CITE DU VATICAN, Mercredi 26 février 2003 (ZENIT.org) – L’activité pacificatrice du Saint-Siège se poursuit avec la réunion demain, jeudi 27 février, du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège: le Vatican doit y exposer sa position dans la crise iraquienne.

Rappelons que le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 174 Etats, ainsi que des relations avec la Communauté européenne et l’Ordre Souverain de Malte. Le Vatican a en outre une mission auprès de la Fédération de Russie, avec un ambassadeur, et un bureau auprès de l’Organisation de Libération de la Palestine, avec un directeur. Soit en tout 178 représentations.

C’est Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les Relations avec les Etats qui sera chargé de cette information du Corps diplomatique. La réunion revêt un caractère extraordinaire et se déroulera à huis clos.

Selon le quotidien italien L’Avvenire, cette réunion a été demandée par le doyen du Corps diplomatique près le Saint-Siège, M. Giovanni Galassi, représentant la République de Saint-Marin.

Les diplomates représentant les Etats-Unis et l’Iraq mais aussi les autres protagonistes comme les représentants des pays ayant actuellement un ambassadeur au Conseil de sécurité de l’ONU seront présents.

Cette réunion a lieu avant la réunion du Conseil de sécurité qui doit examiner la résolution élaborée par les Etats Unis, la Grande Bretagne et l’Espagne, et déclarant que le régime de Saddam Hussein a manqué la dernière possibilité de désarmer pour éviter une guerre.

Actuellement, l’Allemagne, la France et la Russie sont contraires à cette résolution et veulent la poursuite du travail des inspecteurs de l’ONU, dans le cadre de l’application de la résolution 1441 adoptée par le Conseil de sécurité à l’unanimité en novembre 2002.

Le pape Jean-Paul II a lui-même adressé un message au Corps diplomatique le 13 janvier dernier, lors de la cérémonie traditionnelle d’échanges de vœux (cf. ZF030113).

Le pape disait en particulier: “Je suis personnellement impressionné par le sentiment de peur qui habite souvent le cœur de nos contemporains. Le terrorisme sournois qui peut frapper à tout instant et partout; le problème non résolu du Moyen-Orient, avec la Terre Sainte et l’Irak; les soubresauts qui perturbent l’Amérique du Sud, particulièrement l’Argentine, la Colombie et le Venezuela; les conflits qui empêchent de nombreux pays africains de se consacrer à leur développement; les maladies qui propagent la contagion et la mort; le grave problème de la faim, tout spécialement en Afrique; les conduites irresponsables qui contribuent à l’appauvrissement des ressources de la planète: ce sont autant de fléaux qui menacent la survie de l’humanité, la sérénité des personnes et la sécurité des sociétés”.

Le pape affirmait immédiatement: “Mais tout peut changer. Cela dépend de chacun de nous. Chacun peut développer en lui son potentiel de foi, de probité, de respect d’autrui, de dévouement au service des autres”. Il affirmait qu’il “est possible de changer le cours des événements”, et il donnait pour exemples la construction de l’Europe, et la résolution de certains conflits en Afrique.

Et de préciser la responsabilité de la classe politique: “Cela dépend aussi, bien évidemment, des responsables politiques, appelés à servir le bien commun. Vous ne serez pas surpris que devant un parterre de diplomates j’énonce à ce sujet quelques impératifs qu’il me semble nécessaire de satisfaire si l’on veut éviter que des peuples entiers, peut-être même l’humanité, ne sombrent dans l’abîme”.

Ces impératifs sont pour le pape le “Oui à la vie”, le “respect du droit” et le “devoir de solidarité”. Il formulait les corollaires, soit trois refus: celui de la mort, de l’égoïsme et de la guerre.

A propos de la guerre, le pape affirmait avec force: “ Elle n’est jamais une fatalité. Elle est toujours une défaite de l’humanité. Le droit international, le dialogue loyal, la solidarité entre États, l’exercice si noble de la diplomatie, sont les moyens dignes de l’homme et des nations pour résoudre leurs différends. Je dis cela en pensant à ceux qui mettent encore leur confiance dans l’arme nucléaire et aux trop nombreux conflits qui tiennent encore en otage des frères en humanité. À Noël, Bethléem nous a rappelé la crise non résolue du Moyen-Orient où deux peuples, l’israélien et le palestinien, sont appelés à vivre côte à côte, également libres et souverains, respectueux l’un de l’autre. Sans avoir à répéter ce que je vous disais l’an passé en pareille circonstance, je me contenterai d’ajouter aujourd’hui, devant l’aggravation constante de la crise moyen-orientale, que sa solution ne pourra jamais être imposée en recourant au terrorisme ou aux conflits armés, pensant que des victoires militaires peuvent être la solution. Et que dire des menaces d’une guerre qui pourrait s’abattre sur les populations d’Irak, terre des prophètes, populations déjà exténuées par plus de douze années d’embargo ? La guerre n’est jamais un moyen comme un autre que l’on peut choisir d’utiliser pour régler des différends entre nations. Comme le rappellent la Charte de l’Organisation des Nations unies et le Droit international, on ne peut s’y résoudre, même s’il s’agit d’assurer le bien commun, qu’à la dernière extrémité et selon des conditions très strictes, sans négliger les conséquences pour les populations civiles durant et après les opérations”.