CITE DU VATICAN, Mardi 1er juin 2004 (ZENIT.org) – Réformer l’Organisation des Nations unies pour un meilleur équilibre des pouvoirs entre les pays, et leur confier la résolution de crises du Moyen Orient et de l’Irak, c’est ce que préconise le cardinal Jean-Louis Tauran au terme de la conférence de Doha, capitale du Qatar, sur le dialogue entre catholiques et musulmans.
Les progrès du dialogue entre musulmans et chrétiens, l’éventuelle ouverture au judaïsme, comme le suggère l’Emir lui-même, mais aussi le drame des crises du Moyen Orient et de l’Irak; autant de thèmes abordés dans la conférence de presse finale par le cardinal français, naguère ministre des Affaires étrangères de Jean-Paul II et actuellement archiviste bibliothécaire de la Sainte Eglise Romaine.
Un patrimoine juridique complet et affiné
A propos de la réforme de l’ONU, le cardinal Tauran précise au micro de Radio Vatican: « Je pense que les acteurs de la société internationale n’ont jamais eu en main un patrimoine juridique aussi complet et affiné qu’aujourd’hui. Ce qui manque, c’est la volonté politique de respecter les engagements souscrits. La réforme de l’ONU est donc nécessaire. Surtout, il ne devrait pas y avoir de grands ou de petits pays, une idée que le pape a toujours développée: dans la famille des nations, tous sont égaux. Evidemment, qui est plus puissant a une responsabilité plus grande, mais au moment de décider, la décision doit être prise selon le droit et selon la justice. Et d’autre part, j’ajoute qu’il faut être très attentifs à ne pas détruire l’ONU: ce serait catastrophique, étant donné que nous n’avons pas d’autre structure ».
Revenir à la Charte des Nations unies
Pour ce qui est de la crise en Irak, le cardinal Tauran explique: « L’ONU est la seule organisation capable d’accompagner la transition d’un retour de l’Irak à sa souveraineté nationale et de permettre aux Irakiens de prendre les rênes de leur pays. Mais, c’est l’ensemble de la communauté internationale qui doit le faire, pas seulement deux ou trois pays qui peuvent imposer un ordre international. Il suffirait de revenir au texte de la Charte des Nations unies. Là, on a tous les éléments pour une solution ».
Pour ce qui est de la Terre Sainte, le cardinal Tauran ajoute: « Pour moi, la crise israélo-palestinienne est la mère de toutes les crises. Quand cette crise sera résolue, tous les autres problèmes trouveront leur solution ».
Le Premier ministre du Qatar a souhaité, lors de la conférence de Doha que le dialogue entre catholiques et musulmans intègre aussi un dialogue avec les juifs: le cardinal Tauran y voit « une proposition très courageuse et certainement très valable ».
« Mais, commente le cardinal Tauran, j’ai déjà entendu dire que les réactions n’ont pas été unanimes. Je pense évidemment que la chose sera peut-être difficile à mettre en œuvre dans l’immédiat, mas qu’un jour ou l’autre, cela se fera parce que c’est dans la logique des choses: il s’agit de trois religions qui sont appelées par l’histoire à vivre ensemble, parce que tout naît là, dans cette partie du monde ».
Enfin, pour ce qui concerne le phénomène de l’émigration des chrétiens du Moyen Orient – de Terre Sainte et du Liban surtout -, le cardinal Tauran affirme: « On ne peut nier qu’il y a une hémorragie de présence chrétienne dans cette partie du monde, également parce qu’il y a des situations qui durent depuis de nombreuses années et que l’on ne peut prétendre que tous soient des héros. Là, vraiment, on voit une diminution de la présence chrétienne due à des circonstances politiques. Ce que nous voulons éviter c’est qu’en Terre Sainte, les Lieux saints deviennent des musées. Pour nous, ce sont des réalités vivantes: il y a les sanctuaires et autour, une communauté chrétienne qui a ses écoles, ses hôpitaux, son artisanat. Et nous voulons que le Liban aussi reste le laboratoire qu’il est pour le dialogue islamo-chrétien, et à l’intérieur duquel les chrétiens sont des partenaires égaux, qui font de ce Liban un pont entre l’Occident et l’Orient ».