CITE DU VATICAN, mardi 24 février 2004 (ZENIT.org) – Le pape Jean-Paul II a demandé ce mardi au Mexique de surmonter une conception erronée de la laïcité qui empêche encore l’Eglise mexicaine de jouer son rôle spirituel dans des domaines comme celui de l’éducation, de la santé ou de la communication.
Le pape a analysé les progrès et les défis des relations entre l’Eglise et l’Etat au Mexique, dans son discours au nouvel ambassadeur du Mexique près le Saint-Siège, Javier Moctezuma Barragán, qui lui présentait ses lettres de créance. Le nouvel ambassadeur était sous-secrétaire pour les migrations, la population et les affaires religieuses, les quatre dernières années.
Le Mexique, deuxième pays au monde ayant le plus grand nombre de catholiques (90,3% de la population est baptisée selon l’Annuaire Statistique de l’Eglise), n’a établi des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, en offrant une reconnaissance juridique à l’Eglise du pays, qu’en septembre 1992.
Jusqu’à cette date, les prêtres étaient privés d’une bonne partie de leurs droits civils, comme par exemple le droit de vote. La Constitution et les lois en vigueur étaient celles qui avaient été votées à la fin des années 1910, début 1920, et qui avaient déclenché la persécution religieuse dans le pays, l’une des persécutions les plus sanglantes du XXe siècle.
Ces douze dernières années, affirme le pape dans son discours, ont été marquées par « des changements rapides et profonds dans les domaines politique, social et économique du pays ».
Le 1er décembre 2000, Vicente Fox devenait le premier président du Mexique non membre du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) depuis 70 ans.
« A présent, a poursuivi le pape, dans le cadre juridique actuel, grâce au nouveau climat de respect et de collaboration entre l’Eglise et l’Etat, des progrès qui ont bénéficié à toutes les parties, ont été réalisés. Il est toutefois nécessaire de continuer à travailler pour faire que les principes d’autonomie dans les compétences respectives, d’estime réciproque et de coopération visant à la promotion intégrale de l’être humain, inspirent de plus en plus l’avenir des relations entre les autorités de l’Etat d’un côté et les pasteurs de l’Eglise catholique au Mexique et le Saint-Siège, de l’autre ».
Le pape a demandé notamment que l’Eglise du Mexique « puisse jouir d’une liberté totale dans tous les secteurs où elle accomplit sa mission pastorale et sociale ».
« L’Eglise ne demande pas de privilèges et ne veut pas entrer dans des domaines qui ne lui appartiennent pas. Elle désire seulement accomplir sa mission en faveur du bien spirituel et humain du peuple mexicain, sans entraves et sans empêchements », a-t-il expliqué.
« Pour cela il est nécessaire que les institutions de l’Etat garantissent le droit à la liberté religieuse des personnes et des groupes, évitant toute forme d’intolérance ou de discrimination », a souligné le pape.
Jean-Paul II a en particulier demandé que l’Eglise puisse jouer son rôle dans des domaines comme « l’éducation religieuse dans différents milieux, l’assistance spirituelle dans les centres de santé, de réinsertion sociale et les centres d’assistance du secteur public ». Le pape souhaiterait également que l’Eglise puisse avoir « une présence dans les moyens de communication sociale ».
Dans différents secteurs, la présence de l’Eglise en tant qu’institution est actuellement interdite.
« Il ne faut pas céder aux prétentions de ceux qui, en se retranchant derrière une conception erronée du principe de séparation entre l’Eglise et l’Etat et du caractère laïc de l’Etat, tentent de réduire la religion à la sphère purement privée de l’individu », a déclaré le pape.
L’Eglise a le droit, a-t-il expliqué « d’enseigner sa doctrine et d’émettre des jugements moraux sur des questions affectant l’ordre social, lorsque les droits fondamentaux de la personne ou le bien spirituel des fidèles l’exigent ».