Irak, M. Navarro Valls fait remarquer d’une part « en quelle période nous sommes ». Il ne s’agit plus, dit-il, de « discuter sur la guerre », de se demander « si elle est éthique ou non », nous sommes à « une autre époque », insiste le porte-parole de Jean-Paul II.
Ce qui caractérise le moment présent c’est par exemple, explique-t-il, l’imminence d’une « nouvelle résolution des Nations Unies », les « changements survenus » dans le gouvernement en Irak, et les « perspectives » que cela a ouvert.
Mais M. Navarro Valls souligne aussi au premier plan des préoccupations de Jean-Paul II le sort de la « communauté catholique d’Irak », à la fois « petite », mais « appréciée », et qui n’a pas fait l’objet de « gestes hostiles », en particulier en raisons, dit-il, de « son travail social et humanitaire ».
« Le bien du peuple irakien »
Pour ce qui est de l’avenir de l’Irak, et de la présence ou non de troupes internationales sur son territoire, le porte-parole du Vatican rappelle le principe qui guide les positions du Saint-Siège : « le bien-être des Irakiens, tout dépend de cela ». « S’il y a besoin d’une force multinationale sous l’autorité des Nations Unies », alors il faut qu’elle reste, l’important est de favoriser le « climat de paix civile » dont le pays a besoin pour se reconstruire.
Pour ce qui est de l’impact des positions du pape et du Saint-Siège avant la guerre en Irak, M. Navarro Valls fait également remarquer qu’il ne faut pas simplement considérer un résultat, à savoir que la guerre a eu lieu malgré l’avis contraire du Saint-Siège qui « a tout fait pour que la guerre soit évitée ».
Il souligne que les interventions du pape ont aussi pour but de « hausser le niveau éthique » des débats. Et en cela, il note une « réussite » : les choses ne se résolvent pas uniquement « de façon politique », mais aussi de façon « éthique », ce dont les opinions ont pris conscience, affirme M. Navarro Valls.
Revenir à la légalité internationale
Le Saint-Siège est-il « optimiste » quand à l’issue du conflit ? M. Navarro Valls distingue d’une part le point de vue de la « tactique » et de « l’efficacité » immédiate sur le terrain et d’autre part celle du « retour au droit international », « dont l’ONU est le garant ».
Il souligne en effet que « ce sont les peuples qui font le droit international, pas les Nations Unies, mais que l’ONU en est le garant » et qu’il est important d’y revenir.
Pour ce qui est du rôle du Saint-Siège pour « rapprocher les points de vue » divergents, le porte-parole du Vatican constate ; « c’est déjà cela qui se passe » : « le fait d’avoir des contacts, la possibilité de parler peut justement aider à revoir les positions, et cela se voit déjà ».
Terre Sainte
Pour le porte-parole du Saint-Siège, il ne faut pas cependant réduire l’enjeu de cet entretien entre le président des Etats-Unis et le pape Jean-Paul II au seul Irak. « Il y a d’autres thèmes, comme le Moyen Orient, explique-t-il, et la situation des chrétiens en Terre Sainte, en particulier du fait du mur qui crée des problèmes par rapport à l’accord signé entre le Saint-Siège et l’Etat hébreu. Les Etats Unis peuvent avoir une influence sur cette question ».
Il rappelle aussi qu’après avoir rencontré le pape, le président Bush rencontrera le cardinal Secrétaire d’Etat Angelo Sodano.
Les Grands lacs d’Afrique
Une autre question que soulèvera le Saint-Siège est elle de la situation dans la région des Grands Lacs d’Afrique, frappée par « le plus grand désastre humanitaire » de notre temps, pire encore « que celle de la Bosnie en 1993 », insiste M. Navarro Valls.
Annonçant que le pape recevrait des mains du président Bush II la « Médaille présidentielle de la liberté », il explique : « Il s’agit de la plus haute distinction civile des Etats-Unis, qui salue ce que le pape a fait pendant toutes ces années pour la paix dans le monde. Le président Bush a voulu l’offrir au pape, et cela indique dans quel état d’esprit il effectue cette visite ».
« Quelqu’un dira que c’est une manœuvre électorale », ajoute M. Navarro Valls. « Moi, je préfère, dit-il en souriant, être du côté des ingénus qui pensent que cette reconnaissance est simplement méritée ».