CITE DU VATICAN, Vendredi 20 février 2004 (ZENIT.org) – « Les prochaines élections cantonales, régionales et européennes comportent des enjeux très concrets pour notre vie en France et en Europe », écrivent les évêques de France qui appellent les catholiques à voter lors des élections de 2004. Ils affirment : « Elles engagent notre citoyenneté et nous appellent à remplir notre devoir électoral, en refusant l’indifférence et l’abstention ».
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France a publié, jeudi 19 février, cette déclaration adressée aux communautés chrétiennes à l’occasion des élections de 2004.
UN ENJEU DE SOLIDARITE ET DE JUSTICE
Les prochaines élections cantonales, régionales et européennes comportent des enjeux très concrets pour notre vie en France et en Europe. Elles confient aux élus de grandes responsabilités.
Ce ne sont pas des élections « mineures »
Ces élections ont une grande importance pour la vie quotidienne de tous. Elles engagent notre citoyenneté et nous appellent à remplir notre devoir électoral, en refusant l’indifférence et l’abstention.
Les dispositions de la nouvelle loi sur la décentralisation donnent des compétences plus larges à la Région et au Département. Il en résulte des changements dans la répartition des responsabilités de l’État, des régions et des départements pour financer l’aménagement du territoire, la couverture sociale et les conditions de vie commune.
Nous attirons l’attention des candidats et des moyens d’information sur la nécessité de prendre en compte ces données dans les débats publics.
Une véritable politique locale, régionale et européenne ne saurait ignorer la désespérance de beaucoup de nos contemporains face à l’emploi des jeunes et aux conséquences humaines des restructurations industrielles incessantes. Toutes les formations politiques sont affrontées à cette réalité sociale. Il s’agit d’organiser la solidarité.
De nouvelles responsabilités locales
La Région. Les actions de la Région engagent l’avenir par la définition de stratégies de développement, par le soutien à la recherche, par la formation professionnelle et les programmes de santé, par la gestion des lycées et de la formation.
Le risque pourrait être de voir alignées sur les seules ressources économiques de chaque région les possibilités de l’action culturelle et du développement de certains territoires.
Le Département. Par la gestion des routes, des collèges, des monuments historiques, et surtout par l’action sociale – jeunes en difficulté, personnes âgées, logements sociaux –, le Département doit assurer une part essentielle de la solidarité nationale et faire face à des situations d’appauvrissement et de déséquilibre qui mettent en péril le lien social.
Il s’agit là de l’exercice fondamental des responsabilités de la vie commune. Car il met en jeu des relations élémentaires entre les citoyens dans l’actuel contexte des difficultés économiques et sociales que nous connaissons. L’avenir immédiat de notre société est en cause.
De nouvelles solidarités internationales
A l’heure où les relations entre les diverses composantes de l’Union européenne deviennent difficiles dans l’établissement de la future Constitution, nous sommes à la veille de décisions lourdes pour l’avenir. Les élections européennes conditionnent la vie des générations futures.
L’agriculture, les services et l’industrie sont confrontés désormais à des concurrences européennes et mondiales aux effets contrastés. Tous le savent : notre pays avance vers une mondialisation déjà sensible par les délocalisations et l’arrivée de nouvelles populations de migrants.
Entre un protectionnisme jaloux de ses avantages et un libéralisme aveugle, ne faudrait-il pas favoriser une harmonisation des différents niveaux de pouvoir ? Ne faudrait-il pas également promouvoir les subsidiarités indispensables à une vie équilibrée dans la justice et la solidarité ?
Nous sommes préoccupés par une tentation d’alignement culturel voire d’un alignement sans âme. Les perspectives éthiques et spirituelles risquent d’être neutralisées au nom des urgences du marché et du progrès économique. Or l’aventure de la construction européenne a besoin aujourd’hui d’un projet porté par des valeurs fortes et généreuses.
Conscients des conséquences éthiques
et spirituelles des choix politiques
Il nous faut être conscients des conséquences de nos choix politiques. L’Evangile du Christ a inspiré l’Eglise dans son éthique sociale ; l’exhortation apostolique du Pape Jean-Paul II, L’Eglise en Europe, vient d’en redire l’actualité et l’urgence. Elle suggère des vigilances et des engagements forts pour témoigner du sens de la Création et de la solidarité humaine dans les choix économiques.
La responsabilité politique consiste dans la promotion et la mise en œuvre d’engagements pour l’avenir de nos pays européens dans le monde. Le « développement durable » est un enjeu d’humanisation du devenir de notre société, tant sur le plan local qu’en ce qui concerne la solidarité à l’intérieur de l’Europe et de celle-ci dans l’ensemble du monde.
Notre appel à la solidarité et à la justice invite les chrétiens à vivre la citoyenneté dans ses diverses dimensions : locale, régionale, nationale et européenne. Ce doit être un point de référence dans nos choix et dans nos échanges préélectoraux.
Paris, le 19 février 2004
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Le Président : Mgr Jean-Pierre RICARD, Archevêque de Bordeaux
Le Vice-Président : Mgr Georges PONTIER, Evêque de La Rochelle
Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, Archevêque de Paris
Mgr Bernard-Nicolas AUBERTIN, Evêque de Chartres
Mgr Gérard DEFOIS, Evêque de Lille
Mgr Louis DUFAUX, Evêque de Grenoble
Mgr Bernard HOUSSET, Evêque de Montauban
Mgr François-Xavier LOIZEAU, Evêque de Digne
Mgr Yves PATENÔTRE, Evêque de Saint-Claude
Mgr Michel POLLIEN, Evêque auxiliaire de Paris
Mgr Albert ROUET, Archevêque de Poitiers
Mgr Georges SOUBRIER, Evêque de Nantes