CITE DU VATICAN, Mercredi 4 février 2004 (ZENIT.org) – « Dans le Seigneur repose la confiance du juste »: c’est le titre donné par L’Osservatore Romano hebdomadaire en langue française du 3 février, à cette traduction de l’allocution de Jean-Paul II au cours de l’Audience générale du 28 janvier dernier.
Lecture: Ps 10, 1.3-5-7
1. Nous poursuivons notre réflexion sur les textes des Psaumes, qui constituent l’élément substantiel de la Liturgie des Vêpres. Le Psaume que nous venons de faire retentir dans nos cœurs est le Psaume 10, une brève prière de confiance qui, dans l’original hébreu, est rythmée par le saint nom divin, ‘Adonaj, le Seigneur. Ce nom retentit en ouverture (cf. v. 1), se trouve trois fois au milieu du Psaume (cf. vv. 4-5) et revient à la fin (cf. v. 7).
La tonalité spirituelle du chant tout entier est bien exprimée dans le verset de conclusion: « Yahvé est juste, il aime la justice ». C’est le fondement de toute confiance et la source de toute espérance, au jour de l’obscurité et de l’épreuve. Dieu n’est pas indifférent à l’égard du bien et du mal, c’est un Dieu bon et non un destin obscur, indéchiffrable et mystérieux.
2. Le Psaume se déroule substantiellement en deux scènes. Dans la première (cf. vv. 1-3), l’impie est décrit lors de son triomphe apparent. Il est représenté par des images à caractère guerrier et liées à la chasse: c’est le pervers, qui bande son arc de guerre ou de chasse pour frapper violemment sa victime, c’est-à-dire le fidèle (cf. v. 2). Ce dernier est cependant tenté par l’idée de s’évader et de se libérer d’une étreinte aussi implacable. Il voudrait fuir « à sa montagne, comme un passereau » (cf. v. 1), loin de l’attaque du mal, de l’assaut des méchants, des flèches des calomnies lancées traîtreusement par les pécheurs.
On constate une sorte de découragement chez le fidèle, qui se sent seul et impuissant face à l’irruption du mal. Les fondements de l’ordre social juste lui semblent ébranlés et les bases mêmes de la cœxistence humaine minées (cf. v. 3).
3. Voilà alors le changement, décrit dans la deuxième scène (cf. vv. 4-7). Le Seigneur, assis sur le trône céleste, embrasse de son regard pénétrant tout l’horizon humain. De cette position transcendante, signe de l’omniscience et de la toute-puissance divine, Dieu peut scruter et juger chaque personne, en distinguant le bien du mal et en condamnant avec vigueur l’injustice (cf. vv. 4-5).
L’image de l’œil divin, dont la pupille est fixée sur nos actions, leur portant attention, est très suggestive et réconfortante. Le Seigneur n’est pas un Souverain lointain, enfermé dans son monde doré, mais une Présence vigilante rangée du côté du bien et de la justice. Il voit et prend des mesures, en intervenant à travers sa parole et son action.
Le juste prévoit que, comme cela s’était produit à Sodome (cf. Gn 19, 24), le Seigneur « fera pleuvoir sur les impies charbons de feu et soufre » (Ps 10, 6), symboles du jugement de Dieu qui purifie l’histoire, condamnant le mal. L’impie, frappé par cette pluie ardente, qui préfigure son sort final, se rend finalement compte que « oui, il est un Dieu qui juge sur terre! » (Ps 57, 12).
4. Le Psaume ne se conclut cependant pas sur cette scène tragique de punition et de condamnation. Le dernier verset ouvre l’horizon à la lumière et à la paix destinées au juste qui conTemplera son Seigneur, juge juste, mais surtout libérateur miséricordieux: « Les cœurs droits contempleront sa face » (Ps 10, 7). Il s’agit d’une expérience de communion joyeuse et de confiance sereine dans le Dieu qui libère du mal.
Au cours de l’histoire, d’innombrables justes ont vécu une expérience semblable. De nombreux récits décrivent la confiance des martyrs chrétiens face aux tourments et leur fermeté face à l’épreuve qu’ils ne cherchaient pas à éviter.
Dans les Actes d’Euplos, diacre de Catane, mort vers 304 sous Dioclétien, le martyr prononce spontanément cette séquence de prière: « Merci, ô Christ: protège-moi car je souffre pour toi… J’adore le Père, le Fils et l’Esprit Saint. J’adore la Sainte Trinité… Merci, ô Christ… Viens à mon aide, ô Christ! Pour toi je souffre, Christ… Grande est ta gloire, ô Seigneur, dans les serviteurs que tu as daigné appeler à toi! … Je te rends grâce, Seigneur Jésus Christ, car ta force m’a réconforté; tu n’a pas permis que mon âme périsse avec les impies et tu m’as accordé la grâce de ton nom. A présent, je confirme ce que tu as fait en moi, afin que l’impudence de l’Adversaire soit confondue » (A. Hamman, Prières des premiers chrétiens, Milan 1955, pp. 72-73).
Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale du 28 janvier 2004, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s’est adressé en français:
De France: Pèlerinage des Provinces de Bourgogne et du Centre; groupe Saint-Félix, de Nantes.
De Belgique: Lycée « Jean Monnet », de Bruxelles.
De divers pays: Sœurs bénédictines de la Divine Providence.