Les lépreux aujourd’hui: 7 réponses de l’Association Raoul Follereau

CITE DU VATICAN, Vendredi 23 janvier 2004 (ZENIT.org) – Combien de lépreux reste-t-il dans le monde ? Qu’est-ce que la lèpre ? Peut-on guérir un lépreux ? Un vaccin est-il attendu ? Qui devient lépreux aujourd’hui ? Que faire sur le terrain pour les lépreux ? Qui aide les lépreux ? Sept questions, auxquelles répond la Fondation Raoul Follereau.

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Combien de lépreux reste-t-il dans le monde ?
Chaque minute, quelqu’un apprend qu’il est lépreux, toutes les dix minutes, c’est un enfant qui est devenu lépreux. C’est à dire que 750 000 nouveaux cas dans le monde sont dépistés chaque année depuis 20 ans, malgré des efforts intenses. La lèpre résiste ainsi parce que l’incubation est contagieuse avant de pouvoir être décelée. Le lépreux est encore trop souvent stigmatisé et rejeté. Raoul Follereau a su voir en lui le symbole de tous les exclus.

Qu’est-ce que la lèpre ?
C’est une maladie causée par un bacille proche de celui de la tuberculose. Ce bacille affecte les nerfs, dont il provoque la dégénérescence. En conséquence, la peau commence à se couvrir de taches insensibles et subit des blessures graves à l’insu du patient. Les muscles des mains se crispent et se paralysent, comme ceux des paupières qui conduisent à la cécité. D’autres déformations atteignent le visage.

Le bacille de la lèpre a été découvert par Hansen en 1873 en Norvège, qui comptait alors 2, 5 % de lépreux. Il faudra plus d’un siècle pour mettre au point un traitement antibiotique. La recherche fondamentale a décrypté le génome et elle a trouvé un gène de prédisposition sur le chromosome 6. Raoul Follereau soutient les efforts des chercheurs tournés vers un dépistage le plus sur et le plus précoce possible, avec un traitement simple et rapide.

Peut-on guérir un lépreux ?
Quand la lèpre est reconnue, il faut commencer le traitement qui tient en une série de comprimés de trois antibiotiques à prendre selon l’ordre précis de la PCT, la polychimiothérapie. La peau devra être réhydratée par des bains quotidiens. Si l’on est arrivé trop tard, la chirurgie sera nécessaire pour guérir les lésions, arrêter la gangrène, soigner la cataracte et toutes les conséquences de la dégénérescence nerveuse.

Guéri, un lépreux souffre souvent d’infirmités et reste mis au ban d’une société qui le rejette. Un travail culturel et un appui économique doit réussir à le réinsérer, comme tout malade après sa guérison. L’une des spécificités de l’association Raoul Follereau est de veiller à rendre à l’ancien malade toute sa dignité et toute son autonomie.

Dans « Santé Magazine » (juin 2003), le Professeur Stewart Cole, de l’Institut Pasteur, affirme: « Si on arrive à mieux dépister les malades et à les mettre sous traitement, on aura un impact très fort sur la dissémination de la maladie. C’est ainsi qu’on pourra aboutir à l’élimination de la lèpre. Mais les industriels s’investissent peu dans cette lutte, parce que c’est une maladie de pays pauvres. Sans les ONG, la lèpre serait une maladie orpheline, or son étude nous en apprend beaucoup sur d’autres bacilles ».

Un vaccin est-il attendu ?
Toute production d’un vaccin commence par la culture de l’agent infectieux. Or, le bacille de Hansen se reproduit trop lentement et ne survit pas aux milieux de culture. Le vaccin est donc regardé par les spécialistes comme une fausse piste.
Le développement, avec une hygiène et une alimentation normales, fait reculer la lèpre, comme il l’a fait disparaître d’Europe autrefois. Les troubles de la guerre l’avaient fait revenir en Italie en 1950, comme au Liban aujourd’hui, avec 30 nouveaux cas par an.

Qui devient lépreux aujourd’hui ?
Comme autrefois, les lépreux sont le plus souvent d’abord pauvres et mal nourris. Le bacille s’installe dans des organismes affaiblis. L’aggravation de la pauvreté dans les pays d’endémie est une cause de contagion, surtout quand le dépistage est interrompu par l’insécurité. La multiplication des crises sociales retarde la découverte des malades et facilite l’extension de la lèpre.

Les pays les plus touchés sont l’Inde, le Brésil et Madagascar. Des populations plus isolées sont aussi plus sensibles au bacille de Hansen. Les difficultés de la Côte d’Ivoire font craindre un rebond de la maladie, qui résiste aussi en Guinée, au Congo-Brazza et au Burkina Faso.

Que faire sur le terrain pour les lépreux ?
Trouver les malades demande un effort soutenu par l’éducation sanitaire. La honte empêche encore trop souvent ceux qui craignent d’avoir la lèpre de se présenter. En même temps, la contagion peut progresser sans aucun signe. Il faut donc venir et revenir partout où la lèpre est possible pour dépister en toute discrétion. C’est une mission de persévérance, de savoir-faire et d’éducation. Il ne suffit pas du travail médical contre le bacille de Hansen pour sauver les lépreux de la maladie.

Raoul Follereau évalue sur le terrain la compétence des partenaires et les soutiendra jusqu’au bout de leurs efforts. D’un pays à l’autre, la situation des lépreux guéris est très différente. Ici et là, ils restent entièrement rejetés. Ailleurs, des petits métiers suffisent à ceux qui restent handicapés pour se réinsérer.

Qui aide les lépreux ?
L’Association Raoul Follereau finance les programmes des Etats qui succèdent aujourd’hui aux actions des médecins militaires d’autrefois. Des œuvres privées, souvent religieuses, s’intègrent à ces programmes, selon une longue tradition de dévouement. En 1950, les lépreux étaient encore souvent séquestrés sans soins. Seuls les religieux leur portaient secours. Protestants ou catholiques, ils sont restés fidèles aux lépreux.

Il faut plusieurs années de formation pour être utile sur le terrain. Les compétences techniques demandent des connaissances sérieuses et la pratique de la langue et de la culture sont nécessaires. Au service des lépreux, se sont construits de grands modèles d’hommes et de femmes.

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ZENIT Staff

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