Suisse: Message de Mgr Brunner pour le "Dimanche des Malades"

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« Votre souffrance vous conduira à la « porte du ciel » »

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CITE DU VATICAN, Jeudi 5 février 2004 (ZENIT.org) – A l’occasion du « Dimanche des Malades », organisé le 7 février prochain par la Conférence des évêques suisses (CES, www.kath.ch/sbk-ces-cvs), les évêques suisses publient le message de leur confrère, Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion.

Avec la force de la foi votre souffrance vous conduira à la « porte du ciel » *

C’est le soir. Le jeune homme et une femme plus âgée qui pourrait être sa mère, arrivent au village d’Ephèse sur le littoral de la Mère Méditerranée. Ils cherchent une maison, y entrent et rangent leurs bagages. Fatigués par leur long voyage, ils mangent un petit quelque chose et vont tout de suite se coucher. Tôt le lendemain, ils font connaissance avec le voisin. Le jeune homme se présente: « Je m’appelle Jean, et voici la mère de mon meilleur ami Jésus. Il a été exécuté et m’a confié sa mère juste avant sa mort. Nous vivrons ici dorénavant; et je veux bien m’occuper de Marie qui est aussi ma mère maintenant. Peut-être pourrez-vous aussi m’aider. »

Chers frères et sœurs âgés, malades, handicapés, il se pourrait que ce récit soit véridique, relatant ce qui s’est passé après la mort et l’ensevelissement de Jésus, après sa résurrection le troisième jour puis son ascension au ciel. Jean avait accompli avec empressement le dernier vœu de son Seigneur. Retourné au Père, Jésus ne voulait pas quitter ce monde sans confier sa mère qu’il laissait seule, à la garde de son disciple bien-aimé. Celui-ci savait que, sous la croix, s’était réalisée la parole du vieillard Siméon à Marie: « Toi-même, un glaive te transpercera l’âme. » (Lc 2, 35b) Pour lui, ce n’était pas une charge, mais un grand privilège d’accompagner la Mère de Dieu sur le dernier bout de son chemin de foi.

Marie n’avait sûrement pas choisi elle-même la souffrance, la douleur, le deuil. Mais elle avait dit oui lorsque l’ange lui avait apporté le message dans sa demeure de Nazareth. Elle pouvait dire ce oui parce qu’elle était l’Immaculée Conception. Là se trouve la clé de voûte de l’histoire. C’est pourquoi le Saint Père écrit dans sa lettre aux malades: « Si Jésus est la source de la vie qui triomphe de la mort, Marie est la Mère attentive qui va au-devant des attentes de ses enfants, leur obtenant la santé de l’âme et du corps. » (Message 2004)

L’histoire de Marie et de Jean se répète aujourd’hui. Mais aujourd’hui, c’est nous, c’est vous chers frères et sœurs, les personnages principaux de cette histoire. Vous songez à la mort de votre mari avec qui vous avez partagé une longue vie de joie et de souffrance, et vous vous sentez très seule chez vous. Ou votre épouse est tombée malade et ne peut plus s’occuper de vous comme elle l’a fait si longtemps. Ou vous êtes parvenus à un grand âge et les infirmités vous empêchent de pouvoir vous suffire à vous-mêmes : vous devez abandonner votre demeure familière pour habiter dans un home. Ou, après un accident, vous revenez avec un lourd handicap là où peu de temps auparavant vous étiez pleinement et joyeusement actif.

Sous une forme ou sous une autre, votre cœur a aussi été transpercé par le « glaive » de la souffrance, du deuil, du malheur, du renoncement. Vous n’avez pas choisi la solitude, l’âge, l’infirmité, la maladie. Vous vous révoltez parfois parce que vous n’arrivez pas à comprendre. Vous vous résignez parce que vous ne voyez aucune amélioration ou même la maladie progresse petit à petit. Vous êtes ainsi découragés au point de désirer la mort : quel sens a encore une telle vie?

Je comprends très bien ces réactions. Sur le plan humain, je ne sais pas non plus où vous pouvez trouver la force de dire oui comme Marie. En effet, humainement nous sommes devant un grand mystère et les mots nous manquent tout simplement. Mais peut-être pouvons-nous trouver les mots justes dans ces moments de silence chez l’apôtre Paul: « En ce moment, je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l’Eglise. » (Col 1, 24)

Je suis persuadé que, dans la profonde solitude, dans la maladie incurable, dans le poids de l’âge, dans une lourde infirmité sans issue, seule la foi en Jésus Christ peut encore être une aide. Ainsi, comme le pape l’écrit, « la souffrance acceptée avec foi, devient la porte d’entrés dans le mystère de la souffrance rédemptrice du Seigneur. Une souffrance qui n’enlève plus ni la paix ni le bonheur, car elle est éclairée par la lumière éclatante de la résurrection. » (Journée des malades 2004)

Vous pouvez trouver cette foi et cette confiance dans la prière, spécialement dans la prière du rosaire en méditant les diverses étapes de la vie de Jésus et de Marie. Vous y reconnaîtrez aussi les étapes de votre propre vie. Vous découvrirez à combien de personnes vous avez été confiés, comme Marie a été confiée à Jean et celui-ci à la Mère de Dieu par le Christ en croix.

Ce sont ces personnes qui vous accompagnent, vous soignent, vous visitent et s’occupent de vous. Elles sont là pour vous: vos parents à la maison, les médecins, les infirmiers et infirmières dans les hôpitaux, le personnel dans les homes. Elles accomplissent une grand travail. Il n’est donc pas étonnant qu’elles soient souvent fatiguées elles-mêmes et aient aussi besoin de soutien.
Avec vous, en cette journée des malades, je voudrais m’adresser à elles pour les remercier chaleureusement de leurs secours, de leur engagement désintéressé et de leur disponibilité. Avec vous qui êtes isolés, pauvres, malades, infirmes, je voudrais aussi remercier tous ceux et celles qui se consacrent à la recherche, à la mise au point de nouveaux médicaments pour soulager la douleur et amélioration les soins. Puissent-ils accomplir cette tâche au service de tous les malades et dans la sauvegarde de la dignité humaine.

Et vous, chers frères et sœurs âgés, malades, infirmes et isolés, je vous invite à montrer cette reconnaissance à toutes les personnes qui sont à votre service, par une bonne parole, un sourire et aussi par votre prière pour elles. Vous-mêmes et le personnel soignant serez gratifiés d’espérance, de courage, de force et de confiance.

Et maintenant je voudrais vous conduire en esprit dans la maison d’Ephèse où Jean et Marie réalisent le vœu de Jésus en croix : Mère, voici ton fils – Jean, voici ta mère.

Sion, le 7 février 2004

+ Norbert Brunner
Evêque de Sion

* Voir aussi le message du Saint Père pour la journée des malades 2004. Ce message peut être obtenu à la Chancellerie épiscopale à Sion.

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ZENIT Staff

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