CITE DU VATICAN, Vendredi 13 février 2004 (ZENIT.org) – Selon un quotidien de Hongkong, la campagne anti-corruption menée par les autorités chinoises a poussé au suicide 1 252 membres du Parti communiste, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org), dans son édition du 16 février (n° 391).
Notons que cette édition est publiée avec un dossier spécial (Dossiers et documents N° 2/2004) sur l’éducation nationale au Vietnam et ses « impasses ».
Dans son édition datée du 29 janvier dernier, le Wen Wei Po, quotidien de Hongkong réputé proche de Pékin, rapporte que la campagne anti-corruption menée par les autorités chinoises en 2003 a été à l’origine du suicide de plus de 1 200 membres du Parti communiste, 1 252 très exactement, durant les six premiers mois de l’année 2003. Le journal ajoute qu’en outre, 8 371 membres du Parti ont fui leur pays durant cette même période et 6 528 autres sont portés manquant. En l’absence de statistiques portant sur les années précédentes, il n’est pas possible de dire si ces chiffres s’inscrivent ou non à la hausse ; ils peuvent seulement être mis en lien avec la campagne anti-corruption lancée par les plus hauts dirigeants chinois. Ces dernières années, la direction du Parti communiste chinois a dit à plusieurs reprises que le Parti allait à sa perte s’il ne parvenait pas à endiguer la corruption, un fléau à l’origine de la chute de plusieurs dynasties dans l’histoire de la Chine impériale. Le président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, qui a pris la direction du Parti communiste en novembre 2002 et celle de l’Etat en mars 2003, a annoncé à plusieurs reprises son intention de lutter contre la corruption. Le 13 janvier dernier, la Commission centrale pour le contrôle et la discipline du Parti a approuvé de nouvelles règles visant à restaurer l’ordre et l’honnêteté dans le Parti.
Bien que silencieux sur les causes des suicides (1), le Wen Wei Po est plus disert sur la fuite de cadres ou de simples membres du Parti à l’étranger. Ainsi, sur les 8 371 membres du Parti qui sont partis à l’étranger, 1 240 ont fui la province méridionale du Guangdong, à l’économie florissante. Du Henan, la province la plus peuplée du pays, sont partis 854 autres membres du Parti. En troisième position, on trouve la province du Fujian, avec 586 exilés volontaires. A l’autre extrémité, ce serait le Tibet, une des régions les plus pauvres du pays, qui présenterait le taux le plus faible de suicides et de « fuyards ». Selon les statistiques officielles, le Parti communiste chinois compte 65 millions de membres.
D’après des sources internes au Parti communiste, les élites corrompues des cercles dirigeants chinois ont organisé la sortie de Chine d’environ 40 milliards de yuans (6,6 milliards d’euros) ces dernières années. Hu Jintao aurait ordonné que la justice chinoise fasse tout son possible pour obtenir l’extradition des officiels corrompus et des « princes » exilés, ainsi que l’on appelle les enfants des cadres dirigeants du Parti qui utilisent la position élevée de leurs parents pour faire des affaires. En décembre 2003, la Chine populaire a signé une convention de l’ONU contre la corruption, visant à accroître la coopération internationale pour la récupération des capitaux frauduleusement sortis des frontières nationales et à faciliter la présentation à la justice d’éventuels suspects. Selon Mao Shoulong, professeur à l’Ecole d’administration publique de l’Université du peuple, à Pékin, il est cependant peu probable que des officiels corrompus partis à l’étranger soient extradés vers la Chine. « L’impact de la coopération internationale est très limité, explique-t-il. La méthode la plus efficace pour empêcher les responsables corrompus de fuir à l’étranger est de leur retirer leur poste de responsabilité. » L’exemple de Sun Xiaohong, ancien directeur du Haut Tribunal populaire du Yunnan, manifeste la difficulté de la tâche : expulsé du Parti pour avoir détourné à son profit dix millions de yuans, il a été nommé quelques mois plus tard vice-directeur de l’Administration du Commerce de la province du Yunnan.
(1) L’écrasante majorité des cas de suicide de membres du Parti n’est pas rapportée par la presse chinoise du continent. A quelques exceptions près, telle celle du Zhu Shengwen, ancien vice-maire de la ville de Harbin, qui, condamné à dix-sept ans de prison pour corruption, s’est tué en décembre 2003 en se jetant d’une fenêtre située dans les toilettes du bâtiment où il était incarcéré. Selon des médias de langue chinoise publiés à Hongkong et aux Etats-Unis, Zhu Shengwen aurait été défénestré.
© EDA